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Billet de blog 29 mai 2025

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Deux membres de l’ambassade israélienne ont été assassinés.

Le 21 mai 2025, aux États-Unis, à Washington, deux membres de l’ambassade israélienne ont été assassinés au musée juif par un homme nommé Elias Rodriguez.

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Le 21 mai 2025, aux États-Unis, à Washington, deux membres de l’ambassade israélienne ont été assassinés au musée juif par un homme nommé Elias Rodriguez.

Les victimes, un homme et une femme — Sarah Lynn Milgrim et Yaron Lischinsky — ont été présentées par l’auteur comme des "victimes collatérales" du génocide en cours en Palestine, et plus particulièrement dans la bande de Gaza.

Ce double meurtre, bien que condamnable sans équivoque, fait écho à un événement survenu 87 ans plus tôt. Le 7 novembre 1938, à Paris, Herschel Grynszpan, un jeune Juif polonais de 17 ans, assassinait Ernst vom Rath, conseiller de l’ambassade d’Allemagne, dans le but d’attirer l’attention du monde — et de la France en particulier — sur la persécution des Juifs en Allemagne nazie.

87 années séparent ces deux faits. Mais un fil commun semble les relier : la volonté de dénoncer ce que les auteurs considèrent comme l’amorce, ou la répétition, d’un génocide.

Au cri de « Free Palestine », Elias Rodriguez aurait revendiqué son geste comme un acte de désespoir, un cri d’alarme lancé au nom du peuple palestinien.

Rodriguez est un homme de 31 ans, d’origine sud-américaine, installé à Chicago. Issu d’une famille de classe moyenne, sans lien ethnique ou religieux avec la Palestine, il serait catholique de gauche, politisé sur des questions liées à l’esclavage, à l’impérialisme et à l’occupation. Son père aurait combattu en Irak. Tout dans son parcours le rattache à des causes de justice historique, mais rien ne le liait, personnellement, au Proche-Orient.

Dans les deux cas — celui de Grynszpan en 1938, et celui de Rodriguez en 2025 — il s’agit de meurtres à motivation politique claire, posés comme des alertes face à un massacre perçu comme imminent ou déjà en cours.

Les conséquences, elles aussi, se ressemblent : Grynszpan, arrêté, sera interné, remis aux nazis après l’Occupation, puis déporté. Elias Rodriguez, lui, vient d’être inculpé. Il encourt très probablement la prison à vie.

L’Histoire semble bégayer, avec ses résonances terribles. Et aujourd’hui, les propos récents de Benyamin Netanyahou — qualifiant les Palestiniens « d’animaux humains » — renvoient à un imaginaire déshumanisant qui rappelle les idéologies les plus sombres du XXe siècle. On y retrouve les traces d’un ethno-racialisme décomplexé, issu du courant sioniste révisionniste inspiré de Jabotinsky, où le nationalisme radical prend parfois des formes identitaires extrêmes.

La condamnation du génocide, qu’il ait lieu en Europe, en Afrique ou au Proche-Orient, ne doit jamais être à géométrie variable.

Lorsqu’un dirigeant prétend incarner un « peuple de la lumière » tout en ordonnant, en quelques mois, des bombardements d’une intensité et d’une fréquence inédite contre une population civile, il faut oser nommer les choses : Netanyahou incarne aujourd’hui une forme de fascisme racial moderne, nourri des excès idéologiques du siècle passé.

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