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Billet de blog 28 décembre 2012

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Les Naï ou la naissance d'une légende

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Dans la mythologie grecque, les Naï étaient les divinités des sources et des fontaines. Dans les Alpes du Dauphiné ce sont de petits bassins de plein champs, ou en bordure des jardins, à l'eau courante, dans lesquels on faisait tremper les fagots de chanvres (les massoun) avant de les faire sécher pour en extraire la filasse qui servait à confectionner des cordes et des toiles.

Ces bassins, appelés aussi bassins de rouissage, parsèment encore les abords des hameaux de la commune de Valjouffrey au sud de l'Isère à la frontière nord de l'ancienne Occitanie. Le temps passe et les Naï disparaissent peu à peu du paysage et de la mémoire des hommes. Par manque d'entretien ils se comblent progressivement et se transforment en mares ou en zones humides. Certains ont complètement disparu.

Pour retrouver leurs traces, il faut se rendre dans le grenier de la mairie. Là, l'ancien cadastre datant du second empire, dessiné à l'encre de chine et colorié au lavis de couleurs, cartographie tous les Naï de la commune par de petits rectangles bleus. (photos ci dessous)

 Les témoins oculaires de ces traditions ancestrales se font rares. Aujourd'hui très âgés, ils ont un souvenir très clair des différentes phases du travail du chanvre, de la culture au teillage en passant par le rouissage et le séchage.
Naï, chenevotte, chandilloun, massoun, fillasse sont autant de mots magiques qui ressurgissent des mémoires des anciens, évoquant un temps où l'économie était intimement liée à la vie domestique de tous les jours.

Partant d'une véritable lecture poétique du paysage on peut encore cheminer auprès des Naï encore visibles sur le terrain. Au delà des villages, dans un environnement sauvage de torrents fougueux et de cascades éthérées, l'eau claire des Naï nous dévoile peu à peu le génie du lieu.

NB: Le mot Naï est un mot du patois local (mélange de Franco-Provençal et d'Occitan) et à ce titre n'a pas d'ortographe précise, c'est pour cette raison qu'il n'y a pas de S au pluriel.

NB2: Le laboratoire  du CNRS "Parole et language" de l'université de Provence mène, depuis 2009,  une étude sur le patois atypique de notre vallée.

GJ

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