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Billet de blog 30 septembre 2025

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Contre le discours fascisant de Malik Ayad, alias Artisan Malik

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il y a un peu plus de six mois, j’ai essuyé une série d’attaques quotidiennes, sous forme de vidéos, de la part d’un influenceur du net se faisant appeler Artisan Malik, de son vrai nom : Malik Ayad, originaire du 94 à Créteil, dans la banlieue parisienne. 

Un homme d’une trentaine d’années, qui prétend défendre l’Algérie depuis 2017, oubliant qu’il fut pendant des années un ardent nationaliste français, soutien inconditionnel de l’extrême droite la plus crasse : Égalité et Réconciliation d’Alain Soral. 

Développant un discours radical et caricatural sur l’Algérie, il a inventé un nouveau concept, celui de “barranisme”, un mot d’origine algérienne destiné à désigner les étrangers. 

Eh oui, ce monsieur qui prétend parler au nom de l’Algérie et qui se vante de la défendre, attaque systématiquement les personnes d’origine étrangère qui soutiennent la nation algérienne. De Davy Rodriguez en passant par Christophe Frot, animateur à France Maghreb 2, il considère que tout ce qui est étranger, “barrani”, n’a pas le droit de parler de l’Algérie ni de la défendre aux côtés des Algériens. 

Prétendre cela à la place des autorités algériennes est déjà abusif ; mais c’est encore plus grave d’oublier les grands résistants français qui ont combattu pour l’Algérie, dont certains sont morts en martyrs – Maurice Audin, Fernand Iveton –, ou ont risqué leur vie comme Jacques Vergès (avec qui j’ai eu la chance de dîner à l’époque de notre association AmalAssociation pour la défense de la Mémoire Algérienne), Gisèle Halimi ou encore Henri Alleg, auteur de La Question. 

Ce prétendu défenseur de l’Algérie développe en réalité un discours d’extrême droite classique : rejet des étrangers, exactement comme son maître à penser Alain Soral, qui lui a enseigné les fondamentaux racistes et impérialistes français. 

Et que dire de Soral, qui n’a jamais caché son esprit colonialiste ni ses propos insultants envers la terre des martyrs ? Dans son Abécédaire de la bêtise ambiante (Éditions Blanche, 2002), il publie un brûlot de haine prenant la forme d’un alphabet, où la première lettre, “A”, est déjà une attaque anti-algérienne. 

ALGÉRIE


"Plus je vois la merde noire (corruption, inté- grisme, généraux...) dans laquelle l'Algérie s'enfonce un peu plus chaque jour, plus je découvre en images que les seules choses qui tiennent encore debout là-bas (infrastructures, urbanisme...) sont celles que la France colo- niale y a construites, plus je me dis que leur seul espoir, c'est qu'on y retourne."

Manifestement, notre petit Malik Ayad, artisan de la pensée raciste, a trouvé utile de rejoindre ce personnage abject, raciste et pathologiquement anti-algérien, à une époque où je le combattais déjà en 2011. 

Vous me demanderez : comment puis-je l’affirmer ? 

Je le sais parce qu’il existe encore des vidéos montrant son soutien à Soral. Mais aussi parce que ses propres amis, après ses vidéos d’insultes contre moi, m’ont prévenu qu’il était un “soralien”. Accusation que je lui ai souvent lancée, et sur laquelle il n’a fait que rire, sans jamais répondre sur le fond ni se justifier. 

On peut comprendre son malaise, au vu des dernières sorties de Soral, qui a insulté tout le peuple algérien en le traitant de “malades mentaux”. Étrangement, Malik, si prompt à attaquer tout le monde au sujet de l’Algérie, ne se prononce jamais contre son ancien gourou. Sans doute lui voue-t-il encore admiration et respect. 

En revanche, il n’hésite pas à attaquer les principales figures de l’immigration algérienne qui se battent et défendent au quotidien l’Algérie (depuis plus de quinze ans en ce qui me concerne dans les médias), contre ses ennemis à visage découvert et avec courage – une notion qu’il ne connaît pas. 

