La conférence du professeur Fillon pose problème.
Comment, comment les journalistes ont-ils pu se laisser traiter de la sorte ce lundi 8 février lors de cette conférence de presse?
François Fillon, à la tribune, les surplombant, et commençant par une engueulade sur leur métier, sur leur boulot et sur la façon dont ils les font, ce boulot.
Dans un silence sidéré, les questions arrivaient, timides, presque respectueuses. On aurait dit un cours d'un prof d'avant les années cinquante, après que celui-ci ait remonté les bretelles de toute la classe.
Et quand Ellen Salvi pose la question qui fâche, François Fillon ose : "Mediapart, moi au moins je n'ai pas eu de redressement fiscal", pas une protestation, pas même un murmure de réprobation de la part des autres élèves (journalistes).
Il paraît qu'il y aurait "de tradition" une trêve judiciaire pendant les campagnes électorales. Y aurait-il bientôt obligation d'une trêve journalistique pendant ces mêmes campagnes? Parce que si cela doit être le cas, compte tenu du calendrier des scrutins, la France étant en campagne quasi permanente, il n'y aurait désormais plus rien attendre de ces contre-pouvoir.
Car, si ni les juges, ni les journalistes ne peuvent plus faire leur travail pendant les "temps électoraux", les citoyens devront alors faire avec des prétendants aux plus hautes fonctions inattaquables sur leurs prétendues probité ou honnêteté.
Nous vivons des temps bien dangereux.