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Billet de blog 28 mai 2025

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J'exige que le Rassemblement national change de nom.

La dédiabolisation du FN passe-t-elle par le diable ?

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J'exige que le Rassemblement national change de nom.

Illustration 1
Marine Le Pen © AI

La dédiabolisation du FN passe-t-elle par le diable ?

Fondement historique :


Il n’est pas inintéressant de rappeler que le Front national, agrégat de courants et de mouvements politiques tous ancrés fermement à l’extrême droite, a été fondé par Jean-Marie Le Pen en 1972, soit dix ans, après la fin de la guerre d’Algérie — dernière défaite militaire française qui consacre la décolonisation de l’Afrique.

De l’OAS aux poujadistes, des anciens "Pétainistes" aux radicaux suprémacistes blancs d’inspiration national-socialiste, collaborationniste ou Waffen SS, le Front national a vu le retour d’une extrême droite forte, largement favorisée par le conflit de la guerre de libération de l’Algérie.

En effet, après 1945, il a fallu attendre neuf ans pour qu’une résurgence de cette idéologie raciste, réapparaisse.

Problématique actuelle :


La problématique principale aujourd’hui — et depuis quinze ans — est de prendre ses distances avec le leader fondateur, Jean-Marie Le Pen, et ses propos racistes, antisémites et outranciers, dont il avait le secret.

Dédiabolisation et stratégie politique :


Marine Le Pen, nommée cheffe du Front national à la suite de son père, a tenté une politique de « dédiabolisation » avec pour objectif d’accéder, par les voies électorales classiques, à la magistrature suprême. Pour cela, elle a dû commettre un parricide, rompre avec l’idéologie officielle du parti et, bien évidemment, changer le nom de cette formation politique, vieille de plus de 50 ans.

Bien que cette démarche ait démarré par un recrutement douteux — comme Alain Soral, antisémite notoire — ou par des rapprochements avec des groupes radicaux violents (organisations identitaires, groupuscules d’extrême droite), elle a ensuite rapidement pris ses distances avec ces bases pour séduire l’électorat communiste traditionnel, ouvrier et paysan.

Le choix de changer le nom du parti pour sortir de cette image « frontiste » — terme évoquant l’affrontement ou une formation paramilitaire — devait tout naturellement s’imposer.

L’extrême droite française cherche aujourd’hui à faire passer des vessies pour des lanternes, en prétendant qu’elle n’est plus d’extrême droite, pour que ses idées paraissent « normales » : une tentative claire de banalisation idéologique.

Maladresse ou provocation ?


Le changement de nom du Front national en Rassemblement national, sur le papier une idée consensuelle, m’a immédiatement interpellé.

Simplement parce que j’ai longuement travaillé sur les mouvements d’extrême droite, plus particulièrement pendant la Seconde Guerre mondiale, et que j’ai été frappé par le fait que cela me rappelait une formation politique française d’aspiration nazie, active pendant la collaboration : le RNP — Rassemblement National Populaire.

Ce parti, dont l’idéologie, les codes couleurs, les objectifs et l’inspiration ne laissent aucun doute, a servi de matrice. Ce premier « Rassemblement National » cherchait lui aussi à s’appuyer sur une base populaire et n’avait pas hésité à imiter, trait pour trait, son père spirituel : le NSDAP, autrement dit le parti nazi.

C’est là que toute la stratégie de dédiabolisation s’effondre.


Cette formation politique d’extrême droite, que l’on pourrait qualifier de « nazis français », arborait fièrement la flamme tricolore, devenue ensuite l’emblème du Front national. Plus encore : les couleurs rouge, blanc et — non pas noir — mais bleu marine. Ce même bleu marine repris dans la campagne de Marine Le Pen, avec des logos rappelant le swastika ou ceux des jeunesses hitlériennes. Le Front national avait ses FNJ (Front National de la Jeunesse), devenu RNJ (Rassemblement National de la Jeunesse), tout comme son prédécesseur.

En matière de communication, on aurait pu espérer que leurs conseillers en marketing trouvent une source d’inspiration moins douteuse, moins connotée. Mais les mauvaises habitudes ont la vie dure dans ce parti.

Ignorance ou cynisme ?


Deux options : soit ceux qui cherchent à « normaliser » ce parti, ont si peu de culture politique qu’ils ont commis une faute majeure, soit, dans un esprit machiavélique, ils ont sciemment choisi le nom d’une formation ouvertement nazie, misant sur l’oubli collectif… ou sur le silence. Peut-on seulement imaginer qu’en Allemagne, aujourd’hui, le chef de l’AfD décide de rebaptiser son parti DAP, à une lettre près du NSDAP, pour une opération de « rafraîchissement » marketing ?

Il me semble que le scandale dépasserait les frontières du pays de Goethe.

Conclusion :


La seule question que je pose, comme une injonction, est : quand Marine Le Pen aura-t-elle la décence de changer ce nom inacceptable ?

Il est intolérable qu’un parti politique, prétendant ne plus être d’extrême droite, recycle — à une lettre près — un parti des années 40 raciste, antisémite, nazi, collaborationniste et violent, comme si de rien n’était.

L’obsession nationaliste du Front National — ou du Rassemblement National — ne s’est jamais vraiment écartée des aspirations traditionnelles de l’extrême droite française.

De la flamme tricolore à la tentative de capter les masses populaires ouvrières, la stratégie reste la même : en France comme en Allemagne, ces partis ultralibéraux de droite et d’extrême droite tentent de séduire l’électorat ouvrier avec un discours social auquel ils n’adhèrent absolument pas, dans le seul but d’accéder au pouvoir.

Il est urgent et nécessaire que le Front national, devenu Rassemblement national, change immédiatement de nom pour, si je peux m’exprimer ainsi, « montrer patte blanche ».

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