"Les 100 noms... Il y avait là des moutons, des ânes. C'était tout un projet collectif d'élevage, de maraîchage. On a un peu de mal à comprendre ce qui se passe : l'Etat nous disait qu'il était prêt à réfléchir à des projets agricoles ou autres, à permettre à ceux qui les portaient de rester. Cela fait quasiment sept ans qu'on travaille à des projets de société alternative. Des gens qui y mettent une énergie folle, bâtissent des lieux de vie. L'Etat démolit tout sans même s'attarder sur ce qui a pu se construire ici." (Témoignage de Cyril Bouligand, membre du collectif Copain 44 sur Reporterre)
On a du mal à comprendre, oui, cette précipitation du gouvernement pour faire usage de violence tout en maintenant les journalistes à distance, allant jusqu'à leur fournir les images...
Du mal à comprendre comment un ministre de l'intérieur qu'on vit tout mouillé, le menton tremblottant et reniflant ses larmes lors de l'intronisation jupitérienne est devenu en si peu de temps ce vieillard implacable envers les plus faibles.
Malheureusement, rien de difficile à comprendre pourtant. Tout était programmé. L'abandon du projet de l'aéroport à Notre Dame des Landes, concession faite à Hulot bien vite rentré au bercail, devait s'accompagner de façon visible de cette démonstration de force. Peu importait alors les projets développés dans la ZAD, l'important étant le signal en direction de l'opinion publique. (Et des grèvistes des services publics...).
Une bonne communication devenait sur ce coup indispensable. Pas question de laisser voir qu'en face des 2500 gendarmes il n'y avait que quelques dizaines de zadistes de tous âges, déterminés certes, mais pas ces "éléments radicaux", ceux qui font si peur aux braves gens. L'opération menée devrait d'ailleurs en rameuter quelques-uns. Ce qui est sans doute voulu également.
Gérard Collomb, répondant à Patrick Cohen sur Europe 1 lundi matin, expliquait que 40 édifices étaient ciblés. "Des habitations, si on peut appeler cela des habitations..." a-t-il précisé avec un léger dégoût. Et oui, pépère, on peut appeler cela des habitations. Les Vraies Rouges, c'est même une jolie petite maison de bois avec des plantes qui grimpent sur la façade. Mais ce qu'il était nécessaire de détruire très vite c'était cet espoir de construire une société alternative, une utopie qui devenait réalité.
Les forces de l'ordre ont fait détruire hier Les Planchettes, les 100 noms, Youpi Youpi, La Reinette, La Noue non plus... D'autres lieux sont ciblés aujourd'hui.
"Il y a du poète chez Emmanuel Macron lorsqu'il décrit la société." a déclaré le servile Collomb à la rescousse de son patron, suite au lamentable discours qu'il fit à la Conférence des Evêques de France.
Je ne sais pas, mais moi, la poésie je la vois plutôt du côté de Notre Dame des Landes, chez Les Vraies Rouges, ou les Domaines libérés...
"Destruction d'espoir en cours". C'était ce que l'on pouvait lire sur une pancarte d'une défenderesse de la ZAD. "Poètes, vos papiers!"