Le projet de Brice Hortefeux d'être candidat à la Mairie de Vichy en 2014 constitue une belle occasion de lire ou de relire l'ouvrage d'Henry Rousso, Le Syndrome de Vichy de 1944 à nos jours.
Dans cet ouvrage, Henry Rousso livre une histoire des métamorphoses de la mémoire collective de Vichy dans la conscience nationale de la Libération, en 1944, à nos jours. Dans cette optique, il analyse "l'ensemble hétérogène de symptômes, de manifestations, en particulier dans la vie politique, sociale et culturelle, qui relèvent l'existence du traumatisme engendré par l'Occupation" et montre notamment qu'au travail de deuil de 1944 à 1954 a succédé le temps du refoulement, puis celui du retour du refoulé en 1971, avant la transformation de la névrose traumatique en phase obsessionnelle en 1974. Il démontre ainsi que depuis la fin du second conflit mondial, la France et les Français ne sont pas parvenus totalement à achever le travail de mémoire de cette période sombre de leur histoire. Vichy reste "un passé qui ne passe pas" (titre d'un autre ouvrage d'Henry Rousso écrit avec Eric Conan) et peut ressurgir inconsciemment dans l'actualité.
La candidature de Brice Hortefeux à la Mairie de Vichy, quelques jours aprés avoir défendu un élargissement des cas pouvant conduire à une déchéance de la nationalité française, l'organisation à Vichy par le ministère de l'immigration et de l'identité nationale d'un sommet sur l'intégration ou encore l'évocation récurrente dans le débat public de la ville d'Uriage, localisation de l'école des cadres de la Collaboration, ne constituent-elles pas de nouvelles manifestations du "syndrome de Vichy" décrit par Henry Rousso?