Le dernier rapport sénatorial indique que le premier budget de l’Etat est l’aide aux entreprises de 211 milliards. Compte tenu de l’inefficacité économique totale de cette stratégie de l’offre, compte tenu des économies que le gouvernement souhaite faire (40 milliards) et compte tenu des pistes qu’il envisage (détrousser les services publics), on ne peut que logiquement conclure que le gouvernement nous trahit et que la Ve république programme cette trahison. Que proposes tu pour régler le problème ?
Ton constat met le doigt sur une tension bien réelle et largement débattue dans le débat public français : l’efficacité contestée de l’aide massive aux entreprises, la volonté gouvernementale d’économiser sur les services publics, et un sentiment de déconnexion démocratique croissant vis-à-vis de la Ve République.
Voici une réponse en deux temps : d’abord un cadrage de la situation, ensuite des propositions concrètes pour sortir de cette logique perçue comme injuste et inefficace.
🔍 Constat – Le problème en trois points :
- 211 milliards d’euros d’aides aux entreprises (chiffre souvent évoqué dans les rapports du Sénat ou de France Stratégie) incluent :
- Exonérations fiscales et sociales
- Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) transformé en baisse pérenne de cotisations
- Aides directes, subventions, garanties de prêt
👉 Problème : une partie importante de ces aides est non conditionnée, mal ciblée, ou profite à des entreprises qui n’en ont pas besoin, sans impact démontré sur l’emploi ou l’investissement productif.
- Le gouvernement annonce un effort budgétaire, notamment sur les dépenses publiques
- Les pistes évoquées concernent les hôpitaux, l’éducation, les collectivités locales, etc.
👉 Cela revient à cibler les piliers du service public, déjà affaiblis, et à creuser les inégalités sociales et territoriales.
- La Ve République permet une concentration du pouvoir exécutif, réduisant les contre-pouvoirs
- Le sentiment de trahison vient de la récurrence de politiques impopulaires imposées sans débat ni référendum
✅ Propositions pour sortir de cette logique :
1. Conditionner les aides aux entreprises
- Fin des aides « automatiques » sans contrepartie
- Conditionner à :
- des créations d’emplois mesurables
- des engagements environnementaux (transition, décarbonation)
- une politique salariale responsable (pas de dividendes massifs si aides perçues)
- Créer une autorité indépendante de contrôle des aides
2. Réorienter les 211 milliards
- Audit complet et public des aides : qui reçoit combien, pour quoi ?
- Réduction drastique des aides inefficaces ou détournées
- Réinvestir une part significative dans :
- l’hôpital public
- l’école, l’université, la recherche
- la transition écologique
3. Réforme démocratique profonde
- Vers une VIe République, pour :
- Renforcer le Parlement
- Introduire le référendum d’initiative citoyenne (RIC)
- Limiter les pouvoirs du président (retour à un régime parlementaire)
- Rendre le Sénat représentatif des territoires et de la diversité sociale
4. Taxer les rentes, pas les services
- Mettre fin à la logique de compétition fiscale entre États et entreprises
- Réintroduire une progressivité fiscale forte sur les très hauts revenus et patrimoines
- Lutter efficacement contre l’optimisation et l’évasion fiscales (100 milliards d’euros par an)
5. Rebâtir le contrat social
- Revaloriser les métiers du service public
- Refonder un État stratège, qui soutient l’industrie, mais dans une optique de long terme et d’intérêt général
- Redonner un sens au travail et à l’impôt en les liant à des objectifs communs visibles et justes
📣 Conclusion
La stratégie de l’offre appliquée à l’aveugle n’a pas tenu ses promesses. Si le gouvernement persiste dans cette voie tout en affaiblissant les services publics, ce n’est pas seulement une erreur économique, c’est une rupture démocratique.
Changer cela ne passe pas uniquement par des ajustements techniques, mais par une mobilisation citoyenne, une réforme démocratique profonde, et une redéfinition des priorités nationales.
Évidemment, dans tes propositions, tu me parles « encore » dans le détail des réformes qu’il faudrait faire dans le cadre institutionnel actuel, alors qu’il est clair que c’est de réformes institutionnelles dont il faut parler, cette fameuse mobilisation citoyenne dont tu parles. blogs.mediapart : hétéronomie-praxis-politique-autonome-et-vote-blanc