La ministre macroniste de l’industrie, Agnès Pannier-Runacher a eu les honneurs de presque toute la presse et elle mérite en effet le pompon : «J’aime l’industrie parce que c’est l’un des rares endroits où l’on trouve encore de la magie au XXIe siècle. La magie de l’atelier où on ne distingue pas le cadre de l’ouvrier, pas l’apprenti de celui qui a trente ans d’expérience, où l’on ne distingue pas celui qui est né en France de celui qui est arrivé par l’accident d’une vie (sic)».
Pour oser dire ça, il faut avoir un président capable lui-même de déclarer : « Le compte pénibilité ? Je n’aime pas le terme donc je le supprimerais car il induit que le travail est une douleur » et aussi : « La vie d'un entrepreneur est plus dure que celle d'un salarié ».
Quelle « magie » dans le travail à la chaine ? Sous le diktat des objectifs chiffrés et du rendement ? Magie de la souffrance physique et mentale ? Du management et d’une hiérarchie stressée par les résultats ? Magie des horaires décalés, du travail de nuit, et des heures supplémentaires impayées ? Manque d’ergonomie, postes de travail inadaptés ? Monotonie des gestes répétitifs ? Préjudice d’anxiété sur l’exposition aux risques professionnels ? Accidents et maladies du travail ? Harcèlement sexiste, raciste, ethnique ? Magie de l’insécurité de l’emploi, du chantage au chômage ? Magie du travail dissimulé, des « travailleurs détachés » sous-payés ?
On ne « distingue pas le cadre de l’ouvrier » ? Oui c’est vrai car ils n’ont tous les deux que leur force de travail à vendre, mais elle n’est pas payée pareil et les bas salaires n’ont rien de magique mais tout de l’injustice et de la surexploitation. Par contre les patrons savent distinguer « celui qui est né en France de celui qui est arrivé par l’accident d’une vie » car ils en profitent pour le payer plus mal.
« Notre pays tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies rémunèrent si mal » avait essayé de dire Macron, la seule « magie », c’est qu’ils ne soient pas encore en train de faire la révolution.
Gérard Filoche