Bonjour Camille
Enfin si,j’ose vous envoyer ce petit mot. Une tentative, je viens de déterrer ce livre dédicacée pour Aurélie, 11 ans après. A l’époque elle avait 18 ans et vous m’aviez fait remarquer que pour elle c’était peut être un peu tôt, aussi je l’ai gardé tout ce temps et relu avant de le lui envoyer. Suite à la relecture, je n’ai pas dormi. Cela m’a rappelé la premièrelecture, puis mon changement de vie à la même époque.
A Paris, en 2000, pour la dédicace, j’étais très intimidé, noyé dans la masse de ceux qui comme moi voulaient rencontrer celle qui provoque tant d’émotions en alignant des mots.
Après tout je peux bien tenter d’envoyer une missive, tester le chemin qui mène à vous, il doit bien être semé de filtres et diverses embûches pour ne pas arriver.
La première fois que j’ai lu ce livre je suis tombé dedans, toi c’était aussi moi. Je me suis reconnu à passer le plus clair de mon temps à me ressourcer en observant ces êtres étranges et mystérieux que sont les femmes. Aussi mystérieuses que la nature qui m’entoure.
Pourquoi à l’école je n’ai pas croisé un prof qui me fasse aimer la force de l’écriture. J’aimerai tant savoir mettre des mots sur tout ce que je perçois et ressent. Les écrivaines m’impressionnent les écrivains aussi.
Hier au soir je suis allé à Brive voir un match de rugby avec le jeune fils d’une amie, je suis rentré tard et dans la nuit pluvieuse et froide, sur une petite route, je suis passé près d’endroits ou j’ai des ruches et j’ai eu une pensée émue comme si c’était mes enfants qui dormaient là. Aujourd’hui des grues sont passées, un 24 décembre ! Cela n’augure rien de bon pour nos abeilles, il y a trois ans, un hiver similaire a vu mourir plus de la moitié des colonies.
Je peux bien envoyer ce mot, après tout j’ai été très sportif, coureur à pied, j’aime le rugby, les livres, la vie. Vous êtes une sœur de la côte, du même coté, je ne trouve rien de mieux à faire cette semaine que de voir si vous écrire est possible. Si cela peut arriver, d’autres envoient des bouteilles à la mer.
J’ai vu sur internet, un bout de votre vie, vous êtes agrégé de l’être et travaillez sur les maux de l’amour, vous jouez sur les mots, moi aussi, je n’arrête jamais, il s’agit pour moi d’une deuxième respiration, cela enlève de la pression en toute situation. Il y a plein de petites choses qui rendent la vie supportable, vos livres par exemple.
J’ai travaillé dans l’industrie vingt ans à Paris et avec la fondation Abbé Pierre j’ai passé le plus clair de mes WE à m’occuper de mes frères SDF et autres sans papiers et de moi par la même occasion ; à faire du sport avec ma fille et les jeunes beurs du quartier. Surtout à voir s’il y avait à voir du coté de mes sœurs les femmes. Tout cela avec un infini respect et beaucoup d’humilité. Aussi je t’ai croisé là bas…
Maintenant, je suis apiculteur. Je me suis inventé un autre emploi et je compte bien contribuer à aider d’autres personnes à faire de même, à la campagne, dans la nature. Justement il y a beaucoup de personnes qui veulent faire certains aspects de ce métier.
J’ai rangé des livres le WE dernier, et je me suis dit qu’il fallait que je vous envoie ce petit mot pour vous dire madame combien j’ai été ému de relire les premières pages de l’un d’entre eux, cette lettre finira bien par arriver dans ces mains là, les votre.
Si elle vous parvient je me promets de faire goûter à tous les facteurs, une saison des miels élaborés par les abeilles, là ou j’ai réussi un atterrissage risqué au départ mais qui s’avère être finalement tout en douceurs.