Malgré les exercices passés par de nombreuses tentatives brillantes des René Remond dans "La Droite en France de 1815 à nos jours. Continuité et diversité d'une tradition politique" ou plus récemment de Jacques Julliard "Les gauches françaises , Histoire, politique et imaginaire" dans des ouvrages de référence qui ont fait date, sans aucun doute d'une bibliographie incontestable et d'une qualité de pensée et de rédaction irréprochables, je crois moi, à contrario de cette vision segmentée d'une vie politique élaborée et savante, que notre Espace-Temps s'étant très sérieusement contracté continuement depuis à peu près trente ans, et atteigant une échelle logarithmique aujourd'hui, que les uns et les autres continuent à tort à mon sens de commenter la vie politique hexagonale à l'aune de ce que nous avions toujours connu jusque là, dans des considérations surannées trop écoutées mais devenues fausses, ce qui d'ailleurs nous a précisément mené dans l'impasse où nous sommes rendus que l'on pourrait nommer au choix; le mur de la dette, la grosse panne industrielle, voire même la machine à perdre des marchés à l'exportation. En tout cas nous sommes les pieds dans le purin et ça commence à peine à sentir mauvais.
Je vous dois de m'en expliquer plus en détail.
D'abord, pour le bas peuple qui voit le vote de très loin en se renseignant à minima, en effet, on lui serine à longueur de campagnes électorales ultra-médiatisées qu'il serait de droite ou de gauche au simple souvenir des votes des grands-parents après-guerre et que la sociologie de la population correspondrait à peu près aux deux partis principaux de la vie politique française, nous assistons à un exercice médiatique de lavage de cerveau de la population lors de chacune des campagnes électorales ces dernières années par l'instrument de torture du commentaire de sondage non décompté aux candidats encensés qui occupe bien plus de temps d'antenne et de place dans les Editos de premières pages que les propositions des candidats. Bref, les médias font les élections, ou du moins à coup sûr leur second tour depuis que JM Le Pen avait rompu cette tradition les choses ont été recadrées, et cet incident n'a plus aucun risque de se passer à nouveau, nous menant d'ailleurs à nous interroger sur le niveau de démocratie de nos institutions.
Ensuite, pour les personnes très au courant de la vie politique, c'est à dire des positions des uns et des autres tous partis du paysage politique confondu sur une majorité de sujets de fond qui comptent, finalement, les ancres qui forgent les opinions sur les divers sujets que nous avons à débattre et à résoudre pour assurer le quotidien de nos concitoyens ne recoupent pas du tout la fracture surannée Droite - Gauche.
Ce que l'on oublie de vous dire, c'est que les segmentations ne sont plus du tout celles débattues par Rémond à l'époque ni par Julliard aujourd'hui, que ces considérations en effet comptent encore majoritairement dans les votes de nos concitoyens, c'est vrai, mais que cette classification perd de sa pertinence dans le temps car on n'a pas encore assez regardé les vrais sujets d'aujourd'hui. Je n'en retiens que trois, il y a le débat économique et budgétaire, il y a le débat sociétal, et il y a le débat démocratique, avant c'était simple jusqu'en 1989 et la chute du rideau de fer, Droite et Gauche se positionnaient clairement sur ces trois tableaux et Rémond tout comme Julliard pouvaient vendre des millions de bouquins classifiants sans conteste. Mais là ? Qui y comprend encore quelque chose ? Le keynesianisme à failli avec les couches successives de politiques de la demande sans résultats probants ! Et François Hollande, en grand stratège qu'il est, regarde à réorienter sa politique économique vers une politique de l'offre, que dire de cet état de fait venant d'un Socialiste ? Pragmatisme ? Révolution Copernicienne de pensée économique à Gauche ? Ou au contraire seule alternative de politique économique possible, tancée par les Economistes Atterrés sous le patronyme de TINA [There Is No Alternative] ?
Pour ma part je réponds positivement. Je crois, et on le constate tous les jours, que le navire France a été mené trop longtemps sans qu'il n'y ait jamais eu de prise de conscience citoyenne porté par les politiques à un niveau suffisant des problèmes réels à régler pour le pays, et l'on a vu par exemple une réforme des retraites à minima, qui n'a permis aucune avancée suffisante permettant de se reposer longtemps sur cette réforme avant d'y revenir, mais on constate que son financement n'est plus assuré à compter de 2018, les hommes politiques ont donc truqué un débat en l'instrumentalisant en vue uniquement du calendrier des prochaines élections, la gauche et la droite ont été sur ce dossier capital inconséquentes et futiles et n'ont pas en 2010 travaillé ce dossier du tout dans l'intérêt général des citoyens. Aujourd'hui nous ne pouvons pas rattrapper cette inconséquence politique de trente ans en un jour d'où l'entonnoir dans lequel nous sommes coincés et qui explique à lui seul le repositionnement de François Hollande.
Bref, les Etats-Nations sont à la peine en Europe car la réalité politique devrait se situer au niveau Européen et non aux niveaux nationaux qui n'offrent plus une dimension suffisante pour peser assez lourd face aux BRIC montants pour des pays à l'arrêt, et ne servent que temporairement la gloriole de nos dirigeants. La seule alternative est donc une sortie Fédéraliste par le haut en associant au mieux nos forces, et j'adhère à 100% au dernier bouquin de Daniel Cohn-Bendit et de Guy Verhofstadf "Debout l'Europe" qui est un appel vibrant à une Europe post-nationale seule manière de gérer nos dossiers purulants enfin mis comme il convient à l'échelle de la planète.
La politique hexagonale n'est donc plus qu'une Chimère mais nous ne nous en sommes pas encore apperçus !
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