Il y a 10 ans, le 13 janvier 2013, un assassinat à caractère terroriste et sexiste a enlevé la vie à trois militantes emblématiques de la cause kurde : Sakine Cansız (Co-fondatrice du PKK, Parti des travailleurs·ses du Kurdistan), Fidan Doğan (affectée aux activités diplomatiques du mouvement) et Leyla Söylemez (militante dans les rangs des organisations de la jeunesse kurde). Depuis lors, la justice n’a pas pu être rendue car les gouvernements français successifs refusent de lever le secret-défense qui permettrait à la justice de poursuivre son travail d’investigation. Le 23 décembre 2022, c’est Emine Kara (responsable du mouvement des femmes kurdes en France) qui a perdu la vie. Le caractère terroriste de la fusillade n’a pas été reconnu. Empêchant ainsi que des moyens plus importants soient débloqués pour faciliter le travail de la police et de la justice. Ces entraves ne sont pas des faits isolés. Ce sont des pattern, des modalités de dysfonctionnements qu’on retrouve de manière récurrente dans le traitement des assassinats de femmes politiques.
Le féminicide est un crime politique parce que tuer une femme parce qu'elle est une femme est un choix politique. Le féminicide politique se produit lorsque la victime est tuée à cause de son engagement, par exemple en tant que militante pour le droit à la terre. Mais comment définir ce qu'est une femme "militante" ou "politique"? C'est le défi auquel ont été confrontées les journalistes et chercheuses du collectif 'Femmes à abattre' dans leur enquête sur les féminicides politiques. Elles ont travaillé avec des datajournalistes et une équipe d'expert-es pour valider leurs résultats et établir des critères pour déterminer si un assassinat était motivé politiquement et genré.

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Les victimes recensées étaient principalement des femmes militant pour les droits des femmes, mais aussi pour les droits LGBTQ+ et les droits humains en général. Les féminicides politiques sont souvent le résultat d'un continuum de violence, y compris des menaces et du harcèlement en ligne, qui sont souvent genrés et destinés à ternir la réputation de la victime. Les femmes activistes sont régulièrement la cible de ces violences, qui peuvent conduire à leur assassinat malgré des plaintes à la police.
Le travail de ces journalistes et chercheuses est crucial pour mettre en lumière la réalité des féminicides politiques et demander leur reconnaissance en tant que crime. Leur enquête a également mis en évidence l'échec des autorités à protéger les femmes après avoir signalé des menaces, ainsi que le manque de poursuites et de condamnations pour les auteurs de ces crimes. Mais malgré ces obstacles, les activistes continuent de se battre et de faire entendre leur voix. Les femmes ne seront pas réduites au silence, comme l'a montré l'exemple de Marielle Franco au Brésil.
L'épisode 3 de #lutteskurdes est à retrouver sur toutes les plateformes de podcast et sur Youtube