Le rôle néfaste des agences de notation n'est plus à démontrer. Rémunérées par ceux-là même qu'elles notent, incitant les investisseurs à faire des placements exécrables, privant telle entreprise, voire tel État, de l'accès normal au marché financier en en renchérissant arbitrairement le coût, les agences de notation amplifient les déséquilibres, favorisent la naissance et le développement des crises, tout en s'arrangeant pour que certains de leurs « clients » puissent générer des profits exorbitants.
La classe politique est quasiment unanime à vouloir les réglementer, voire les supprimer en les remplaçant par une agence publique européenne.
Il existe une solution bien plus simple : plutôt que de supprimer les agences, c'est la notation elle-même qu'il faut supprimer.
La notation est, en effet, parfaitement inutile. Un investisseur compétent sait par lui-même quel risque il prend dans une opération déterminée. Les banques possèdent d'ailleurs des équipes d'analystes qui remplissent, bien mieux que les agences de notation, la fonction d'évaluation des risques.
En fait, la notation n'existe que lorsque les autorités politiques ou financières l'exigent : lorsque, par exemple, les assurances ou les mutuelles sont tenues de ne placer leurs avoirs que dans des titres bénéficiant d'une excellente notation. Il suffit de rapporter ces règles, de faire disparaître ce type d'exigence pour que les agences de notation périclitent, leurs prestations apparaissant alors comme dénuées de tout intérêt.
Georges Beisson