Accusation que je lui ai plusieurs fois lancée, et sur laquelle il n’a fait que rire, sans jamais répondre sur le fond ni se justifier. 

On peut comprendre son malaise au vu des dernières sorties de Soral, qui a insulté tout le peuple algérien en le traitant de “malades mentaux”. Bizarrement, dans ses vidéos, Malik est prompt à attaquer tout le monde sur l’Algérie, mais il ne se prononce jamais contre son ancien gourou. Il doit sans doute encore lui témoigner beaucoup d’admiration et de respect. 

En revanche, il n’hésite pas à s’en prendre aux principales figures de l’immigration algérienne qui se battent et défendent au quotidien l’Algérie – depuis quinze ans dans les médias, en ce qui me concerne – contre ses ennemis à visage découvert, avec beaucoup de courage, ce qu’il ne connaît pas. 

Je peux comprendre qu’en 2002, il n’ait pas pu lire l’Abécédaire, puisqu’il n’avait que douze ans, mais comment expliquer qu’il ait soutenu Soral jusqu’en 2019, alors que tout le monde avait déjà lâché cette vermine après avoir compris le fond de son discours raciste ? 

Son exercice préféré consiste à attaquer les Algériens avec des accusations ridicules, fantaisistes et inventées de toutes pièces, en usant d’une méthode vicieuse : sectionner des bouts de vidéos pour les commenter, dans le seul but de travestir les propos tenus. 

Moi qui ai milité toute ma vie, avant même qu’il ne pousse son premier cri, j’entends ce gamin d’une trentaine d’années m’insulter à longueur de vidéos, quinze jours durant, alors qu’il venait de faire le même exercice sur Mehdi Ghezar. Contre ce dernier, il a finalement reculé, lui accordant un droit de réponse qu’il m’a refusé. 

Il a osé prétendre que j’aurais insulté l’Algérie et ses généraux, et que j’aurais affirmé que l’armée avait tué 250 000 personnes. 

En vérité, dans l’extrait qu’il diffuse, mes propos sont très clairs : je dis que cette décennie noire a conduit à la mort de 250 000 personnes, sans accuser l’armée algérienne. Je me borne à rappeler des faits, sans jugement de ma part. Petite subtilité de langage que son cerveau n’a sans doute pas pu – ou pas voulu – comprendre. Je parle en tant que journaliste et analyste, et non comme partisan. 

Pour un militant d’extrême droite proche de Soral, ces nuances échappent sans doute. 

Il s’est autorisé à de nombreuses reprises à me traiter de traître, lui qui, je le répète, vient du nationalisme français et brandissait bien haut le drapeau bleu-blanc-rouge. De mon côté, j’ai toujours clamé avec fierté mon origine algérienne à la télévision et à la radio. 

Lui qui n’a jamais milité sur le terrain pour l’Algérie, la Palestine ou l’Afrique, contrairement à moi dont les positions et actions sont connues depuis plus de vingt ans, s’est même permis de m’insulter de “atay”, dans un vocabulaire racailleux, simplement parce qu’il n’a pas supporté de m’entendre dire que ses capacités intellectuelles étaient limitées – ce qui n’est pas difficile à constater à travers son mode d’expression. 

Pire encore, ce petit agent agitateur, manifestement payé pour salir ma réputation, après avoir insulté de vrais militants connus sur les scènes parisienne, lyonnaise et marseillaise, a osé l’ultime coup à la manière de Soral : me traiter de sioniste. 

Eh oui ! Cet inconnu de la scène militante pro-palestinienne, qui n’a jamais soutenu la Palestine ni financièrement, ni par la parole, ni par les actes, m’a contraint à révéler mon militantisme pour me défendre de cette accusation saugrenue. Beaucoup de militants pro-palestiniens n’ont évidemment pas apprécié cette méthode fasciste. 

