Nous sommes plongés en pleine apocalypse capitaliste : année après année les révélations ont explosé, Offshore Leaks (2013) China Leaks (2014) Panama Papers (2016) Bahamas Leaks (2016) Football Leaks (2016) Money Island (2017) Malta Files (2017) Paradise Papers(2017) Dubaï Papers (2018) FinCEN Files (2020) OpenLux (2021) et maintenant Pandora Papers (2021).
Cette fois, au total, avec « Pandora », il s’agit de la révélation de 10 000 milliards d’euros de fraude fiscale, venus du monde entier, l’équivalent du PIB européen ou de 5 fois le PIB de la France.
600 journalistes de l’ICIJ (International Consortium of Investigative Journalists) ont constitué un réseau mondial d’enquête et d’information sur la fraude et l’optimisation fiscale. Leurs travaux, publiés dans 150 médias du monde, sont irréfutables et d’ailleurs incontestés, les « Pandora papers » c’est 12 millions de pages de document secrets, 2,9 tétraoctets de courriels et titres de propriété, des sources dans 117 pays, c’est l’épluchage de 29 000 comptes anonymes et sociétés écrans dans 14 paradis fiscaux (Iles Vierges britanniques, Bahamas, Bermudes, Jersey, Dubaï, Singapour, Panama, Seychelles, Luxembourg, Irlande, Malte, Delaware, Dakota du sud…). Tout cela débouche sur la mise en cause de 35 chefs d’État (du roi Abdallah II à Tony Blair) et de 336 officiels de haut niveau, une centaine de milliardaires, des milliers de personnalités et de grandes entreprises. Ça vient de loin : « En 2010, rappelle Fabrice Arfi dans Mediapart, le FMI avait évalué que le bilan cumulé des petits paradis fiscaux insulaires – donc pas l’intégralité des paradis fiscaux de la planète – s’élevait à 18 000 milliards de dollars, c’est-à-dire le tiers du PIB mondial de l’époque. Au moment où le FMI sonnait l’alarme, l’institution était dirigée par... Dominique Strauss-Kahn ».
Les projecteurs sont braqués en pleine face du système, sur une corruption criminelle de masse, ancienne, avérée, fondée sur le secret, afin de faire obstacle la justice, à la démocratie et piller les fruits du travail. Gabriel Zucman le dit ainsi « les paradis fiscaux, c’est 1 % de la population mondiale, 2 % du Pib mondial, et les banques européennes y enregistrent 25 % de leurs profits. »
Dix ans après l’affaire Cahuzac ..
Un autre ministre du budget, néerlandais, Wopke Hoekstra, se trouve pris la main dans le sac, avec la même fourberie : il a investi dans une société écran, dans les Iles Vierges britanniques dans une société qui vend des safaris en Afrique. En 2021, le scandale « Luxleaks » révélait que 15 000 Français détenaient 100 milliards cachés au seul Luxembourg. Les grandes entreprises françaises, comme Total, les grandes banques françaises comme BNP Parisbas, Société Générale, Crédit Agricole, sont en première ligne de « l’évitement fiscal » qui prive notre pays de plusieurs milliards de ressources par an. Il n’existe aucun justificatif, aucune sorte d’éthique à tout ça, c’est purement intolérable : le classement des 500 plus grandes fortunes de France par Challenges avait révélé en juillet 2021 que leur enrichissement, en temps de crise sanitaire et économique, était plus qu’indécent. Leur patrimoine cumulé a augmenté de 30 % en un an, pour frôler les 1 000 milliards d’euros. Sur dix ans, la fortune des milliardaires français a gonflé de 439 %. Il y a 109 milliardaires, contre 95 en 2020 et 51 en 2011. La fortune des 10 Français les plus riches est supérieure de 100 milliards à celle des 490 autres grandes fortunes françaises. Entre mars 2020 et mars 2021, les milliardaires français ont gagné 170 milliards d’euros – soit deux fois le budget de l’hôpital public ! ».
