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Billet de blog 29 mai 2011

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Les dirigeants du CAC40 peinent à justifier leurs rémunérations

Ce qui est nouveau lors des assemblées générales de cette année, c’est qu’il leur est demandé de plus en plus fréquemment de le faire : ce qui était exceptionnel il y a seulement deux ou trois ans est devenu habituel aujourd’hui.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce qui est nouveau lors des assemblées générales de cette année, c’est qu’il leur est demandé de plus en plus fréquemment de le faire : ce qui était exceptionnel il y a seulement deux ou trois ans est devenu habituel aujourd’hui. Dans presque toutes les assemblées générales de 2011, il se trouve au moins un actionnaire qui fait une allusion aux rémunérations excessives des mandataires sociaux ou qui pose directement la question de leur montant. Très souvent un parallèle est fait entre l’évolution de ces rémunérations et celle des salaires, minable en comparaison. Et chaque fois la salle murmure et réagit ! Elle est sensible davantage encore à la distribution de stock options, les actionnaires craignant qu’elle déprime le cours de l’action par simple effet de dilution.

Le responsable concerné est bien alors obligé de se défendre. Il le fait généralement assez maladroitement, incitant presque à la compassion par ses propos. Il dit d’abord que le montant en est légal, qu’il ne fait que résulter de l’application du code AFEP-MEDEF, que c’est le Comité des rémunérations qui l’a fixé. Il ajoute que ce montant est parfaitement comparable à ceux des dirigeants des autres entreprises concurrentes de la branche. Il ose même dire parfois qu’il a beaucoup de travail, qu’il se dépense sans compter dans l’intérêt des actionnaires et que sans lui les dividendes seraient plus bas.

Ce que perçoivent ces dirigeants et qui les rend si peu convaincants, c’est que les arguments qu’ils utilisent ne passent pas la rampe. Ils savent très bien que c’est parce qu’ils appartiennent à la classe soi-disant « dirigeante » et qu’ils bénéficient de la complicité des membres des Conseils d’administration et des Comités des rémunérations qui appartiennent à la même classe, qu’ils peuvent indûment ponctionner la substance vive des entreprises.

Ce qu’ils semblent toutefois ignorer, c’est que les arguments qu’ils utilisent sont injurieux : injurieux pour les chercheurs, les universitaires, les magistrats, les réalisateurs, les interprètes qui les valent bien et qui doivent se contenter de rémunérations convenables, certes, mais décentes ! injurieux pour les directeurs d’administration qui fournissent un travail tout à fait comparable au leur ! injurieux pour les ministres ! injurieux, même, pour le président de la République dont la rémunération officielle est loin d’atteindre la leur !

Ils se disent irremplaçables et veulent cacher qu’ils ne le sont pas : on a vu un certain nombre d’entre eux remplacés ces dernières années sans que la société qu’ils dirigeaient en souffrît le moins du monde !

Ce qu’ils devront de moins en moins ignorer en tout cas, c’est que non seulement les actionnaires individuels, mais la population tout entière ne tolère plus les inégalités sociales démesurées dont leurs rémunérations indécentes sont emblématiques. D’autant qu’elles constituent, avec les autres prélèvements injustifiés effectués sur les entreprises (bonus, plus-values, dividendes, jetons de présence), le véritable moteur du système financier et la source même des dysfonctionnements du capitalisme.

Georges Beisson

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