On reconnaît bien là les réflexes d’extrême droite : parler des étrangers, jouer les ultra-nationalistes racistes, recycler les terminologies classiques du patriotisme à la Pétain. 

Sa méthode est simple : découper des vidéos, isoler des phrases d’accroche, en expurgeant toujours la partie où je nuance mes propos. Ainsi, il travestit mes analyses en slogans simplistes. 

Une des phrases qu’il a extraites de façon malhonnête est celle où je dis, de manière volontairement provocante, sourire aux lèvres, que l’Algérie est “d’une certaine manière, l’enfant naturel de la France”. 

Dans ce passage, je suis invité sur un média d’opposition algérien radical. Mon objectif est de faire réagir l’animateur, très critique envers l’Algérie, pour qu’il adopte une posture de défense du pays. Ce qu’il a fait. Dans la suite, je précise d’ailleurs que j’exagère volontairement pour parler, non pas de l’Algérie dans son ensemble, mais de son système juridique et administratif, hérité de la colonisation – une structure que je déplore. 

Évidemment, lorsqu’il ne diffuse que le début de la phrase, la réaction devient violente. Mais dans la vidéo complète, on comprend que même l’animateur n’est pas choqué, car il saisit le sens de ma démonstration. 

Voilà où réside la malhonnêteté de Malik Ayad : répéter sans cesse un extrait tronqué pour faire croire que j’insulte le pays des martyrs, celui où mon propre grand-père est tombé en martyr, tout comme mon père a connu les combats. 

Qui est cet individu, dont le grand-père aurait fait la guerre d’Algérie, dont le père n’a pas connu les combats, pour donner des leçons à quelqu’un qui a toujours combattu pour son pays, comme son père, son grand-père et ses ancêtres avant lui ? 

On peut s’interroger sur ses motivations réelles. 

Je pense que toute cette excitation est née le jour où il a reçu une certaine Linda Larbaoui, femme que j’ai eu le malheur de croiser sur le média panafricain Afrique Média. Ancienne fan de Rachad, elle prétend aujourd’hui les avoir quittés parce qu’elle les espionnait. 

La belle blague ! On se demande surtout pour qui elle espionnait Rachad, alors qu’elle était très proche des milieux berbéristes et jusqu’au-boutiste du Hirak jusqu’en 2023… 

Linda Larbaoui, James Bond Girl des bistrots parisiens de Barbès. 

C’est dans un entretien avec elle, sur sa chaîne YouTube microscopique, que Malik Ayad a donné le micro à cette ingrate. 

Ingrate parce que je lui avais donné l’occasion de passer sur la chaîne AL24, où elle n’a fait que trois passages, tant ses prestations oratoires étaient médiocres et teintées de complotisme. 

Malik lui a donc offert la parole et, dans une de ses habituelles saillies, elle s’est autorisée à m’insulter copieusement, frustrée de n’avoir pas pu passer sur Canal Algérie trois semaines auparavant, bien que je lui aie transmis les coordonnées nécessaires. 

Quand je vous dis qu’elle est ingrate ! 

Que cette femme aigrie soit ingrate à ce point, qu’elle oublie son passé douteux de militante extrémiste et son expertise dans le domaine de la bibine, à la limite je peux le comprendre. La frustration conduit souvent à des excès verbaux. En revanche, que Malik Ayad ait refusé, dès le lendemain, de m’accorder un droit de réponse, parce qu’il avait manifestement pris fait et cause pour ceux qui me calomniaient, m’a conduit à m’interroger sur ses intentions réelles. 

Pourquoi avait-il accordé un droit de réponse si facilement à mon collègue Mehdi, et refusait-il même de décrocher son téléphone avec moi ? 

Simplement parce que, dans le cadre de mes activités journalistiques, nous avions reçu à la radio l’autrice du livre Berbère de Sion, Hafsa Kara-Mustapha, pour un entretien d’une demi-heure, au cours duquel Christophe Frot, l’animateur principal, et moi-même lui posions des questions sur son ouvrage. 

