
Lorsque Mme le premier ministre Edith Cresson traita les Japonais de fourmis, sans doute en réaction à une situation vécue de manière épidermique qui n'excuse en rien cette fulgurance malvenue pour un personnage représentant un Etat. Quel ne fut pas le scandale provoqué alors par ces paroles, on fut même très proches de l'incident diplomatique.
Eh bien lorsque des choses mêmes désagréables sont dites on peut au moins y réagir, on peut crier au scandale, invectiver l'agresseur, se rebeller, agir face à une attaque, car on existe aussi au travers d'attaques.
Inversement, lorsqu'à longueur d'année un pouvoir vous sert un discours convenu quelles que soient les circonstances pour flâter le bon peuple dans le seul but toujours tactiquement parfaitement réalisé de capter ses suffrages tout en agissant dans un monde parallèle dans l'opacité à contresens des discours tenus quels que soient les thèmes traités, le menton fier, le verbe haut. Cette mésestimation du peuple ne montre pas seulement un désamour pour le peuple, mais bien plus, l'apparteance à une école de pensée qui tient pour vérité acquise une insulte permanente au peuple dans son essence, qui pense que tout doit toujours être fait par devers lui par les sachants, par les initiés, pire que l'insulte infligée jadis par Mme Cresson à nos amis Japonais, car elle au moins en les rudoyant les considérait comme existants en tant qu'hommes pensants pour les avoir nommés ! Pour d'autres, on se joue d'un peuple comme on traquerai du gibier à la chasse.
La fourmi seule n'existe pas, sans les ouvrières la reine ne peut pas pondre et reproduire l'espèce, sans la reine l'activité du reste de la fourmilière n'a pas de sens et ne serait pas, celle-ci est un tout parfaitement indissociable, très très loin de la conscience du citoyen individu pensant dont notre peuple est composé.
Nous touchons là au coeur de la question que je souhaitais soulever, sommes nous des êtres dotés d'une conscience qu'un débat public honnête et transparent devrait élever pour nous faire tendre vers un niveau de conscience toujours plus élevé, pour tirer au mieux parti des talents onstitutifs de ce peuple, ou bien ne sommes nous que chair à canon lorsqu'il y a des guerres et consommateurs toujours là pour faire tourner le casino des économies dont les tenants devraient toujours s'enrichir à nos dépends?
J'ai ma réponse pour ce qu'aujourd'hui serait, et vous, l'avez vous? Et j'ai aussi ma réponse sur ce que je voudrais que demain soit, et vous, l'avez-vous?
Oublions le present, mais avons nous au moins tous envie du même demain? Car lui seul compte. Demain, c'est même lorsque nous ne serons plus, c'est la société que nous aurons préparée pour nos enfants qui continueront eux aussi le sillon que nous aurons tracé pour leur propre descendence.