On attend toujours que la presse française nous explique ce qui lui a permis d'affirmer que Laurent Gbagbo était un dictateur.
Cette explication n'est pas sans intérêt car c'est sur la base de cette affirmation que l'état français justifie toutes ses actions en Côte d'Ivoire.
Tout repose sur une campagne médiatique française déclenchée dès 2000 avec l'affaire du charnier de Yopougon. Quelques jours après les élections, 80 cadavres de personnes tuées par balles sont découverts. Les partisans de Ouattara accusent Laurent gbagbo de les avoir fait assassiner. Rien ne fera taire la rumeur, pourtant plusieurs enquêtes ont été menées, dont une enquête indépendante réalisée par la FIDH et RSF qui a permis d'expliquer et de comprendre les circonstances qui ont amené à ce massacre et cette enquête écarte totalement toute responsabilité de Laurent Gbagbo et du nouveau pouvoir qui n'était même pas encore installé à Abidjan.
Dans les premiers jours qui ont suivi l'élection de Laurent Gbagbo en 2000 face au général putschiste Robert Guéi, d'autres personnes sont mortes, dont de nombreux militants du FPI (parti de Laurent gbagbo). La presse française n'en a jamais fait cas et aucune accusation n'a été portée contre Ouattara et ses partisans.
Rien dans les décisions prises par Laurent gbagbo pendant les 20 premiers mois où il a effectivement exerçé le pouvoir ne permet de parler d'une gouvernance autocratique. Mais la presse française ne faiblira pas, Gbagbo est un dictateur!
Laurent Gbagbo va pourtant faire inscrire la liberté de la presse dans la loi, ainsi que la liberté des activités politiques et le financement public des partis politiques. Le RDR, parti de Ouattara, en profitera comme les autres, bien qu'il ait boycotté les élections législatives de décembre 2000 et janvier 2001.
Médiapart ne s'est pas comporté différemment des autres grands médias comme Le Monde, Le Figaro, etc...
Pourquoi?
Aucune réponse ne vient.
Il est probable que dans 10 ou 15 ans, Médiapart nous expliquera la forfaiture qu'a constitué le comportement des gouvernements français vis à vis de la Côte d'Ivoire de 2000 à 2011.
Ce sera peut-être une bonne chose pour la conscience de quelques journalistes mais cela ne pourra rien changer pour ceux qui meurent actuellement pour l'indépendance de leur pays!!!
Dr Michel Lambret