Depuis lundi 28 novembre une nouvelle conférence internationale s'est ouverte sur le climat à Durban (Afrique du Sud). Jade Lindgaard nous explique ici pourquoi en parler. Mais pourquoi les associations et ONG en France s'y intéressent-elles? Essentiellement parce que nous sommes parties prenantes des luttes qui concernent Durban!
Partout dans le monde, et spécialement en France, de nombreuses organisations altermondialistes (dont Attac, l'AITEC, etc.) et de solidarité internationale (Survie, le CRID, et ses organisations adhérentes) sont engagées nationalement et localement dans des luttes en lien avec la justice climatique :
- Soit directement, comme pour les luttes concernant l'énergie, le nucléaire, l'extraction des gaz de schistes, la transition énergétique vers une société de faible consommation énergétique, les circuits courts etc.
- Soir indirectement, contre tous ces "grands projets inutiles" gaspilleurs d'espace, d'énergie et de ressources que sont par exemple les projets du "grand aéroport international de Notre Dame des Landes ou les projets d'autoroutes supplémentaires et de lignes à grande vitesse.
Avec nos forces et nos limites, nous tentons de réaliser des convergences entre toutes ces résistances, nationales, internationales, et les luttes locales, par exemple pour la relocalisation des activités (circuits courts, AMAP, etc.). Attac avec ses comités locaux a eu ainsi un rôle important dans l'organisation du contre G20, à Nice, et du contre G8, au Havre, avec à chaque fois de nombreuses interventions sur les questions écologiques (énergie, climat en particulier). En même temps ses nombreux comités locaux préparent le Forum Alternatif Mondial de l'Eau (FAME) à Marseille du 14 au 17 mars prochains.
Pourquoi sommes-nous présents à Durban ?
Nous sommes engagés dans le suivi des négociations et la construction d'un mouvement citoyen pour la justice climatique depuis 2008 dans le cadre du réseau international d'organisations CJN!
CJN! (ou Climate justice now!) est un réseau international d'associations écologistes (Amis de la Terre international) et de mouvements sociaux (Via Campesina...), qui dès la conférence de Bali (2007), se sont regroupés pour sortir d'une logique de lobbying et construire un mouvement citoyen international qui puisse peser sur les négociations climatiques.
C'est dans ce cadre, et en utilisant toutes les informations que nous recevons, que nous avons préparé la conférence de Copenhague et le forum alternatif (100 000 personnes). La conférence de Copenhague a été sur-médiatisée du fait de la présence de très nombreux chefs d'état. Les résultats de cette conférence ont été très décevants, pour les ONG qui pensaient que le lobbying allait finir par aboutir. Elles ont été un échec, répété à Cancun. Mais ce n'est pas une raison pour ne pas abandonner le combat et pour croire que seules les actions locales peuvent infléchir la crise de manière significative.
Nous pensons au contraire que la crise climatique globale est, elle, dramatique même si les négociations internationale ne sont plus là pour accroitre la dramatisation. Nous avons plus que jamais à tenir les deux bouts de la lutte : les luttes locales sans lesquelles les transitions ne seront pas possibles, les luttes globales qui renforcent à la fois les luttes locales et la pression sur l'ONU, malgré tout seule instance pouvant susciter et légitimer un traité international contraignant.
Comme l'essentiel des mouvements de CJN !, nous défendons à Durban une stratégie "dedans-dehors" : nous sommes accrédités pour être dans la conférence de l'ONU, nous participons aux réunions de CJN! à l'intérieur de l'ONU et à l'extérieur, et nous participons au forum alternatif des mouvements sociaux, en tentant de faire converger, comme à Copenhague et Cancun ceux qui, dans les délégations des États, se battent pour une justice climatique et un traité à la hauteur de la situation et ces mouvements. De même, et ce fut une conséquence des mobilisations de Copenhague, même si nous n'étions pas présents, nous sommes partie prenante de la déclaration du sommet des peuples de Cochabamba.
Geneviève AZAM (membre du Conseil d'administration et du Conseil scientifique de Attac-France)
Georges MENAHEM (membre du Conseil scientifique de Attac-France)
Voici, en plus de l'article de Jade Lindgaard (en http://www.mediapart.fr/journal/international/271111/climat-la-victoire-des-egoismes-nationaux) et des documents déjà présents sur Médiapart, quelques documents d'analyse et de compréhension de Durban et des autres réunions internationales sur le Climat
- Décryptage des enjeux de Durban : Cancun avait entériné Copenhague, Durban risque d'enterrer Kyoto. Occupons Durban et la COP-17 ! (fichier .pdf)
- Communiqué de l'Aitec et d'Attac France : Durban : face à l'emballement climatique et l'inaction gouvernementale, occupy COP-17 !
- Communiqué de la Via Campesina : L'agriculture industrielle met la planète en surchauffe! Les paysans la refroidissent!