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Billet de blog 9 juin 2022

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Le Chili et ses aspirations

On ne peut pas dire que la situation actuelle au Chili est dans une euphorie post-présidentielle, avec la victoire du président du Frente Amplio (gauche autonome) et féministe Gabriel Boric.

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Illustration 1
© @Frente fotographico

Dernièrement, le décès de la journaliste Francisca Sandoval, blessée par un tir à la tête lors des manifestations du 1er mai, qui collaborait au média communautaire en ligne Señal 3 de La Victoria, attise la polarisation sur les prétendues « groupes liés aux organisations criminelles qui contrôlent l’espace public pour leur commerce informel » (journal La Tercera). Les problèmes de sécurité, la recrudescence de la délinquance, semble être le sujet numéro un des citoyen.nes de Santiago, délinquance souvent attribuée sans vrais fondements, à l’arrivée toujours massive d’immigrés. Les régions frontalières du nord du pays continuent d’être le théâtre de conflits entre la population locale et les migrants.es, venu.es en particulier du Venezuela. Les problèmes d’affrontement dans la zone de l’Araucanía, au sud du pays, entre des camionneurs, des carabiniers et la communauté Mapuche persistent et s’aggravent. L’armée a été dernièrement redéployée dans la région de L'Araucanie suite au soulèvement du peuple originaire. Ces deux grandes questions relevant de la sécurité du pays sont une épine dans l’agenda du nouveau et jeune gouvernement élu, qui souhaite assurer sécurité et avancées vers l’autonomie pour le territoire Mapuche, mais qui doit faire face aussi à la droite parlementaire et au patronat. Rappelons qu’entre octobre 2019 et mars 2021, des milliers de personnes se sont mobilisées dans les principales villes chiliennes, «estadillo social», où d’ailleurs l'une des chansons les plus emblématiques du conflit était « El baile de los que sobran » de Los Prisioneros. Cette période de manifestations intenses qui a vu se « réveiller » la population chilienne, (#Chiledesperto), est l’expression d'un profond ressenti de la population à l'encontre des importantes inégalités sociales, de la corruption, de son héritage néo-libéral des suites de la dictature de Pinochet et de sa « post-démocratie » ensuite.

Cependant ces manifestations conduisent à s'accorder sur l'organisation le 25 octobre 2020 d'un référendum sur un changement de constitution ainsi que sur la convocation d'une assemblée constituante chargée de sa rédaction. Dans toute cette agitation politique, Sebastian Pinera, le président d’alors, dont la très sévère répression de ses forces armées et des carabiniers auprès des manifestant.es, n’a jamais voulu démissionner. Plusieurs décès leurs sont imputés, des milliers de blessé.es, notamment oculaires, des milliers de détentions, des exactions et répressions qu’Amnesty international et l’ONU ont dénoncé. Les forces de sécurité se sont rendues coupables de graves violations aux droits humains, avec aussi beaucoup de cas de torture et d’agression sexuelle. En août 2021, près des deux ans du début des manifestations, des centaines de jeunes chiliens.nes sont encore en prison préventive ou condamnés de manière suspecte, ce qui est d’ailleurs reproché actuellement à Gabriel Boric (#aliberarpresxsdelarevuelta). Une des dernières critiques est sa participation au Sommet des Amériques, où plusieurs pays ont annoncé en dernière minute annuler leur venue (rencontre qui se tient du 7 au 11 juin à Los Angeles), et surtout l’éviction des voisins cubains, vénézuéliens et nicaraguayens.

En décembre 2021, l’ex leader étudiant, Gabriel Boric a donc emporté la victoire au second tour des élections présidentielles face à l'extrême droite de José Antonio Kast, avec 55 % des voix.

Le Chili reste toujours sous tension, la révolte sociale ne s’étouffe pas, ce qui effraie la partie la plus conservatrice de la société, mais ce qui reste très salutaire, ce sont les avancées de la Constituante et les débats qui peuvent être suivis par toutes et tous. Et c'est là une très grande victoire après des mois de travail, des négociations ardues entre les 155 membres de la Convention constitutionnelle et, couchés sur le papier, 499 articles.

Illustration 2
premier article de la nouvelle constitution

Ambitionnant d’enterrer la Constitution actuelle, héritée de la dictature de Pinochet, et de répondre aux protestations sociales qui ont secoué le Chili en 2019, le processus entre donc dans sa dernière ligne droite avec des changements majeurs, telle que la reconnaissance des peuples autochtones, et ces 499 articles qui vont être maintenant harmonisés, retravaillés pour la version finale qui sera présentée le 5 juillet. Le Chili sera donc un "État Social et Démocratique en droit, Plurinational, Interculturel et Écologique" (extrait du premier article). Le 4 septembre 2022 aura lieu le plébiscite, date anniversaire de l’élection de Salvador Allende en 1970, dans un contexte alternant crise sociale, crise économique, crise écologique (manque d’eau, sécheresse et inondations), joie et défaite politique. Un peu en somme de ce que l’on retrouve dans tout le continent sud américain.

Hilda Civit

#Amériquelatine #Amériques #Chili #Boric #constitution #assembléeconstituante #Mapuche

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