Tous ces chiffres sont astronomiques, au dessus de l’entendement.
Macron et de son monde sont restés silencieux à l’annonce de ces forfaitures.
Or il s’agit d’hôpitaux et d’écoles en moins, il s’agit de vies et de morts, il s’agit de l’équilibre de notre société, il manque au moins 600 milliards à la France. L’argent n’est pas « magique », il n’est même plus « caché », on sait où il est, qui le détient, au centime prés, et on sait que c’est de l’argent volé à la République, au travail, aux citoyens, aux salariés, aux pauvres et aux chômeurs. Avec cet argent on a des milliers de lits et de soignants en plus, on a des milliards pour la recherche, on a des classes de 15 éléves et tous les professeurs bien payés qu’il faut, on a des transports publics, on a une Sécurité sociale étendue, on a des emplois à 32 h par semaine, on a de bons salaires, de bonnes retraites, on a la culture, le loisir, le bien être.
Récupérer cet argent est facile, c’est une question de volonté politique :
Macron ne veut pas, mais on peut le chasser et l’imposer.. si la gauche s'unit.
Il est possible de légiférer pour que toute entreprise industrielle, commerciale et bancaire, siégeant en France déclare de façon transparente tous ses avoirs ou qu’ils soient dans le monde sous peine de lourdes sanctions financières contre elle et ses dirigeants.
Il s’agit d’interdire la sous-traitance sur plus d’un niveau et ainsi toutes les cascades impénétrables de filiales – frappées de présomption de fraude.
Il s’agit de modifier dans les lois tout ce qui permet la prétendue « optimisation fiscale » réservée aux avocats des riches et multinationales. Et pas de marchés publics aux fraudeurs.
Il s’agit que chaque citoyen de nationalité française, individuellement où qu’il soit sur la planète, soit contraint de déclarer la totalité de ses revenus et avoirs au fisc français.
Il s’agit de donner les moyens d’investigation aux administrations des impôts en nombre d’enquêteurs financiers spécialisés, de « hackers » : car ce que 600 journalistes de l’ICIJ peuvent faire, nos services publics professionnalisés des impôts doivent pouvoir faire encore mieux.
Il s’agit de lever au grand jour le secret des affaires, le secret commercial et bancaire.
Il s’agit d’établir une véritable progressivité de l’impôt direct avec un seuil de revenus limité à 20 fois le Smic.
Il s’agit de sanctionner lourdement les délinquants avérés avec des peines d’amendes et de prison suffisamment dissuasives. Il s’agit de donner les moyens au parquet financier pour appliquer les lois fiscales. L’accord international du G20 du 10 juillet 2021 sur le seuil minimum d’imposition des multinationales à 15 % doit être absolument relevé.
La pandémie a fait un million de nouveaux pauvres en France et 150 millions dans le monde.
Le capitalisme est un système impitoyable qui accroît inexorablement les inégalités puisque à ce jour, 8 humains possèdent davantage que la moitié la plus pauvre de l’humanité. Renverser ce système est nécessaire mais taxer les plus riches est un premier pas dans cette voie.
Selon un sondage récent les deux tiers des Français demandent au gouvernement de taxer les grandes fortunes. Les consciences évoluent dans le monde, des milliards d’humains sont maintenant en mesure de connaître la situation réelle de la boite de Pandore. Impunité et hypocrisie des spéculateurs, accapareurs, voleurs suscitent la colère des masses. Savoir ce qui se passe change tout : car les mensonges des libéraux sur l’économie réelle sont tout bonnement démasqués. Comme exiger des peuples qu’ils subissent le changement climatique et les inégalités, le joug du remboursement de dettes factices et des politiques d’austérités qui n’ont aucune justification ?
Que la boîte de Pandore explose !
Gérard Filoche
L'évasion fiscale expliquée aux français, Gérard Filoche - 11 févrie... https://youtu.be/z1MJE9lJtFE via @YouTube Illustrations
La couv’ de la « dette indigne »