Macron se sert de "la guerre" comme d'une métaphore-filet.
Elle lui permet de se protéger provisoirement d'une mort politique certaine s'il devait présenter les choses comme elles sont réellement, sans recourir aux figures de style : une crise sanitaire majeure abordée avec une impréparation et une désinvolture scandaleuses de la part du pouvoir, le tout aggravé par des années d'austérité budgétaire.
Macron tente donc de répudier au moyen du langage métaphorique un réel trop cruel pour lui, et de lui substituer un spectacle dans lequel il peut incarner, de façon plus avantageuse à ses yeux, une sorte de maréchal d'opérette auquel personne ne croit.
Tout cela serait d'un grand comique sans les conséquences tragiques que l'on sait : les personnels hospitaliers n'ont jamais demandé à être repeints en héros de guerre tombés pour la France. Ce sont des professionnels de la santé qui sont aujourd'hui mis en danger de mort du fait de décisions politiques criminelles. Cette réalité-là, aucun procédé rhétorique ne doit parvenir à l'effacer.
Paul Ricoeur avait écrit La Métaphore vive : son "disciple" invente en ces temps de pandémie la métaphore vile.