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Billet de blog 26 mars 2014

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petites scènes de la méchanceté ordinaire

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C’est l’été, il est tôt, juste l’heure d’ouverture de la boulangerie et je pars chercher une baguette.

J’habite devant une librairie qui fait aussi bar, elle est  ouverte dès 7heures 30 et au moment de sortir je vois un jeune homme de couleur gravir les marches qui amènent à l’entrée. Je file vers la boulangerie qui se trouve à 50m je prends une baguette et reviens à la maison, sur le retour je vois le même jeune homme de couleur qui est ressorti de la librairie et qui manifestement cherche quelque chose, la rue est déserte à cette heure, il me voit et viens à ma rencontre « pardon Monsieur  savez vous où se trouve le village de Meuzac ? » oui c’est tout droit à 10 km vous ne pouvez pas vous tromper et là je jette un œil vers la librairie et je vois « le libraire* » qui regarde discrètement dans notre direction sur le pas de sa porte mais manque de pot je l’ai vu.

Hé oui, il a refusé de lui donner le renseignement, car il est jeune sans doute et il n’aime pas les jeunes ça je le sais.

Ce jeune homme de couleur cherche en fait le lieu du chantier où il doit se rendre et tous les jours de la semaine il va passer par là et ne s’étant même pas rendu compte de la grossièreté de ce personnage il ira avec un collègue tout les matins pour aller boire un café avant d’aller travailler car dans ce village il y a des gens qui donnent des renseignements.

Magali et Jean Yves ont une petite fille, Magali va acheter du tabac car la librairie fait aussi le tabac et  elle aime rouler ses cigarettes, elle me raconte que le « tabagiste » lui a jeté carrément la monnaie à la figure, normal ils sont tous les deux au RSA.

Thierry est créole, il vient me voir pour un stage en apiculture dans mon village, nous nous sommes donnés rendez vous à 9 heures, il arrive à 8h30 et pour ne pas me déranger il va en face prendre un café. Au village il a remarqué l’imposant château en arrivant et demande au tenancier* avez-vous de la documentation sur ce château ? Réponse « quel château ? ». Là ça ne l’a pas fait, depuis on l’appelle le varroa (parasite des abeilles) et chaque fois que l’on s’appelle il ne manque pas de me demander des nouvelles du « varroa d’en face ».

Un autre jour Thierry est revenu et le Varroa n’était pas là, un panneau sur la porte « la librairie sera fermée cette après midi » on c’est regardé « mais quelle librairie ? » (éclats de rire)

Dans le village il y a aussi l’infirmière qui est très amie avec le libraire*/ tenancier* un jour elle est venue me faire une piqûre prescrite par le médecin (enfin plusieurs, tous les jours suivants) elle est très professionnelle, je ne sens jamais rien, aussi c’est relativement rapide et malgré tout en deux temps trois mouvements elle a réussie à casser du sucre sur les gens au RSA, les étrangers et toute la racaille du monde alors que je ne lui demandais rien. Elle n’a pas trouvée d’oreilles complaisantes à mon endroit, elle n’a jamais recommencé, mais elle bat toute la campagne, alors  là ça doit jaser et abonder.

Aux dernières élections, elle a été élue sur la liste municipale…

C’est promis depuis dimanche je n’irai plus en face acheter Midol, j’irai au village voisin, je ne sais pas si je tiendrais longtemps car je n’ai pas la rancune tenace.

(*) Vends aussi des jeux de hasard, a la mine toujours triste, est plus à plaindre qu’à blâmer et quand même pour un commerçant ce n’est pas très fort. Pathétique et dangereux. Y en a beaucoup des comme ça hélas.

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