« Quand les blés sont sous la grêle, fou qui fait le délicat, fou qui songe à ses querelles, au cœur du commun combat » Aragon
Nous vivons une période de basculements.
1. Du basculement du monde...
Le basculement du monde vers la violence écologique, sociale, et antidémocratique sur fond d’une violence internationale tous azimuts connaît aujourd’hui une accélération sans précédent.
Violence écologique. L’été 2022 restera sans doute dans l’Histoire l’un des points de bascule de la prise de conscience, en France, en Europe et ailleurs, de la réalité du dérèglement climatique et de ses incidences. Coup sur coup, sécheresse, canicules, incendies gigantesques, orages violents et meurtriers... Les prédictions et alertes du GIEC prennent forme à travers des catastrophes palpables près de chez nous. Il ne s’agit plus uniquement de menaces pour les générations futures à l’autre bout de la planète, mais de dangers réels et imminents au cœur de nos territoires. Le constat s’impose à nous implacablement : la situation n’est plus tenable, et les prochaines années s’annoncent terribles.
Violence sociale. Les inégalités atteignaient déjà des niveaux historiques : la crise sanitaire puis l’inflation achèvent de plonger des millions de Français·e·s dans la précarité. Comment accepter que plus de 9,2 millions d’entre eux·elles vivent sous le seuil de pauvreté, que les relégations sociales se multiplient, alors que les revenus et les patrimoines des plus riches continuent d’exploser ?
Violence antidémocratique. Les élections de 2022 ont marqué une nouvelle étape dans la trajectoire que notre pays connaît depuis 20 ans, avec une extrême-droite qui progresse, atteignant des niveaux historiques ; elle se rapproche plus que jamais des portes du pouvoir. Il y a péril en la demeure républicaine. Face à ce danger existentiel pour notre République, aucune prise de conscience démocratique n’a lieu.
Pire, l’abstention gagne encore et toujours du terrain, souvent auprès des populations qui, pourtant, auraient le plus à attendre d’une gauche aux responsabilités. Si les jeunes et les habitant·e·s des quartiers populaires se sont partiellement redirigé·e·s vers les urnes à l’occasion des élections présidentielles, la moitié des électeurs et des électrices continuent de s’en détourner, ne croyant plus que le vote puisse constituer une réponse à leurs problèmes quotidiens.
Violence internationale. Inenvisageable - inenvisagée - il y a quelques mois encore, la guerre revient frapper à notre porte. Elle est le reflet d’un délitement continu du système international depuis deux décennies. La montée des périls touche tous les continents, les bruits de bottes rythment les crises internationales.
Ces violences sont intrinsèquement liées. La situation de l’Union européenne, construction de paix qui voit la guerre renaître à ses frontières, est à ce titre édifiante. Parce qu’elle s’est construite autour de l’économie capitaliste, elle s'est elle-même réduite à être un outil économique libéral.
Alors qu’elle constitue l’échelon le plus adapté pour répondre à l’urgence climatique, pour porter de nouvelles règles économiques internationales en termes de minima sociaux, de justice fiscale et d’environnement notamment, l’Union européenne est en échec et voit émerger des populismes qui risquent de la détruire. Dans un contexte où l’ordre mondial évolue, nous devons, nous Européen·ne·s, nous réinventer collectivement pour continuer à peser dans le monde tel qu’il existe, multipolaire, basé sur le rapport de force plus que sur la coopération spontanée. Et faire enfin de l’Union européenne l’outil permettant de fonder un véritable projet de société entre peuples européens.
Toutes ces tendances lourdes qui travaillent nos sociétés s’accélèrent et achèvent le monde d’avant sur les décombres duquel il nous appartient d’imaginer le monde de demain.
Une conclusion s’impose, urgente, vitale : la gauche et les écologistes doivent accéder aux responsabilités. C’est la seule voie permettant d’engager concrètement les transformations nécessaires pour nos sociétés et pour notre planète. Devant l’urgence de cet objectif, nous ne pouvons plus nous payer le luxe de nous diviser. Rater une nouvelle fois l’élection présidentielle à cause de querelles d’ego ou de rivalités partisanes serait non seulement une faute politique au regard des enjeux du moment, mais aussi une trahison morale à l’égard des électeurs et électrices de gauche, ainsi que des millions de Français·e·s qui ne votent plus, dégoûté·e·s par la politique.
2. ...au basculement de la Gauche...
À ce titre, 2022 a apporté une lueur d’espoir que nous attendions depuis longtemps : avec la création de la NUPES, la gauche a connu elle aussi une forme de basculement. C’est une éclaircie longtemps espérée.
