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Billet de blog 17 février 2025

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VICTOR HUGO TOUJOURS BIEN PRESENT

Evoquer Victor Hugo en cette année du 140ème anniversaire de sa mort, c’est porter un regard sur la présence d’un homme, hors du temps, de tous les temps, donc bien présent aujourd’hui, pour nous éclairer dans nos réflexions et actions.

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Victor Hugo nous a déjà tenu la main à l’école primaire en nous invitant à sympathiser avec l’ami Quasimodo, devenu notre compagnon de route, avec Cosette notre amie que l’on a souvent accompagnée pour partager ses émotions, sa sensibilité. Il a aussi été à nos côtés durant nos années collège, pour nous transporter par la beauté de l’écriture dans ses recueils de poèmes comme les Contemplations, les Orientales, et bien sûr ses romans. Au lycée nous l’avons retrouvé pour la découverte d’œuvres au service de ce nouveau style littéraire porté par l’auteur : le romantisme. Sur le fond, la relation avec Hugo par ses écrits a aussi été un grand moment d’histoire, de compréhension, de réflexion sur toutes les formes de pouvoirs, et se projeter comme lui sur un monde idéal qu’il a souhaité construire par ses engagements, ses écrits, ses actions en qualité de Pair de France, d’académicien, de député si bien rapportées dans l’ouvrage : Actes et Paroles.

Hugo est toujours là dans notre quotidien. Déjà par ses citations qui souvent accompagnent les propos d’hommes et de femmes engagés, comme Robert Badinter, Simone Weil, par la découverte de créations artistiques inspirées par ses œuvres mais aussi par le plaisir de le retrouver dans ses parcours, ses voyages, ses écrits. Si l’on met en relation notre époque, notre actualité avec les pensées et réflexions de Victor Hugo, de nombreuses pistes se présentent à nous pour traduire en engagements les défis à relever afin d’aller vers un monde plus solidaire, plus humain, plus partagé.

Quelques citations illustrent avec force et pertinence ce regard engagé de l’auteur :

Sur l’engagement politique « ce qui est honteux c’est de changer d’opinion pour son intérêt et que ce soit un écu ou un galon qui vous fasse brusquement passer du blanc au tricolore et vice et versa ». Littérature et philosophie mêlées 1834

Sur l’intégrité des ministres : « O ministres intègres, conseillers vertueux voilà votre façon de servir, serviteurs qui pillez la maison » Ruy Blas 1838

Sur l’Europe idéale : « l’assemblée des Etats Unis d’Europe arbitre de de la civilisation, sortie du suffrage universel de tous les peuples du continent, traiterait et réglerait en présence de ce majestueux mandant, juge définitif, et avec l’aide de la presse universelle libre, toutes les questions de l’humanité et ferait de Paris au centre du monde, un volcan de lumière » Actes et parole tome 2 Pendant l’exil 1875

Sur la République : « la République sera la sainte communion de tous les français dès à présent, et de tous les peuples un jour dans le principe démocratique ; fondera une liberté sans usurpations et sans violences, une égalité qui admettra la croissance naturelle de chacun, une fraternité non de moines dans un couvent, mais d’hommes libres, donnera à tous l’enseignement comme le soleil donne la lumière » Actes et paroles tome 1 Avant l’exil 1848-1849

Sur la presse : « Messieurs la presse est la clarté du monde social et dans tout ce qui est clarté, il y a quelque chose de la providence. Le diamètre de la presse, c’est le diamètre même de la civilisation » Actes et Paroles tome 2 Pendant l’exil 1862

Sur l’amnistie des communards : « oh je suis avec vous ! j’ai cette sombre joie Ceux qu’on accable, ceux qu’on frappe et qu’on foudroie M’attirent je me sens leur frère » L’année terrible 1872

Sur la peine de mort : « La société ne doit pas punir pour se venger. Elle doit corriger pour améliorer » Discours Assemblée Nationale 1848

Découvrir Victor Hugo c’est aussi le suivre dans son parcours qui dès sa plus tendre enfance a été mouvementé sous l’influence de son père général d’empire. Sa mère sera un encouragement et un soutien. Trois lieux ont marqué cette période : Besançon son lieu de naissance le 26 février 1802 puis Paris et Madrid. Par la suite au fil des ans, de ses engagements politiques, des pressions et menaces qu’il subissait, Hugo après avoir séjourné plus de 16 ans à Paris dans un appartement de la place des Vosges en tant que propriétaire doit s’expatrier en Belgique puis à Jersey et enfin Guernesey où il vécu 16 ans dans une maison acquise grâce au succès commercial des Contemplations. Trois de ces lieux devenus musée, sont aujourd’hui la possibilité de mieux connaître Victor Hugo, son œuvre, ses engagements. Leur visite est aussi une plongée dans l’univers artistique de l’écrivain.

Maison place des Vosges : cette maison nous permet de parcourir l’appartement où vécu Victor Hugo avec sa famille. Sa visite nous fait découvrir son cabinet de travail, le salon chinois, la salle à manger et donc les lieux de vie où il a écrit quelques unes de ses œuvres, où il a reçu ses amis et maitresses. Des expositions temporaires ont lieu pour en savoir plus sur la vie de l’auteur, ses talents cachés comme la peinture, ses influences sur la vie parisienne, ses relations, ses passions. Des présentations d’éditions originales de l’écrivain, des peintures et sculptures, lui rendent hommage. Et nous pouvons accéder à l’escalier de service que Hugo prenait lorsqu’il souhaitait entrer et sortir en toute discrétion. Dans la cour intérieure une copie en résine de la Fontaine aux serpents que Hugo a transporté jusqu’à Guernesey.

Maison natale à Besançon : cette maison par ses expositions évoque ses combats sous forme de scénographie contemporaine.

Maison de Guernesey, Hauteville House. C’est la maison de son exil. Il s’agit du principal lieu d’écriture de nombreuses œuvres : les Misérables, les Travailleurs de la Mer, La légende des siècles. Cette maison de trois étages est une véritable œuvre d’art par les aménagements et décors tous conçus et réalisés par Hugo.

Maison Victor Hugo à Cuba : c’est un lieu culturel mais aussi un hommage à au poète pour ses soutiens aux femmes cubaines.

Victor Hugo revient en France en 1870 au lendemain de la proclamation de la 3ème République. Il décède le 22 mai 1885. Des millions de personnes du monde entier assisteront à ses funérailles nationales. Le Panthéon devient pour l’accueillir la dernière demeure des hommes et des femmes ayant marqué l’histoire de France.

Victor Hugo utilisait le point et le poing pour rythmer son propos et non y mettre un terme. Pas de point final chez Hugo mais une continuité, un point de rencontre avec l’histoire passée, présente et à venir. Donc pas de conclusion pour cette évocation mais le renvoi à notre conscience pour agir comme il le traduisait si bien au quotidien et dans ses écrits.

Dans L’homme qui rit Hugo nous dit « Moi je serai le secours, moi je serai la dénonciation, je serai le verbe du peuple » et dans les Misérables « faire le poème de la conscience humaine, ne fut ce qu’à propos du plus infime des hommes, ce serait fondre toutes les épopées dans une épopée supérieure et définitive ».

Ces mots forts sont là pour poursuivre notre chemin en compagnie du grand Hugo pour partager avec lui valeurs et engagements. Un souhait qu’il exprime dans les Contemplations « Ma vie est la vôtre ; votre vie est la mienne, vous vivez ce que je vis, la destinée est une ».

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