RN SUPERSTAR INCONTOURNABLE?

Le RN superstar pour les européennes...bien possible. Sera-ce un vote défouloir, un vote identitaire, un vote xénophobe et raciste, un vote anti Mélenchon, un vote anti bourgeois...? Sans doute un mélange de tout cela. Mais, si l'on ne se satisfait pas de cette situation, qu'elles peuvent être les raisons de ce glissement électoral, cette dérive collective, vers l'extrême droite? Cette prévision sondagière semble malgré tout contre-intuitive si l'on songe aux mobilisations récentes contre la Nième contre-réforme des retraites. D'aucun aurait pu espérer un regain des idées progressistes visant à combattre l'idéologie libérale. N'en est-il rien? Dans un contexte médiatique caractérisé par une déferlante anti islamique, anti Mélenchon, surexploitant le moindre fait divers, quitte à inventer des situations problèmes, laissant libre antenne aux discours racistes, antihumanistes, rances pour tout dire...difficile de penser que les effets sur les consciences soient nuls. Ajouté à cela la triste division des quelques forces de gauche politique, brièvement réunies pour un coup électoral réussi, le tableau semble désespérant. Est-ce perdu pour le camp progressiste? À court terme, sauf bouleversement politique majeur de type dissolution de l'assemblée nationale, émeute violente, etc., la déception risque d'être au rendez-vous aggravant les tensions entre composantes de la gauche divisée. Ensuite, que faire? Analyse concrète de la situation concrète! Mais avec quel modalités d'analyse? La rupture, le face à face avec l'extrême droite comme crédo, type Mélenchon. Retour à la social-démocratie façon PS et EELV? Un pied à droite, un pied à gauche, comme le PCF? Aujourd'hui les boussoles n'indiquent plus les mêmes directions! Et l'on voudrait que l'électorat le plus concerné par les difficultés de la vie s'y retrouve! Si un nombre important d'électeurs font le (non)choix de l'abstention, hormis ceux qui se désintéressent de ce qui les entoure, c'est peut-être en raison de l'écart trop important existant entre ce qu'ils vivent concrètement, ce qu'ils pensent possible d'améliorer en fonction des informations qui sont à leur disposition et les discours et programmes portés par ceux qui veulent les représenter. Vigotsky, psychologue et pédagogue russe, parlait de zone prochaine de développement pour l'apprentissage. C'est à dire que chaque individu peut faire un pas cognitif vers l'acquisition de connaissances nouvelles, mais un pas qui ne doit pas lui sembler périlleux, hors de portée, incompréhensible. Les apprentissages se font par la famille, l'école, le milieu professionnel et, trop peu, par le syndicalisme, les militants politiques. L'idéologie dominante est déversée à gros bouillons par...la famille, trop souvent, l'école, c'est une de ses composantes, les organisations du travail, les modes de management, certains syndicats, et tous les médias, pratiquement. Ce qui veut dire que le discours politique fait mouche plus facilement s'il joue sur les affects surexploités avec efficacité et savoir-faire par les médias relayant les politiciens populistes, évitant aux individus visés de penser. On leur demande de réagir par pulsion. Nous le faisons tous. Nous sommes tous poreux à l'idéologie! Les militants progressistes doivent tenir compte de cette réalité et se positionner en fonction de la capacité de chaque interlocuteur à faire un pas vers une discussion qui, loin des affects, invite au raisonnement plus conceptuel. Non au militant témoin de Jéhovah...oui au militant pédagogue, humble, à égalité de dignité avec celles et ceux qui peuvent rejoindre le mouvement d'émancipation collective.