Ce rassemblement est sans doute ce que la gauche a produit de meilleur au cours de ces cinq dernières années. Il offre, à nos concitoyen·ne·s et à nous-mêmes, un dépassement de nos divisions et une voie pour conjurer la défaite. À travers la NUPES, une Gauche audible est de retour à l’Assemblée nationale, et travaille à la construction collective d’une alternative sérieuse à la Macronie, seul chemin pour la faire ensuite advenir dans les urnes.
Pour autant, la NUPES n’est pas exempte de défauts. Fruit d’un accord électoral et d’un rapport de force présidentiel, elle repose sur des équilibres qu’il convient d’interroger au regard de la réalité territoriale des forces de gauche, de leur pluralité, et d’un projet qui doit gagner en cohérence sur le fond et dont la forme ne saurait se limiter à un catalogue de mesures.
Néanmoins, en dépit de ces imperfections, elle constitue une première étape, un cadre fondateur pour l’ensemble des forces de gauche et des écologistes. Au-delà des accords électoraux qui ont présidé sa constitution, il s’agit désormais de construire un récit commun et un projet de transformation sociale et écologique pour notre République.
Défendre la maison commune de la gauche et des écologistes, plutôt que chercher à cultiver son jardin en espérant une récolte meilleure que celle du voisin : tel doit être désormais le crédo du camp du progrès écologique, social et démocratique.
3. ...vers une maison commune de la gauche et des écologistes.
C’est pourquoi, nous, membres de Génération·s, appelons à un approfondissement du rassemblement de la gauche et des écologistes. Celui-ci ne peut plus désormais se mener en vase clos au sein d’un « pôle écologiste » tourné sur lui-même. Il doit atteindre sa maturité en s’inscrivant de manière transverse dans le camp du progrès écologique, social et démocratique : la gauche.
L’existence d’un parti écologiste dans l’histoire a été utile à la prise de conscience de la gravité de la crise à laquelle nous sommes confrontés. C’est bien parce que les écologistes développent leurs thématiques depuis des années que la Gauche fait sa mue pour délaisser le productivisme. Mais aujourd’hui, structurer un parti autour de “l’écologie politique”, ou chercher à restreindre l’écologie politique à un seul parti ou au seul “ pôle écologiste “, serait une erreur philosophique, politique, et même stratégique.
Et pour cause : l’écologie politique est un mot-valise derrière lequel se cachent certes des constats communs, mais qui ne constituent pas une idéologie unique et cohérente. Il y a plusieurs écologies politiques, dont certaines voisinent avec la gauche alors que d’autres cousinent avec la droite. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, conscients du caractère inéluctable de la prise en compte de l’avenir de la planète, des partis “écologistes” fleurissent sur tous les bords de l’échiquier politique, y compris au centre et à droite. Il convient donc de se poser une question simple : sauverons-nous la planète en verdissant le capitalisme, ou en changeant de modèle économique, philosophique et politique ?
Nous sommes, à Génération·s, convaincu·e·s que les combats écologique et social sont intimement liés : les deux crises, environnementale et humaine, partagent une racine commune, le capitalisme. Cette conviction, écosocialiste, n’est pas compatible avec la vision environnementaliste, ou libérale, que porte une partie de la famille de l’écologie politique. Dès lors, pour porter nos solutions, nous devons nous ouvrir plus largement, à l’ensemble des mouvements, partis et sensibilités qui partagent ce constat. Mouvements, partis et sensibilités que l’on retrouve disséminés sur l’ensemble du spectre politique à gauche.
C’est pourquoi nous croyons fermement que les intérêts de l’écologie ne résident pas dans un recentrage sur le pôle écologiste ou dans une transformation de celui-ci en parti unique, mais dans le développement du cadre commun créé il y a quelques semaines, seul à même de porter efficacement nos réponses pour la planète et le pays : la NUPES.
Ce paradigme est nouveau. Et pourtant, il répond par tous ses aspects à l’ADN même de Génération·s. Nous voulons être « une poutre de la Maison commune de la gauche et de l’écologie » ? Travaillons à la pérennisation de la NUPES ! Nous voulons porter une voix écosocialiste au sein de celle-ci ? Travaillons à rassembler les tenant·e·s de cette ligne pour la faire peser au sein de la NUPES !
C’est ainsi que nous donnerons corps à ce futur désirable pour lequel nous nous engageons ensemble depuis plus de cinq années et que nous aboutirons à la Maison commune que nous appelons de nos vœux.
