Un de mes premiers soucis ce matin est de sortir chercher du feu pour allumer une cigarette. Les soldats qui nous ont reçu hier partent en avant, d'autres doivent venir les remplacer. Je fais un tour dans la cour. Les objets saisis aux soldats allemands sont abandonnés. Je ramasse des ciseaux, les couteaux, les rasoirs, des lames, des crayons. Après la toilette nous sortons pour faire un tour en ville et nous occuper de notre ravitaillement. Nous rencontrons des camarades. Ils ont des réserves importantes. Nous devrons manger avec eux.
Finalement ça ne s'arrangera pas. En ville et partout va se poser la question du pain. On fait la queue aux boulangeries. Je suis retourné à la Military police chercher nos vestes rayées, ce sont de véritables "laissez-passer"! Le rayé à la cote. Nouvelle rencontre d'autres camarades. Eux aussi ont des réserves de conserves, ils nous invitent, nous acceptons. Ils sont établis dans des baraques, regroupés, forment un camp de français près du camps des prisonniers de guerre français. Arrivé au camp nous rencontrons effectivement de nombreux anciens de junkers. Et, comme nous, d'autres camarades arrivent à tout moment. Desfontaines, un des premiers arrivés, a pris les intérêts collectifs en mains. Le ravitaillement provenant des stocks de l'armée allemande, celui donné par les prisonniers de guerre, est distribué à ceux qui n'ont rien. Nous mangeons au camp. Le soir nous nous y installons définitivement.