L'Assemblée nationale commenceaujourd'hui à débattre de la loi d'orientation et de programmation pourla sécurité intérieure (LOPSI). Adeux mois des élections régionales, il semble évident que leGouvernement tente de polariser le débat public autour de la questionde la sécurité qui constitue un de ses thèmes de prédilection.
Cette tactique a souvent été utilisée par la Droite sous la Vème République.Au cours de la période récente, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy n'ontpas hésité à multiplier les annonces et les projets de lois sur cesujet.
Au-delà de ces préoccupations électoralistes, la LOPSI contient une série de dispositions particulièrement inquiétantes pour les droits et libertés : filtrage des sites Internet, élargissement des fichiers policiers,développement des écoutes téléphoniques, couvre-feu pour les moins de13 ans ou encore extension de la vidéo-surveillance.
Je suis en particulier préoccupé par une mesure qui peut sembler anecdotique : le filtrage des sites internet par l'autorité publique afin de lutter contre la pédopornographie sur Internet. Bien entendu, la pédopornographie est un crime et doit être combattue fermement.Cependant, il faut faire preuve de prudence sur un sujet qui suscite l'émotion et faire attention à ce que cette loi n'ouvre pas la voie à une censure tout azimut sur Internet. En effet, pour la première fois, le Gouvernement va ouvrir la porte au contrôle a priori des contenus diffusés sur Internet et la tentation sera grande d'élargir le champ de ce contrôle.
En Italie par exemple, depuis le 27 janvier 2010, en Italie, les sites web-vidéo comme YouTube ainsi que ceux de journaux et autres blogs diffusant des vidéos sont soumis à l'obtention d'une autorisation du ministère de la Communication, cette obligation s'appliquant à chaque internaute ou éditeur de vidéos en ligne. Pour le député démocrate italien, Vincenzo Vita, cette réforme a permis à l'Italie de rejoindre le club des censeurs aux côtés de la Chine, de l'Iran et de la Corée du Nord.
Espérons que la France ne rejoigne pas ce club et veillons à ce que nos parlementaires ne votent pas une nouvelle loi liberticide, peu adaptée aux évolutions de la communication à l'ère numérique et en décalage total avec les aspirations des internautes et de la jeunesse.