Il va de soi que dans un entretien, le rôle du journaliste n’est pas de jouer l’inquisiteur, mais de comprendre ce que l’autrice veut exprimer et l’intérêt de sa démarche. 

Immédiatement, Linda Larbaoui, berbériste, et Malik Ayad, qui semble partager les mêmes penchants, ont trouvé matière à régler leurs comptes. 

Je savais que Larbaoui était anti-arabe et anti-nassérienne, farouchement opposée au panarabisme. Mais je ne connaissais pas encore Ayad, qui se présentait comme nationaliste algérien. 

À plus de 30 ans, il ignore toujours que l’Algérie est un pays panarabiste, par son histoire, ses combats et les causes qu’elle défend encore aujourd’hui. 

Lors d’un entretien avec Rafa, celui-ci a tenté de lui expliquer ce qu’étaient le nationalisme arabe et le panarabisme. Mais l’exercice s’est révélé ardu : difficile de faire comprendre à cet esprit obtus à quel point l’Algérie a toujours été panarabiste, depuis Ben Bella, Boumediène et tous les présidents jusqu’à M. Tebboune. 

Lui s’imaginait naïvement que le panarabisme consistait simplement à “ouvrir les frontières”. 

S’il n’avait pas dit cela sérieusement, j’en aurais éclaté de rire. 

L’Algérie, qui défend la Palestine bec et ongles comme une cause commune, qui est membre de la Ligue arabe, qui a soutenu la République arabe sahraouie et la République arabe syrienne, et qui fait partie du front du refus pour la cause palestinienne, serait devenue un pays sans idéologie, selon Malik Ayad. 

Il faudrait que quelqu’un lui rappelle que l’avion détourné en 1956, transportant les leaders du FLN, devait rejoindre l’Égypte panarabiste de Nasser – dont je porte le prénom. Cet avion a été détourné en direction du principal soutien de l’Algérie : l’Égypte, chantre du panarabisme. 

D’ailleurs, mon prénom, Nasser, me vaut une haine farouche de la part des berbéristes, à commencer par Linda Larbaoui. 

Leurs motivations semblaient donc claires : en plus de mon panarabisme affiché, on me reprochait simplement d’avoir fait mon travail de journaliste, en recevant comme je le fais régulièrement des écrivains qui présentent leurs livres, et en gardant l’objectivité nécessaire. 

Mais la nuance et la neutralité ne sont pas des valeurs comprises par des dogmatiques comme eux. 

Je passerai aussi sur les attaques qu’il a lancées contre Davy Rodriguez, marié à une Algérienne, converti à l’Islam et fervent défenseur de l’Algérie au quotidien. Un homme dont le travail est documenté et sérieux – ce que Malik Ayad est incapable de produire – et qu’il a pourtant attaqué en l’affublant du sobriquet de “barrani”. 

Il l’a voué aux gémonies pour une erreur de jeunesse : à 20 ans, Davy avait adhéré au Front national, lui, fils d’immigré communiste. Une erreur qu’il a reconnue. Mais Malik, lui, est allé beaucoup plus loin en soutenant un fasciste anti-algérien comme Soral. 

Qui est le plus à blâmer ? Alain Soral, à 50 ans toujours frontiste, ou Davy Rodriguez, qui reconnaît une erreur de jeunesse et défend aujourd’hui avec ferveur l’Algérie ? 

Soral, maître à penser de Malik, a vomi par écrit toute sa haine des musulmans et des Algériens, parents comme enfants. Davy, lui, n’a fait que des éloges de l’Algérie après avoir découvert la dignité d’un peuple qui s’est battu pour son indépendance. 

De qui se moque-t-on ? Comment Malik peut-il critiquer Davy alors qu’il était encore un fan de Soral en 2019 ? 

Je ne vais même pas épiloguer sur les liens ridicules qu’il a tenté d’inventer entre moi et des opposants à l’Algérie, comme Abdou Semmar ou certains hommes d’affaires aujourd’hui en prison. 