Vous partagez notre position ? Cosignez la tribune : https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLScgzQmcygnHKBQpfbbIRgp1P5nDgyYyhrldKHwKnMfIYMwACA/viewform?usp=sf_link
Les 187 premier·e·s signataires :
- Francis Poézévara (Bureau national - Conseiller municipal de Puteaux - 92)
- Romain Jehanin (Bureau national - Conseiller municipal d’Asnières-sur-Seine - 92)
- Hella Kribi-Romdhane (Porte-parole - Bureau national - Conseillère régionale d’Île-de-France - 91)
- William Leday (Collectif national - 13)
- Léa Filoche (Collectif national - Adjointe à la Maire de Paris - 75)
- Laure Surroca (Collectif national - 13)
- Tugdual Le Lay (Collectif national - Conseiller municipal de Guingamp - 22)
- Leila Kennouda (Collectif national - 46)
- Fabienne Leguicher (Collectif national - Maire de La Norville - 91)
- Nathalie Bernard (Collectif national - 59)
- Pascal Cherki (Collectif national - 75)
- Mariam Maman (Collectif national - Conseillère du 17ème arrondissement de Paris - 75)
- Myriam Bui-Xuan (Collectif national - Adjointe au Maire de Clapiers - 34)
- Pierre Huguet (Collectif national - Adjoint au maire de Marseille - 13)
- Damien Landini (Collectif national - 51)
- Raphaël Leiba (Co-animateur national de l’Assemblée des Membres et des Territoires - Irlande)
- Véronique Bidault (Co-animatrice nationale de l’Assemblée des Membres et des Territoires - 31)
- Marianne Rozet (Conseillère régionale de Normandie - 50)
- Arthur Boix-Neveu (Maire de Barberaz - 73)
- Marie-Laurence Floc’h (ETC - Conseillère du 19ème arrondissement de Paris - 75)
- Christian Loustaunau (ETC - Conseiller municipal de Chauray - 79)
- Anne-Flore Labois (ETC - 95)
- Alexandre Gilles (ETC - Conseiller municipal de Massy - 91)
- Faustine Balmelle (Conseillère municipale de Lille - 59)
- Christine Orain-Grovalet (Vice-présidente du département des Côtes-d'Armor - 22)
- Alexandre D'Agostino (Adjointe au maire des 6ème et 8ème arrondissement de Marseille - 13)
- Jean-François Lhermitte (Maire de Saint-Germier - 79)
- Michel Collet (Maire de Guibeville - 91)
- Julien Paris (Conseiller départemental des Landes - 40)
- Alice Noret (ETC - Conseillère municipal de Clichy - 92)
- François-Jean Leroy (Conseiller municipal de Vert le Petit - 91)
- Jean-Marc Cahu (Conseiller municipal de Rueil-Malmaison - 92)
- Christine Renaudin-Jacques (Conseillère municipal de Talant - 21)
- Stéphane Favrais (Adjoint au maire de Saint-Brieuc - 22)
- Sylvaine Borel (ETC - Conseillère municipale de Blois - 41)
- Christine Savva (Conseillère municipale de Bessancourt - 95)
- Michel Pineau (Conseiller municipal de Montbard - 21)
- Medhi Idouhamd (Conseiller municipal des Ulis - 91)
- Thierry Denois (Conseiller municipal de Nanterre - 92)
- Maxime Jourdan (Conseiller municipal de Villeurbanne - 69)
- Damien Rousseau (Conseiller municipal de Marcoussis - 91)
- Nathalie Béan (Conseillère municipale déléguée des Ulis - 91)
- Belinda Tailliez (Conseillère municipale de La Madeleine - 59)
- Ariane Wachtausen (Adjointe au maire d'Orsay - 91)
- Régis Vaillant (Conseiller municipal de Villebon-sur-Yvette - 91)
- Roland Meunier (Adjoint au maire du Bourget-du-Lac - 73)
- Baptiste Lusson (Adjoint au Maire des 6ème et 8ème arrondissements de Marseille - 13)
- Michael Goldberg (Conseiller municipal de Malakoff - 92)
- Juliana San Geroteo (Conseillère départementale des Côtes-d'Armor - 22)
- Florence Chambon (Conseillère municipale de Pontoise - 95)
- Emmanuelle Fossati (Conseillère municipale de Nanterre - 92)
- Luc di Gallo (ETC - Adjoint au maire de Montreuil - 93)
