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Billet de blog 21 juin 2010

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Vuvuzelas, hélas !

On ne parle que d'elle, on n'entend qu'elle: la vuvuzela, c'est le moins qu'on puisse dire, fait un bruit d'enfer. Depuis le début du Mondial, elle est devenue la bande-son de l'événement footballistique, son buzz et son symbole, en même temps que l'objet de toutes les polémiques.

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On ne parle que d'elle, on n'entend qu'elle: la vuvuzela, c'est le moins qu'on puisse dire, fait un bruit d'enfer. Depuis le début du Mondial, elle est devenue la bande-son de l'événement footballistique, son buzz et son symbole, en même temps que l'objet de toutes les polémiques.

Les doléances affluent de toutes parts, et la grogne s'amplifie chaque jour davantage. Au bord de la crise de nerfs, certains demandent son interdiction pure et simple, d'autres dénoncent le racisme rampant de ses opposants et évoquent un phénomène culturel parfaitement respectable. On en est là. L'objet du scandale, ladite vuvuzela, n'est pourtant qu'un tube en plastique à deux balles, la trompette du pauvre labellisée Fifa telle qu'on la pratique dans les gradins des stades de la nation arc-en-ciel.

Mais quand des milliers de Sud-Africains embouchent (de concert) l'instrument, c'est un grondement assourdissant et ininterrompu qui monte des profondeurs du continent, un vrombissement monstrueux, le mugissement de l'Océan en furie, le barrissement d'un troupeau d'éléphants en folie. Cela pourrait atteindre plus de 120 décibels, selon les experts en nuisances sonores, et s'avérer nuisible pour la santé. La plupart des équipes sur le terrain se disent exaspérées, déstabilisées, déconcentrées. «Ça nous empêche de communiquer entre nous et avec notre sélectionneur», se lamente Yoann Gourcuff. Raymond D. et les Bleus victimes expiatoires des vuvuzelas? Tout s'explique! Les commentateurs sportifs, quant à eux, sont en état de choc, tandis que les marchands de bouchons d'oreille se frottent les mains. Devant sa télé, chacun peste contre l'entêtant et insidieux bruit de fond qui ne s'arrête jamais. Mon voisin me disait avoir cru tout d'abord qu'un essaim d'abeilles ou de frelons asiatiques avait élu domicile sous son écran plat! Et ce, au moment même où sont organisées en France les Journées nationales de l'Abeille sentinelle de l'environnement (Api-days)...

Sous l'œil des caméras, on a pu voir l'impayable et calamiteuse Rama Yade, autre fine mouche, souffler dans la corne australe, ou tout au moins s'y essayer. A l'issue du prochain conseil des ministres, les membres du gouvernement réunis sur le perron de l'Elysée, les Fillon, Hortefeux, Besson, Lagarde, Woerth, Kouchner, Chatel et consorts, pourraient suivre son exemple pour sonner tous ensemble l'hallali de la retraite à 60 ans. C'est comme si la communication présidentielle passait désormais par les vuvuzelas: beaucoup de bruit pour rien. Enfumer, assourdir, chloroformer, décerveler, abrutir...

Soixante-dix ans après l'appel du 18 juin, si clair et claironnant, le brouillage règne en maître. Sarkozy célébrant à Londres la mémoire du général De Gaulle, c'est bien l'hommage du vice à la vertu !

Michel BOUJUT

P. S. « Gommée » depuis sur TF1 et Canal, la vuvuzela nous manque déjà !

Chronique parue dans la « Charente Libre » du 19 juin.


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