Bien des malentendus viennent de ce que, dans la langue française, c’est le même mot de « juif » qui qualifie le peuple et la religion. Que se passerait-il si, de la même manière, il n’y avait qu’un seul mot pour désigner « français » et « catholique » ?
Alors que le peuple juif est plutôt admirable et qu’il a donné naissance à des personnalités exceptionnelles, la religion juive est – comme toute religion – bien plus contestable. On lui doit notamment le concept de « terre promise ». Or ce concept justifie, aux yeux des juifs religieux, tant l’idéologie sioniste que l’impérialisme de l’État d’Israël, et notamment sa politique de colonisation…
Sur la « terre promise », l’ancien testament est intarissable : Ge 15 : 18-21 ; Ex 3 : 8 ; Nb 33 : 50-53 ; Nb 34 : 1-12 ; Deu 1 : 7-8 ; Deu 7 : 1-2 ; Ez 47 : 13-20. Seules varient les limites géographiques du territoire donné par Dieu aux enfants d’Israël.
Voici deux citations :
« En ce jour-là, l’Éternel fit alliance avec Abraham, et dit : Je donne ce pays à ta postérité, depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve, le fleuve d’Euphrate, le pays des Kéniens, des Keniziens, des Kadmoniens, des Héthiens, es Phéréziens, des Rephaïm, des Amoréens, des Cananéens, des Guirgasiens et des Jébusiens » (Ge 15 : 18-21) (traduction Louis Segond, 1910).
« L’Éternel parla à Moïse dans les plaines de Moab, près du Jourdain, vis-à-vis de Jéricho. Il dit : Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur : Lorsque vous aurez passé le Jourdain et que vous serez entrés dans le pays de Canaan, vous chasserez devant vous tous les habitants du pays, vous détruirez toutes leurs idoles de pierre, vous détruirez toutes leurs images de fonte, et vous détruirez tous leurs hauts lieux. Vous prendrez possession du pays, et vous vous y établirez ; car je vous ai donné le pays, pour qu’il soit votre propriété » (Nb 33 : 50-53) (traduction Louis Segond, 1910).
La bible justifie donc le génocide palestinien : pour accéder à la terre, il faut bien évidemment la débarrasser de ceux qui l’habitent ! Nb 33 : 50-53 est, d’ailleurs, tout à fait explicite : « Vous chasserez devant vous tous les habitants du pays » !
On dénonce – et on a raison de le faire – le développement actuel de l’antisémitisme, mais l’antisémitisme ne serait-il pas alimenté par cette confusion de sens que comporte le mot « juif » ? Peut-être suffirait-il de sortir de l’ambiguïté et de remettre un peu d’ordre dans les idées, en reconnaissant, tout à la fois, la dignité du peuple juif et en dénonçant le sionisme le plus radical, celui qui – en niant la dignité du peuple palestinien – est lui-même parfaitement antisémite.