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Billet de blog 7 septembre 2014

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Adieu Brice

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nous étions une bonne centaine venus des quatre coins du monde pour rendre un dernier hommage à Brice et parmi nous des hommes de la trempe de Fredo qui savent dire les choses.

La Rochelle, le 5 septembre 2014,Par Fredo Villar

     C’est une journée de fin d’été, une journée de septembre, et pourtant elle ressemble à un de ces jours d’hiver où le froid nous engourdit, nous submerge...  et nous renvoie à nos limites.

      L’hiver, ce n’était pas son truc, à Brice. Toute sa personne, toute son énergie était tournée vers le Sud... le Sud de la vie. Là où les Alizées nous caressent, où l’on se sent bien parce que le soleil nous couve comme une mère et l’ombre nous apaise.

     Il lui en a fallu une sacrée paire, à Brice, pour faire ce parcours. Un parcours sans faute. Sans à-priori, sans  préjugé... Fait d’intuitions fortes et de belles rencontres. Sans se trahir, sans transiger avec sa conscience, jamais.

     Brice étant le moins guerrier des hommes, je ne suis pas sûr qu’avec lui, l’armée ait fait une bonne recrue quand à l’âge de 17 ans il s’engageait avec en tête des projets de voyages. Les voyages viendraient ensuite, avec ses amis, avec sa famille, avec sa conception du voyage ressemblant tant à cette citation : « Ne demande jamais ton chemin à celui qui sait, tu pourrais ne pas te perdre. »

    Il lui en a fallu une sacrée paire pour se transporter un beau jour à St-Barth, terre inconnue et si loin de ses bases, pour jouer son va-tout avec un aller-simple, avant que sa Fred, (sa Doudou) et leur premier enfant, ne le rejoignent, une fois par lui leur chemin déblayé.

     Là, il y aura la main tendue par des amis avérés. Il n’oubliera pas - il rendra au centuple. Générosité de Brice, intégrité de Brice. Un instinctif, un mec sans calcul.

     Il lui en a fallu une sacrée paire pour se montrer toujours souriant. Parce que Brice, c’était peut-être avant tout un sourire, pas seulement celui, le beau et rassurant, qu’il affichait sur son visage... mais aussi celui que lui inspirait le monde.

     Il en faut une sacrée paire pour être un gentil dans un univers devenu si hostile, si étriqué, si replié sur de fausses valeurs. Une sacrée paire pour rester discret dans la cacophonie.... Pour demeurer aimant et doux quand tout autour de vous n’est que haussement de voix et concours de muscles.

     Heureusement pour lui, il y avait aussi la nature et qu’elle soit Charentaise, Limousine, Antillaise... elle est bien souvent plus sincère que les hommes qu’elle porte.

       Enfin, il en faut une sacrée paire pour ne jamais se plaindre quand la vie n’est plus que souffrance.

      Saint-Barth, Anse des Lézards, à peut-être 50 mètres de là, les vagues une à une perpétuellement parachèvent leur voyage.

     Devant chez Fred et Brice, il y a cette terrasse qu’il a construite de ses mains. Je me souviens de cette nuit où il m’a dit qu’un arbre avait déterminé sa surface. Pas question pour Brice de sacrifier un seul arbre pour s’approprier le moindre m2.

     Au fil des années, cette terrasse aura vu défiler tout ce que l’Humanité compte de facettes... du Laboureur au Seigneur. 

     Et chacun y aura trouvé un écho.

     On s’y ressourçait, on s’y réconciliait avec soi-même tant l’endroit était apaisant. On y a repeint le monde avec nos propres couleurs. Et puis il y avait la musique. Omniprésente. Si chère à Brice. S’il n’était pas un musicien – il chantait comme une gamelle - il n’en était pas moins un mélomane, avec une sensibilité égale à celle d’un Lester Young ou d’un Jaco Pastorius.

     Avec lui,  certains d’entre nous ont pu, là-bas, repousser  les murs de la nuit et je mesure aujourd’hui combien c’était un privilège.

     Quand ce n’était pas aux Antilles, c’était là où Brice se trouvait qu’il distillait son Humanité... Nous offrant de ces moments qui vous laissent à jamais une  belle empreinte.

     Il est sûr que rien de ce qui est vrai ne disparaît.

     Salut Brice... et à demain.

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