- Marianne Bernède (Conseillère municipale de Nîmes - 30)
- Etienne Fillol (Adjoint au Maire d'Alfortville - 94)
- Loïc Vidal (Conseiller municipal de Saint-Leu-La-Forêt - 95)
- Denis Fevrier (Adjoint au Maire de Cergy - 95)
- Mariane Domeizel (Adjointe au Maire de La Tour d'Aigue - 84)
- Jean-François Jacques (Conseiller municipal de Vaucresson - 92)
- Martine Cuccaroni (Conseillère municipale de La Ciotat - 13)
- Caroline Cor (Adjointe au maire de Nanterre - 92)
- Christophe Lubac (Maire de Ramonville-Saint-Agne - 31)
- Ali Abchiche (Conseiller municipal de Sarcelles - 95)
- Dany Vidal (Conseiller municipal d'Egletons - 19)
- Michael Millet (ETC - 10)
- David Durlot (ETC - 10)
- Stéphanie Dupont (ETC - 79)
- Mathieu Sauze (ETC - 30)
- Jean-Jacques Carrère (ETC - 34)
- Corine Riout-Tanguy (ETC - 91)
- Arnaud de Sousa (ETC - 57)
- Valérie Mery-Fritz (ETC - 93)
- Loïc Lanouiller (ETC - 50)
- Alain Le Bot (ETC - 87)
- Jean-Marc Dousse (79)
- Christian Bernezet (83)
- Sarah Roubach (93)
- Garance Louis-Sidney (77)
- Hugo Guillaume (92)
- Marilyne Dufus-Tourneur (73)
- Martine Courjaud (79)
- Michel Rebérat (87)
- Guy Vilain (50)
- Christine Vilain (50)
- Robert Maurs (46)
- Hind Kennouda (46)
- Dominique Couturat (95)
- Patrick Valade (75)
- Philippe Baillot (10)
- Olivier Mainfroy (46)
- Sébastien Vouk (ETC - 77)
- Christophe Condette (50)
- Dominique Dario (78)
- Mary Denoize (75)
- Dominique Denoize (75)
- Patrick Raffin (Portugal)
- Aurore Viguier (51)
- Emmanuel Caruana (46)
- Martine Even (92)
- Cristina Agosti-Gherban (92)
- Philippe Blanzat (92)
- Daniel Bombert (83)
- Samuel Clot (34)
- Brigitte Bienassis (73)
- Dominique Trolez (73)
- Christophe Cordier (34)
- Bruno Léon (21)
- Fabienne Poinson (75)
- Germain Guitard (46)
- Sylviane Tissot (92)
- Alexandre Boulanger (46)
- Victor Lepère (59)
- Alexis Trimouille (91)
- Corinne Revest (83)
- Didier Revest (83)
- Pascal Dolo (59)
- Marie-Thérèse Lafont (73)
- Julien Azazi (69)
- Bernard Ruffin (21)
- Nathalie Vallé (92)
- Jean-Noël Puig (64)
- Sylvie Meyeur-Dreux (75)
- Aurélien Mascolo (69)
- Arnaud Masclet (92)
- Théo Glaichenhaus (13)
- Colette Ciani (34)
- Dominique Balvet (59)
- Sébastien Tailliez (59)
- Sébastien Allary (34)
- Gisèle Baron (95)
- Isabelle Voisin (83)
- Jimmy Cuenot-Carbonneaux (59)
- Béatrice Fromentin-Denoziere (92)
- Enrica Sartori (94)
- Natacha Saulnier (92)
- Michel Freling (95)
- Fabio Chikhoune (13)
- Silvia Devescovi (75)
- François Badaire (92)
- Pascal Souchois (77)
- Véronique Dumetier (34)
- Benoît de Cornulier (79)
- Marie-Claire Picton (41)
- Marie-Noëlle Bas (92)
- Ludovic Lemieux (76)
- Françoise Loyer (75)
- Philippe Brigandet (66)
- Karen Rousseau (92)
- Auriane Dupuy (92)
- Marie Guilmeau (72)
- Cédric Ringeval (59)
- Alain Guérin (50)
- Laurent Bala (92)
- Maxime Vayssade (31)
- Alain Pineau (50)
- Lucien Fontaine (80)
- Pierre Bernat (31)
- Rosemonde Wojciechowski (63)
- Sylvie Bertoli (60)
- Loïs Homo (75)
- Pierre Monnier (74)
- Véronique Dumetier (34)
- Nejla Feliachi (31)
- Gilles Bénard (75)
- Valérie Vuillerod (13)
- Muriel Jardon (13)
- Eric Mourey (Conseiller fédéral EELV - 58)
- Alain Dutot (21)
- Brice Le Roux (13)
- Nadine Bosc (12)
- Marie-Claude Richet (75)
- Bruno Carlon (26)
- Valérie Lota (46)
- Elsa Verdalay (13)
- Michel Gilles (92)
- Maryvonne Gilles (92)
- Germain Guitard (46)
- Anne-Marie Bars (79)
- Eric Cluzeaud (87)
- Thierry Berger (87)
- Thierry Baudry (87)
- Aminata Coulibaly-M’Bengue (75)
- Jean-Pierre Keck (92)
- Etienne Nguene (78)
- Isabelle Nouari (41)
- Christian Grelet (86)
- Sylvie Bertoli (60)
- Pascale Vanlerberghe (59)