Je n’insisterai pas non plus sur sa volonté tout aussi grotesque de tordre mes propos lorsque j’ai exprimé mon admiration pour le talent de Dilem, caricaturiste, tout en affirmant que je combattais ses idées politiques, proches des thèses berbéristes – celles-là mêmes que partage Ayad, lui qui oublie que je suis arabe, originaire de Jijel. 

Je n’écris pas ce texte pour me justifier, mais pour apporter une lumière plus claire sur la démarche de cet agitateur d’extrême droite. Il tente de développer un discours fascisant à destination des Algériens. Ce qui n’a pas marché avec Soral en France, il espère le réussir avec l’Algérie. 

Je m’insurge contre sa tentative détestable de vouloir créer une distinction entre de prétendus “bons Algériens nationalistes patriotes” et les autres, en s’arrogeant le droit de distribuer des certificats de nationalisme. Tout cela avec un discours qui flirte dangereusement avec celui de l’extrême droite française : obsession des étrangers, identité nationale fermée, xénophobie. 

Je n’accepte pas qu’un gamin, qui n’a jamais milité de sa vie – si ce n’est avec l’extrême droite –, s’arroge le droit de décerner les diplômes de bonne conduite en nationalisme algérien, alors que, jusqu’en 2017, il était un ultra-nationaliste français. 

Ceux qui le connaissent bien pourraient en témoigner. 

Pendant que je me battais sur le terrain contre l’extrême droite, que j’affrontais son ami et gourou Soral à la Main d’Or en 2011, que j’assurais la sécurité des manifestations palestiniennes et leur communication, et que je défendais ardemment la cause panarabiste, palestinienne et anticoloniale, lui était tranquillement du côté des fascistes français. 

Ces fascistes tentaient déjà d’implanter en Algérie une idéologie crasse, distinguant les Algériens “nationalistes à la sauce Le Pen” de ceux qui soutiennent sincèrement leur pays. Tout le monde se souvient que l’Algérie a été parmi les plus farouches adversaires de l’apartheid sud-africain. Le stade Nelson Mandela en témoigne aujourd’hui. 

J’invite toutes les personnes qui écoutent Malik Ayad à se poser des questions sur son passé, mais aussi sur les raisons réelles de son revirement vis-à-vis de la France. 

J’invite aussi tous les Algériens à réfléchir aux raisons pour lesquelles l’Algérie s’est battue contre des lois iniques comme le Code de l’indigénat – aussi abject que le Code noir –, que Soral, son maître, défendait sans complexe. 

Qu’il n’ait pas lu L’Abécédaire de la bêtise ambiante, à la limite, on peut le comprendre. Mais qu’il ait maintenu son soutien à Soral jusqu’en 2019, et qu’il ne s’en prenne jamais ni au Front national ni aux organisations sionistes, cela devrait interpeller. 

Le Front de Libération Nationale était un mouvement nationaliste algérien. Ses fondateurs n’ont pas utilisé le terme de “front patriotique”, car ils avaient compris la dimension néfaste du patriotisme à la française. Ils ont choisi le nationalisme arabe d’émancipation. 

Lui, comme beaucoup d’Algériens influencés par l’extrême droite, confond patriotisme et nationalisme. Il ne comprend pas que le patriotisme, en Europe, a souvent conduit à l’exclusion raciste et au totalitarisme – “Travail, Famille, Patrie” en est une illustration. 

Il faut toujours se méfier des grandes gueules. 

Cela vaut aussi pour son discours anti-marocain, qu’il développe de façon quasi obsessionnelle. Qu’on critique l’État marocain est légitime, compte tenu de la trahison de la Palestine et du conflit sur le Sahara occidental. Mais lui va plus loin : il attaque le peuple marocain dans son ensemble. 

