Je suis à Piacensa pour un congrès apicole en mars 2015 et au cours d'un diner je raconte à mon ami Francesco cette histoire hallucinante de bouses de vache stériles qui empoisonnent les bousiers (coléoptères spécialisés qui s'en nourrissent). Notre agriculture moderne n'étant pas avare en utilisation d'insecticides et notamment en Ariège contre la fièvre catarrhale, les agriculteurs ont eu obligation de traiter les étables, les véhicules, les tas de fumier et aussi à épandre ces produits sur les dos des bovins.
Traiter les bovins avec des insecticides qui migrent ensuite à l'intérieur de l'animal et la nature étant bien faite, ces produits se retrouvent dans les déjections, les bouses, la merde qui alors devient stérile et un poison pour nos coléoptères mangeurs de bouses. Aussi les bouses ne se décomposent pas et finalement cela fait autant de petites surfaces stériles à la culture. Des milliers d'hectares perdus à la culture par ailleurs.
La nature est donc imbibée de ces insecticides, à faibles doses, mais suffisamment pour empoisonner les insectes et notamment les abeilles. Depuis 2008 nombre d'apiculteurs ont perdus pas mal de colonies, certains un peu plus mal situés ont tout perdu.
Cette histoire nous est rapportée par une apicultrice de l'Ariège qui a été au fond d'une analyse très approfondie et de recherches sur plusieurs années.
Le lendemain matin Francesco vient me trouver au petit déjeuner et me demande de lui transmettre les documents relatifs à la présentation faite par cette apicultrice, il m'avoue avoir été très troublé par cette histoire de merde il en a presque pas dormi et en profite pour me raconter deux autres histoires de merde aussi.
Au 18ème siècle à Londres, il n'y avait pas d'égouts et tout était déversé dans le fleuve, une année suite à une sécheresse les eaux étant à un niveau assez bas et n'arrivant pas a évacuer la merde les riches ont rapidement quitté Londres du fait de l'odeur et un bateau avec une centaine de personnes ayant chaviré dans le cloaque elles y périrent. Ce fut alors le moment d'une prise de conscience, plus jamais cela! et l'on se décida outre manche à faire le nécessaire pour que cela ne se reproduise plus et enfin changer de cap en s'intéressant à ce problème d'évacuation et de traitement des "eaux usées".
Au même siècle en France aux Invalides il y avait une immense fosse commune ou était jeté les cadavres et juste à coté en sous sol un immense restaurant juste séparé de la fosse par un mur qui un jour céda noyant les convives dans ce que l'on peut imaginer. Là aussi décision importante, plus jamais cela! les hommes allaient enfin se préoccuper de ne plus connaitre de telles situations et d'éloigner les fosses communes des lieux de vie.
Mon ami Francesco a fait, dans cette histoire d'empoisonnement de la nature en Ariège (sous le contrôle des "autorités"), un parallèle qui lui semble évident entre les deux autres histoires. Il espère que cette histoire de merde va enfin servir à faire prendre conscience de cette manière suicidaire de faire de l'agriculture.
Je lui ai fait transmettre les documents démontrant cette réalité en Ariège et ailleurs, je sais qu'il va avec ses collègues Européens les utiliser afin de continuer à ce battre pour que les choses changent. Francesco me dit qu'en Italie heureusement ils n'en sont pas là ils n'en sont pas à un tel niveau chez eux et tant mieux, et il plaint vraiment les apiculteurs Français.