Et s’il était là, le réseau social du « monde d’après » ? Depuis une dizaine d’années, dans une course effrénée aux audiences, les entreprises, les marques et les médias ne jurent que par Facebook, Twitter, ou maintenant Instagram. Un modèle économique pour certains, un enjeu de notoriété voire une question de survie pour d’autres, les plateformes sociales se sont imposées comme incontournables pour exister numériquement. Elles se comptent pourtant sur les doigts d’une main et agissent comme des monopoles qui concentrent les données personnelles, les usages, le temps d’attention, piégeant du même coup leurs utilisateurs. Et Mediapart n’y échappe pas, évidemment.
Alors comment sortir de ça ?
Mastodon, vous dites…
En avril 2017 — les initiés s’en rappellent — on entendait parler de « Mastodon », un nouveau réseau social libre et décentralisé. Comprendre : qui n’est pas la propriété d’une entité unique, centralisatrice (dont le siège serait, par exemple, à Menlo Park ou San Francisco) et qui décide seule ce qui est bon ou non pour ses (milliards d’) utilisateurs.
Dans un effet de mode qui dura quelques semaines, de nombreux utilisateurs créaient leurs comptes et partageaient des milliers de messages dans cet espace social d’un nouveau genre. Le réseau connu une jolie croissance (rapidement plus d’un million d’utilisateurs) et, chose nouvelle, se propagea au delà du premier cercle des « libristes ». Quelques médias tentaient aussi l’aventure, comme « Le Monde », « Les jours », « Le Monde diplomatique »… et bien sûr Mediapart.
Pour faciliter la comparaison, on parle d’un « Twitter décentralisé ». L’interface est en effet assez familière, mais il y a une nuance d’importance : il n’y a pas un seul Mastodon mais plutôt autant de Mastodon que « d’instances », chacune hébergeant une version ayant ses propres règles et sa communauté. On compterait aujourd’hui environ 3 400 instances. Un autre détail subtil : ne dites plus « tweet », mais « pouet ».
Le principe est simple : Mastodon n’appartient à personne, la publicité et les algorithmes n’y existent pas, son code source est libre, à la disposition de tous. En gros : vous n’êtes pas le produit, vous pouvez librement naviguer dans les fils sans craindre qu’ils ne soient réorganisés par un service central qui analyserait vos comportements pour chercher à vous faire cliquer ou vous imposer de la pub (et dont le patron serait Mark Zuckerberg, toujours par exemple).
Bref, rien que des conversations que vous avez choisies, dans des espaces que vous avez choisis. Ce à quoi tout « réseau social » devrait ressembler, en somme.
Qu’est-ce que Mediapart va faire sur Mastodon ?
L’engouement des premiers jours passé, Mastodon a rapidement été déserté par ceux qui avaient créé un compte « pour voir ». Mais aujourd’hui, les fils connaissent toujours une activité assez animée. On compte en 2021 plus de quatre millions d’utilisateurs à travers le monde. Même si les sujets varient d’une instance à l’autre, on y parle beaucoup des libertés publiques, de démocratie, d’environnement, des discriminations, du travail, des nouvelles technologies…
Autant de sujets d’actualité traités par Mediapart. Il nous a semblé important d’être présent auprès des internautes sensibles à notre couverture éditoriale.

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C'est aussi une façon de leur donner les moyens d'accéder rapidement à nos articles, billets, vidéos pour nourrir le débat là où il se trouve. Et bien sûr, c'est pour nous l’affirmation de notre soutien aux espaces numériques alternatifs, indépendants de toute forme de pouvoir, sans publicité, sans algorithme. Autant de valeurs qui nous parlent.
À l’heure des restrictions sur les libertés, des projets techno-sécuritaires, de surveillance de masse, ou même de Pegasus, ces espaces constituent une échappée.
À partir de la rentrée, nous serons tous les jours sur Mastodon. L'équipe en charge des réseaux sociaux de Mediapart l'intègre dès aujourd’hui dans son travail au quotidien. Comme les autres réseaux, le compte Mastodon de Mediapart — qui compte actuellement 4 300 abonnés — sera animé à la fois automatiquement et manuellement. Chaque jour, nous publierons les pouets sur des articles à la Une, des billets de blog du Club, les vidéos de notre émission À l’air libre… Nous aimerions aussi animer notre fil de façon à créer du débat et, avec les mastonautes, construire une présence durable.
On vous en dit plus directement sur Mastodon, dans ce thread. Il ne nous reste plus qu’à vous dire à bientôt… sur Mastodon !
Pour aller plus loin…
Pour vous inscrire et choisir votre instance : https://joinmastodon.org
Pour en savoir plus sur Mastodon, cette page wikipedia vous dit l’essentiel.
Les instances Mastodon sont fédérées au sein du « Fediverse » (contraction de "Fédération" et "Universe"), selon le même principe que PeerTube ou Diaspora. Pour comprendre ce monde très éloigné de Facebook ou Twitter, ce site vous explique tout pas à pas (en français), et ce site en propose une visualisation imagée (en anglais).
On trouve quelques médias français actifs sur Mastodon, notamment :
Des applications pour iPhone et Android existent : Amaroq, Tootle, Mast… Mastodon vient tout juste de sortir, le 30 juillet 2021, une application « officielle » pour iOS.