Pour comprendre l'entêtement de Gbagbo, enfermé dans sa résidence de Cocody, il faut commencer par enlever les lunettes déformantes que l'on nous a mis sur le nez.
Gbagbo est en passe d'atteindre la première étape de son objectif qui est d'éveiller l'opinion française sur les vrais rapports qu'entretient le pouvoir (l'Elysée) avec les pays d'Afrique francophone.
Car il sait que la lutte qu'il mène ne se gagnera pas à Abidjan. Ce combat se déroulera dans les médias français et ensuite auprès des politiques. Gbagbo n'attend aucun soutien spontané du parti socialiste, car la droite et le PS se rejoignent totalement quand il s'agit de politique africaine. Les soutiens qu'il attend ne seront que contraints par l'opinion publique française.
Hors pour le public, il commence à être évident que Mr Ouattara est un homme sans grand pouvoir et qu'il bénéficie d'un soutien populaire très limité à Abidjan. Nulle manifestation de joie après l'arrivée de ses troupes dans Abidjan pas plus qu'après son unique discours. Sans l'appui massif de la force licorne et de l'ONUCI, ses rebelles auraient déjà été chassés d'Abidjan et lui-même serait réfugié à Paris. Mais là n'est pas l'important.
L'important est que l'opinion publique française comprenne que ce qui se passe à Abidjan n'est pas une guerre entre Gbagbo et Ouattara mais une guerre entre Sarkozy et Gbagbo.
Quand l'opinion aura compris cela, elle demandera des comptes et les politiques seront obligés de prendre parti.
Autoriser Sarkozy a continuer cette guerre d'un autre âge ou lui demander d'arrêter.
Michel Lambret