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Billet de blog 15 janvier 2011

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Côte d'Ivoire

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La France, pardon ! l’Elysée est impliqué dans une vaste opération associant le mensonge et la désinformation depuis plus de 8 ans en Côte d'Ivoire.

Les faits sont simples le 19 septembre 2002 éclate en Côte d'Ivoire une tentative de coup d'état contre le président Laurent Gbagbo, élu en 2000 face à un militaire, le général Guéï (auteur du putsch de 1999 qui a vu le renversement du président Bédié) Les rebelles ont été entrainés, armés et nourris dans les mois précédents dans deux pays voisins le Burkina Faso et le Mali. Ceux sont des faits qui ne sont plus discutés aujourd'hui.

Qui les a financés? Aucune réponse et pas le début d'une enquête à ce sujet!

Le 19 septembre 2002, le président Gbagbo qui était en visite officielle à Rome demande l'aide de la France, conformément aux accords de défense qui lient la France à la Côte d'Ivoire. L'Elysée refuse cette aide et propose l'asile à Laurent Gbagbo. A la surprise générale et alors que des combats ont lieu dans les rues d'Abidjan, L.Gbagbo refuse l'asile proposé par Paris, reprend son avion et rentre à Abidjan où il est accueilli par de nombreux habitants, des policiers et des militaires fidèles.

Le 22 septembre, les rebelles ont été refoulés de la capitale et ont commencé à reculer jusqu'à la moitié nord du pays. C'est à ce moment que l'Elysée décide d'intervenir (sans aucun mandat international) et gèle le front entre rebelles et loyalistes au motif d'éviter des massacres inutiles !!!!! Quelle sollicitude!

Depuis le gouvernement légal de Côte d'Ivoire sous la pression de la France (accords de Linas Marcoussis de 2003) et de la communauté internationale a fait concession sur concession aux rebelles. Depuis 2003 les rebelles occupent la moitié des postes ministériels et ces dernières années le premier ministre n'était autre que le chef militaire des rebelles, Guillaume Soro. Le désarmement des rebelles inscrit noir sur blanc dans ces accords de 2003 qui devait permettre la tenue d'élections dès 2005 n'a jamais connu le moindre début d'éxécution.

Toutes ces pressions de la France suivie par l'ONU pour enfin arriver en 2010 à ce superbe cadeau que la communauté internationale a fait au peuple ivoirien : des élections "libres et transparentes" dans un pays toujours coupé en deux et où les rebelles rebaptisés depuis "forces nouvelles" occupent la moitié nord du pays et n'ont jamais déposé les armes.

Les ivoiriens vivants dans la moitié nord du pays ont donc voté sous le contrôle et la menace de rebelles armés.

C'est la solution démocratique que la communauté internationale a imaginée pour ce pays africain et qu'elle continue de trouver satisfaisante.

Je n'irais pas jusqu'à accuser l'Elysée d'être à l'origine de cette tentative de coup d'état de septembre 2002 mais un grand nombre d'ivoiriens en sont persuadés, de la même façon qu'ils savent depuis le début que Ouattara est le père de cette rebellion et devait en être le bénéficiaire.

Peut-on leur reprocher?

Aujourd'hui, ces élections condamnées d'avance sont passées. Deux présidents s'affrontent. N.Sarkozy s'est bien entendu rangé dans le camp de son poulain et ami, Mr Ouattara, il est brillamment aidé en cela par la presse française qui soutient ses déclarations sans le moindre esprit critique.Contrairement à ce qui se raconte ici ou là, la commission électorale indépendante n'a jamais eu pour rôle de publier des résultats définitifs. Elle disposait d'un délai de trois jours pour publier des résultats provisoires, ensuite la CEI transmet ces résultats au conseil constitutionnel. qui examine les éventuels plaintes et recours des candidats. Si la CEI ne parvient pas à publier ces résultats provisoires dans ce délai de trois jours, elle doit transmettre la suite des opérations au conseil constitutionnel. Donc passé ce délai de trois jours, la commission électorale indépendante n'a plus ni rôle ni existence, sa mission étant achevée. C'est donc suivant la deuxième option que les choses se sont déroulées le 1 décembre 2010 à minuit. La CEI a transféré le dossier du deuxième tour des élections au conseil constitutionnel.C'est donc un homme sans pouvoir ni légitimité (Mr Bakayoko, président de la défunte CEI) que l'ambassadeur de France accompagné de l'ambassadeur des USA ont emmené au QG de campagne du candidat Ouattara (l'hotel du golf) pour proclamer sa victoire devant la presse étrangère en la présence du certificateur Mr Choi (patron de l'ONUCI)Depuis lors Mr Ouattara ne cesse d'appeler ses soutiens à user de la force contre L.Gbagbo, il ne peut compter sur un réel soutien populaire dans le sud de la CI ni à Abidjan comme l'ont montré ses appels à manifester ou à la désobéissance civile (grève) qui sont restés lettres mortes. La logique aurait voulu que Mr Sarkozy aille au bout de l'action entamée en 2002 par J.Chirac, c'est à dire imposer par la force Mr Ouattara à la présidence de la Côte d'Ivoire. Mais deux obstacles s'y sont opposés, l'ingérence un peu trop voyante de l'Elysée d'abord et surtout les 15000 français qui vivent en Côte d'Ivoire et qui refusent de répondre favorablement aux appels insistants de Paris à quitter le pays. Depuis la France fait pression sur la CEDEAO et l'UA pour faire le sale boulot à sa place. Mais les jours et les semaines passent et les pays de la CEDEAO font défection les uns après les autres. Le Cameroun, Le Cap Vert, le Bénin, la Gambie, la Guinée prennent leurs distances. Certains pays s'opposent même frontalement à toute action contre L.Gbagbo comme le Ghana et l'Angola. Les seuls à soutenir ouvertement le point de vue de Paris sont le Burkina Faso du Dictateur Blaise Campaoré (grand ami des présidents français) au pouvoir depuis l'assassinat de Thomas Sankara en 1987 et le Sénégal de Wade qui fait régresser la démocratie de son pays à grands pas. L'inconnue reste la position du Nigéria, empêtré dans de très graves problèmes religieux et ethniques intérieurs. Quant au Libéria voisin, je doute que ce pays qui sort d'une longue guerre civile intervienne contre L.Gbagbo, celui-ci ayant activement participé à la chute de Charles Taylor.Au vu de ces dernières évolutions imprévues par l'Elysée il ne restera bientôt plus que le Burkina Faso et le Sénégal pour former une force d'intervention pour "déloger" L.Gbagbo, tâche quasi impossible sans plonger Abidjan dans un bain de sang!!! Car L.Gbagbo bénéficie d'un réel soutien populaire dans la capitale et ces deux pays ont une importante communauté émigrée qui vit en Côte d'Ivoire.La majorité de ceux qui suivent le conflit ivoirien depuis ces débuts pensent que Ouattara ne peut plus compter aujourd'hui que sur une action des forces spéciales francaises (COS) pour "déloger" L.Gbagbo et il n'est pas du tout certain que cela permette ensuite à Ouattara de s'installer au pouvoir et encore moins d'exercer sereinement ce pouvoir.Dr Michel Lambret

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