Les politiques, ça ose tout et ça n'a honte de rien.
Le 22 janvier 2015 la Ministre de l'Education Nationale présentait son plan pour l'école : Education, jeunesse, citoyenneté : l'Etat se mobilise. Sans blague?
Sur son compte twitter on peut voir une Marianne souriante enjoignant les enseignants à se mettre "Au boulot!" Indécent, non?
On pouvait espérer qu'à la suite des événements tragiques des 7, 8 et 9 janvier, nos politiques prendraient la mesure de la déshérence dans laquelle ils ont laissé l'école de la République depuis des décennies. Que nenni...
Malgré une annonce ferme (ça, ils savent faire) :"L'école est et sera en première ligne avec fermeté, discernement et pédagogie, pour répondre au défi républicain, parce que c'est son identité et sa mission profonde. Ecole et République sont indissociables. Elles doivent le rester.", force est de constater que cette fois encore la République laissera son école se démerder seule.
Car ce n'est pas le minable petit plan de madame Vallaud Belkacem qui l'aidera à relever le "défi républicain" auquel elle doit faire face.
Dans un inventaire à la Prévert, madame la Ministre décline les actions qu'elle entend mettre en oeuvre. Là où il faudrait un véritable Plan Marshall pour sauver l'école et lui donner les moyens de remplir sa mission, elle égrène des mesures symboliques qui s'avèreront très vite inefficaces :
- Evaluer en CE2 la maîtrise du français chez les élèves
- Transmettre les valeurs de la laïcité par un enseignement moral et civique
- Evaluer les futurs enseignants sur "leur capacité à expliquer et faire partager les valeurs de la République"
- Aider les enfants en situation de pauvreté
- Conforter les rites de l'école : hymne national, devise, drapeau
- Enseigner le fait religieux
- Renforcer l'autorité des maîtres
- Ouvrir l'école aux familles
- Faire du 9 décembre la journée de la laïcité
Du baratin. Rien sur les moyens dégagés. Ah, si! 250 millions d'euros sur trois ans. L'exacte somme qui fut dégagée pour le fonds d'amorçage de la calamiteuse réforme des rythmes scolaires, réforme qui a fichu la pagaille dans nos écoles, empêché de faire de l'animation un véritable métier et mis en péril les associations sportives et culturelles qu'on appelle aujourd'hui à la rescousse.
Rien sur les effectifs déments, en particulier en maternelle, là où, justement devraient se concentrer les efforts pour ce qui est de l'apprentissage de la langue française.
L'école crève du manque de considération et de l'incompétence de tous les politiques, de droite et de gauche confondus, qu'elle a dû subir depuis plus de trente ans.
Non, l'enseignement n'est pas le même dans des classes de 20 élèves et des classes de 30
Non, on ne peut pas à la fois décréter que l'on veut aider les enfants en situation de pauvreté et mettre en place un plan d'éducation prioritaire a minima
Non, on ne peut prétendre "ouvrir l'école aux familles" en laissant celles-ci dans une misère sociale intolérable
Non, on ne peut pas renforcer l'autorité des maîtres en les laissant se débrouiller seuls face à tous les problèmes de la société
Voici bientôt trene ans que les "lanceurs d'alerte" du monde enseignant essaient en vain de dire la réalité de l'école. Nous sommes aujourd'hui devant l'ampleur du désastre que vous semblez seulement découvrir.
Continuez à danser au bal des faux-culs, madame la Ministre, avec vos conseillers et vos experts. Les instits et les profs continueront à faire ce qu'ils ont toujours fait : tenter de tenir la digue avec leurs doigts alors qu'elle prend l'eau de toute part et qu'elle va bientôt s'effondrer.