Défendre un véritable processus de négociation (sans tricherie) et une solution pacifique à la crise pour une normalisation institutionnelle du pays qui évite le sang et un scénario de pénuries encore plus grand me semble la meilleure position. Le rejet de l'ingérence extérieure, en particulier de la part des Etats-Unis, ne peut être associé à un soutien à Maduro et à un simple cri de "coup d'Etat".
Toute solution à la crise passe par la sortie de Maduro. La défense de la "révolution" non seulement ignore la dimension catastrophique de la crise (position typique de ceux qui défendent le gouvernement vénézuélien) mais le fait que c'est le madurisme qui va finir par transformer les gringos en libérateurs du Venezuela. Parler de défense de la Constitution pour défendre Maduro est incroyablement cynique....
L'Assemblée constituante (maduriste) qui n'a rédigé aucune constitution en deux ans et s'est comportée comme un pouvoir de facto a également est elle aussi l’expression d'un coup d'État. Même chose avec le choix d'ignorer l’Assemblée nationale. Etc., etc..
Aujourd'hui, il y a un madurisme qui agit comme un gouvernement de facto et une tentative de l'opposition de prendre le pouvoir avec un soutien extérieur (politique, et non pas militaire, du moins jusqu'à présent). Je ne sais pas quel espace existe encore pour négocier quoi que ce soit. L’autre possibilité, c'est que les militaires pèsent dans la balance et forcent la tenue d'élections. Une grande partie de la région a renoncé à pousser à la négociation et parie sur la chute de Maduro, mais si Guaidó ne peut pas "gouverner" quel est le plan B ? Que se passe-t-il si l’armée ne craque pas? Peut-être que le Mexique, l'Uruguay et l'Europe peuvent encore faire quelque chose. Mais les proclamations selon lesquelles le Venezuela doit résoudre "souverainement" sa crise sont désormais une utopie.
Pablo Stefanoni