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Billet de blog 10 avril 2022

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Présidentielle 2022 en France.  Mélenchon Macron le choc.

À quelques jours du scrutin majeur que constitue l'élection présidentielle française, il semble se dessiner à l'horizon, un électrochoc qui restera durablement, dans la mémoire des français, de l'Europe et du monde.

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Présidentielle 2022 en France. 

À quelques jours du scrutin majeur que constitue l'élection présidentielle française, il semble se dessiner à l'horizon, un électrochoc qui restera durablement, dans la mémoire des français, de l'Europe et du monde. 

En effet, la fracture électorale n'a jamais été aussi grande entre les élites et la population. On a pu l'observer durant deux années avec les manifestations des gilets jaunes, puis des syndicats, puis les mouvements sociaux et la crise sanitaire ; une méfiance s'est développée, à la suite de toutes ces crises vis-à-vis de la “chose politique”. 

Cette fracture se traduit par une polarisation de la vie politique française entre le pouvoir actuel, incarné par Emmanuel Macron président sortant et candidat, et ses deux principaux concurrents à la course à l'Elysée qui sont Marine Le Pen avec Rassemblement National, formation d'extrême droite, et Jean-Luc Mélenchon avec son mouvement La France Insoumise, qui caractérise une gauche, extrême elle aussi. 

Les sondages donnent depuis des mois Macron en tête du premier tour, avec une majorité qui oscille entre 22 et 30 %, talonné de très près par Marine Le Pen, dont les projections dans les sondages la créditent de 19 à 22 % et pour finir Jean-Luc Mélenchon qui semble provoquer la surprise à nouveau, avec, depuis le début de la campagne, des sondages en croissance permanente. Parti de 10 % aujourd'hui il dépasserait les 17%. 

Les autres candidats au nombre de 9 constituent l'essentiel de la classe politique vieillissante : le Parti socialiste porté par Anne Hidalgo, Europe Écologie Les Verts de Yannick Jadot, Les Républicains incarnés par Valérie Pécresse ou encore le mouvement d'extrême droite Reconquête de Éric Zemmour ou Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan. 

La plupart de ces candidats sont crédités que de 1% à 7%. Ils feront certainement de la figuration dans cette élection du premier tour le 10 avril.  

Les perspectives, au soir du premier tour, risquent de se limiter à deux choix possibles ; soit un second tour Emmanuel Macron / Marine Le Pen ou encore Emmanuel Macron / Jean-Luc Mélenchon. 

En effet, en dépit de la surprise du nouveau candidat d'extrême droite en la personne Éric Zemmour, une sorte de lièvre destiné à fragiliser la droite et l'extrême droite appuyé par l'homme d'affaires Vincent Bolloré, la seule conséquence sérieuse qu'il a eu sur la campagne et qui était pour le moins inattendu a été de rendre beaucoup plus sympathique la fille du fondateur du Front national (renommé depuis le Rassemblement national) Marine Le Pen.  

L’Image d'une femme bafouée et trahie par la plupart de ses cadres politiques, qui ont rejoint le turbulant Éric Zemmour, a donné le sentiment qu'elle était finalement la victime expiatoire d'un système politique verrouillé. La posture victimaire, le sentiment qu'elle a évolué, qu'elle se modérere a permis a beaucoup de Français de s'imaginer qu'elle serait peut-être la femme providentielle. 

Éric Zemmour avec l'annonce de sa candidature était parti très fort mais a fini comme on pouvait s'y attendre par s'effondrer dans les sondages. Il est devenu une sorte de lièvre qui fera sans doute pencher la balance au second tour. 

Concernant Jean-Luc Mélenchon, ce qui singularise cet homme politique qui se présente pour la quatrième fois à la magistrature suprême, c'est qu'il a littéralement su changer son image d'homme arrogant et prétentieux et violent au profit de quelqu'un qui sait reconnaître ses torts, mais surtout qui bénéficie des successions de crises polémiques politiques et sanitaires lui permettant de développer un discours social que les Français sont prêts à entendre aujourd'hui. 

Les Français sont prêts à l'entendre oui, mais en revanche il n'en va pas de même des hommes d'affaires du milieu de la finance et d'une certaine France conservatrice qui voit d'un très mauvais œil les propositions de taxation des riches faites par son mouvement. La dernière sortie de Monsieur Mélenchon a été de proposer, pour protéger le pouvoir d'achat des Français a décidé de saisir les réserves de blé détenues en France par les spéculateurs mais surtout d'établir le contrôle des prix sur les produits de première nécessité afin de se préserver contre les spéculations à venir avec la crise ukrainienne et la suite de la crise du covid. Les derniers sondages commencent à donner la France Insoumise comme probablement présente au second tour. 

La présence directe de Monsieur Mélenchon face à Marine Le Pen mettrait en confrontation l'extrême gauche contre l'extrême-droite. Deux visions de la société diamétralement opposées mais surtout deux partis qui risquent de provoquer un électrochoc s'ils arrivaient à la tête de l'État avec comme enjeux la remise en question de beaucoup d'accords européens, ainsi que les idées de retour de souveraineté nationale que les deux formations politiques revendiquent. 

Et bien entendu, il y a le président candidat sortant Emmanuel Macron dont l'assise électorale semble toujours aussi solide en dépit des difficultés considérables qu'il a rencontrées au cours de son quinquennat. Pour certains, il est le candidat des riches et du système porté par les banques et le monde des affaires, pour d'autres, il est vu comme un président jeune et dynamique qui a hérité d'un système délétère, alors qu'il a tenté des réformes courageuses. 

Quoi qu'il en soit, cette élection dont l'enjeu principal est le taux de participation laissera des traces durables dans la société française. 

Soit la continuité du quinquennat du président Macron, avec tout son lot de réforme impopulaire, soit la présence pour la première fois depuis 1944, d'une candidate d'extrême-droite avec une France qui a penché de plus en plus dans cette direction si l'on tient compte des trois candidats d'extrême droite dont le cumul représente aujourd'hui 47% des intentions de vote selon les sondages. Dans ce cas, ce serait une sorte de plongée dans l'abîme de l'inconnu. 

Ou encore l'arrivée pour la première fois du candidat extrême gauche, Jean-Luc Mélenchon 70 ans pourrait appliquer un programme radical sur le plan social mais sans doute très mal perçu par le milieu des affaires, qui ne supporterait, un retour la mainmise du politique, sur le monde économique. 

Cela rappellera en cela la réaction de défiance de l'Europe et des États-Unis face à l'arrivée de François Mitterrand au pouvoir en 1981. 

Dernière possibilité qu'il ne faut pas écarter, c'est la possibilité d'une confrontation directe entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, sachant que le vote de la population issue de l'immigration africaine et maghrébine, plus largement musulmane, fera pencher forcément la balance du côté de la gauche. Et aujourd'hui, la mobilisation contre l'abstention est devenue un enjeu électoral pour tous les candidats qui se présentent à ce scrutin du dimanche 10 avril. 

Indépendamment des sondages qui donnaient 13 % à Mélenchon en 2017, il a fini à 19 %, ce qui témoigne que les indécis, souvent, prennent la décision de voter en faveur du challenger, ce qui peut profiter à sa candidature. 

Et quoi qu'il en soit cette élection ne ressemblera à aucune autre, quelle qu'en soit l'issue. 

Espérons que le résultat ne sera pas fatal pour une France en grande crise à venir ou que l’on revive un bis repetita de 2017.  

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