Or, la position de l’État algérien, jusqu’au président de la République, est claire : il n’y a aucun problème avec le peuple, mais uniquement avec les dirigeants politiques. Notre “patriote” de pacotille, fidèle à sa démarche extrémiste inspirée du Front national, préfère maintenir un discours de haine qui s’oppose au “Khawa Khawa”. Il confond sa haine pathologique avec une question politique dont les peuples sont souvent les premières victimes. 

Lorsque nous avons créé l’association Amal (Association pour la Mémoire Algérienne), pour les 50 ans du 17 octobre 1961, lui était encore du côté des nationalistes d’extrême droite. Lorsque nous organisions des manifestations pour le 8 mai 1945, le 17 octobre ou d’autres mobilisations pour l’Algérie, je n’ai jamais vu ce personnage. Lorsque je prenais la parole pour la première fois sur Canal Algérie en 2011, lui était un admirateur d’Égalité et Réconciliation. 

Lorsque feu Sami Boumédiène, fils du grand résistant Ali Boumédiène, co-écrivait avec moi un Appel pour la reconnaissance des méfaits de la colonisation, son nom ne figurait pas parmi les signataires. 

Eh oui : mon nationalisme ne s’est pas manifesté en 2017 sur le net, avec la chute de Soral. Il ne peut pas se comparer à notre travail de longue haleine, mené depuis plus de vingt ans pour défendre, combattre et transmettre l’histoire algérienne. 

Pendant que nous produisions des livres, des textes, des films, que nous manifestions et sortions de l’oubli l’histoire méconnue de la barbarie coloniale en France, lui brandissait son drapeau bleu-blanc-rouge. 

Et c’est ce genre de personnage qui se permet de mettre en cause mon nationalisme algérien ? Il y a vraiment de quoi rire. 

Je finirai bientôt par découvrir qui l’a payé pour m’attaquer de cette façon, et quelles sont ses motivations réelles. 

J’invite toutes celles et ceux qui écoutent le discours de Malik Ayad à s’interroger sur son passé, mais surtout à réfléchir aux raisons pour lesquelles il a changé de position vis-à-vis de la France. 

J’invite aussi tous les Algériens à se rappeler pourquoi leur pays s’est battu contre des lois iniques comme le Code de l’indigénat – aussi abject que le Code noir – que son maître Soral défendait. 

Qu’il n’ait pas pris la peine de lire L’Abécédaire de la bêtise ambiante, on peut le comprendre. Mais qu’il ait maintenu son soutien à Soral jusqu’en 2019, et qu’il ne s’en prenne jamais ni au Front national ni aux organisations sionistes, voilà qui devrait interroger. 

Le Front de Libération Nationale était un mouvement nationaliste algérien. Ses fondateurs n’ont pas utilisé le terme de “Front patriotique” car ils avaient compris la dimension néfaste du patriotisme français, historiquement lié à l’exclusion et au racisme. Ils ont choisi le nationalisme arabe d’émancipation. 

Malik, comme beaucoup d’Algériens influencés par la rhétorique de l’extrême droite, confond patriotisme et nationalisme. Il ignore que le patriotisme, en Europe, a souvent conduit à l’exclusion raciste, au totalitarisme, au fascisme – “Travail, Famille, Patrie” en est un exemple. 

Il faut toujours se méfier des grandes gueules. 

Ce constat vaut aussi pour son discours anti-marocain, qu’il confond avec une haine du peuple. Là où l’État algérien distingue clairement entre opposition politique aux dirigeants et fraternité avec les peuples, lui recycle la rhétorique xénophobe du Front national. 

En vérité, Malik Ayad tente de transposer en Algérie la méthode de Soral : importer un discours fascisant, xénophobe et diviseur. Ce qui n’a pas marché en France, il espère l’imposer aux Algériens. 

Or, l’Algérie s’est construite sur des valeurs de libération, d’émancipation et de solidarité avec les peuples. Les Algériens doivent rester vigilants face à ces tentatives de manipulation. 

Gamal Abina  

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Artisan Malik © Gamal Abina et Abou Abina

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