La pandémie ne nuit pas à tout le monde. Le journal Les Échos du 1er décembre titre en Une : « Le CAC 40 boucle son meilleur mois en plus de trente ans ». On peut lire dans la suite de l’article : « Avec un bond de plus de 20 %, l’indice phare de la place parisienne a réalisé en novembre sa meilleure performance mensuelle depuis février 1988. Toutes les sociétés membres de l’indice ont terminé le mois dans le vert ». Les premiers de cordées boivent et les premiers de corvées trinquent…
Le CAC ou la vie ?
« En vingt ans, les dividendes des entreprises du CAC 40 ont augmenté de 265 %, presque quatre fois plus vite que leur chiffre d’affaires et dix fois plus vite que leur effectif mondial », dénonce l’Observatoire des multinationales. Leur effectif en France a baissé dans le même temps de 12 %. Aujourd’hui, ils annoncent 60 000 suppressions d’emplois sans parler des conséquences sur leurs sous-traitants.
Pourtant, toutes les firmes du CAC 40 ont bénéficié d’énormes aides directes et indirectes dans le cadre de la crise sanitaire. En plus du chômage partiel, des prêts garantis par l’État et des reports de charges, il y a eu les plans de sauvetage et de relance sectoriels, les apports en capitaux pour protéger des entreprises stratégiques et la baisse de 20 milliards d’euros d’impôts de production. Cette manne a été distribuée par Emmanuel Macron et Bruno Le Maire sans la moindre contrepartie. Seulement huit des 40 sociétés ont renoncé au versement de dividendes. Les rémunérations patronales se maintiennent à des niveaux records, avec une moyenne de 5,5 millions d’euros.
Le bonheur du CAC 40 fait le malheur des autres. Avec 800 000 chômeurs de plus, le « halo » du chômage va atteindre sept millions de personnes. Bien qu’il y ait plus de 10 millions de pauvres en France, le gouvernement a décidé de bloquer le RSA et le Smic. La moitié des 23 millions de salariés occupés sont en dessous de 1 700 euros mensuels. Même les trois millions d’indépendants sont frappés de plein fouet, puisque 16,6 % d’entre eux sont passés en dessous du seuil de pauvreté. Le dossier de ce numéro de D&S revient sur cette insoutenable vague de licenciements et de pauvreté.
Darmanin, démission !
Pas de surprise : pour maintenir un tel niveau d’inégalités, il faut un haut niveau de violence. Un système aussi brutal de pillage du travail par le capital exige une répression féroce empêchant les oppositions de s’exprimer et de faire florès. Qui veut faire du Hayek, doit se préparer à faire du Pinochet…
D’où les dizaines de milliers de blessés graves, de personnes passées à tabac, nassées, arrêtées, jugées et condamnées arbitrairement. Le régime autoritaire de Macron ne tient que par sa police et cette police déchaînée, gangrenée par le racisme et par des syndicats fascisants liés au RN, s’abandonne à tous les excès. La vidéo du tabassage de Michel Zecler par des policiers se croyant manifestement au-dessus des lois de la République a légitimement bouleversé le pays. « Qui nous protège donc de la police ? », se demandent, inquiets, des millions de citoyens. Certainement pas Darmanin qui couvre le scandale et maintient en place le préfet Lallement. Le ministre de l’Intérieur, qui a décidément une étonnante conception du maintien de l’ordre, doit démissionner.
Relever la tête
Le début d’un soulèvement de masse contre les abus de la répression policière, le 28 novembre et le 5 décembre, change la donne. Le couvercle est toujours posé sur la cocotte-minute, mais la vapeur est montée brusquement. Cette fois, toute la gauche sans exception s’est retrouvée ensemble dans la rue et a voté de concert à l’Assemblée nationale contre la loi scélérate dite de « Sécurité globale ». Quel gâchis qu’il n’en soit pas toujours ainsi ! C’est l’actuel refus d’une plateforme commune et d’un front unique d’action permanent de toute la gauche qui maintient le pouvoir macronien le tête hors de l’eau .
Bonnes fêtes de fin d’année à toutes nos lectrices et tous nos lecteurs !