
Samedi, j’ai eu la désagréable impression d’assister à une fin sans retour possible en apparence.
À Paris, les Champs-Elysées semblaient être dans une situation de guerre civile, un douloureux spectacle que nous avions oublié depuis mai 1968. La plus belle avenue du Monde était touchée de plein fouet par des casseurs bien pilotés par un ordre obscur puisqu’ils avaient reçu en apparence des directives bien précises leur indiquant de ne toucher le moins possible aux biens privés.
À côté, défilaient des citoyens représentant une France moyenne qui revendiquait ses droits et qui essayait de se faire entendre du président de la République. Sans succès certes, le chef de l’État étant toujours très sourd aux colères et aux attentes populaires.
Si la manifestation fut triste tout au long de la journée, elle fut encore plus poignante à la tombée de la nuit, quand les Gilets Jaunes fatigués et déçus, décidaient de rentrer chez eux.
À ce moment-là, j’ai pu échanger avec quelques manifestants qui ressentaient une grande désespérance, celle de n’avoir rien obtenu à laquelle venait s’ajouter l’échec de leur mouvement qui hélas, n’avait pas rassemblé beaucoup de monde.
De surcroît, ces manifestants arrivés dans le calme et dans la dignité, ont eu le sentiment réel d’avoir été rejetés par l’État qui, en, guise d’accueil, les a reçu à coup de gaz lacrymogène et canons à eau alors même qu’il n’y avait aucun incident de parcours.
Au passage, un manifestant retraité, muni de son gilet jaune me dit : « Macron se comporte en dictateur qui n’hésite pas à faire matraquer n’importe qui, uniquement pour imposer son autorité. »
Ainsi, l’espoir de cette journée du 24 novembre si attendue depuis une semaine, venait de s’effondrer pour certains qui m’ont confié qu’ils n’avaient plus le courage et la force de mener un combat contre un gouvernement malveillant et prêt à toutes les bassesses pour rester en place.
Et sur ce point, je suis entièrement d’accord avec ces manifestants orphelins et parfois montrés du doigt très injustement pour un désordre dont ils ne sont aucunement responsables.
Pour ma part, j’ai regretté que les Gilets Jaunes soient seuls sur le terrain. En effet, sous prétexte qu’il faut éviter une récupération politique (selon les souhaits de la majorité présidentielle), aucun parti politique d’opposition n’est venu soutenir les manifestants. De même, aucun syndicat n’a eu le courage d’apporter son aide au mouvement.
En conclusion, les Gilets Jaunes restent isolés avec leurs problèmes et parfois leur misère.
Alors oui, au soir du samedi 24 novembre, j’ai compris que la France vivait ses dernières heures démocratiques. Avec un gouvernement qui n’a plus rien de républicain, avec une Nation où l’opposition est devenue inaudible pour ne pas dire inexistante, avec un pays sans aucun syndicat crédible, que reste-t-il à la France ?
À mon sens, pas grand-chose, l’hémorragie étant trop forte aujourd’hui.
Si vous avez une autre réponse à me donner, n’hésitez pas à me le dire, car de mon côté, je n’en ai aucune.
Alors, en ce jour dimanche 25 novembre, j’ai très peur pour la France et pour la République.
Gene REYNAUD