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Billet de blog 31 mars 2008

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Du plein emploi de l'illusionisme

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Abandonnées les promesses sur la croissance et le pouvoir d'achat ! Il faut trouver un autre slogan fédérateur. Il semble que le "plein emploi" soit promis à un brillant avenir médiatique. Rendez-vous compte : un gouvernement qui parvient, grâce à des mesures "structurelles", "de fond", à "moderniser" à ce point le marché du travail que le chômage est devenu supportable, puisque 5 %, c'est ce que l'on appelle aujourd'hui le "plein emploi". La formule est magique, pourquoi s'en priver ?

Prestidigitation !

Rappelons que les statistiques du chômage ne concernent que les demandeurs d'emploi de catégorie 1, c'est à dire les personnes physiquement aptes et immédiatement disponibles pour occuper un emploi à temps plein et à durée indéterminée.

Disparaissent de cette catégorie toutes les personnes qui, faute de mieux, acceptent un emploi à temps partiel. On trouve là l'essentiel des emplois "Borloo", emplois de service, largement sous-payés.

La "modernisation" annoncée, et déjà bien appliquée par les officines privées sous-traitantes de l'ANPE pour le pistage des demandeurs d'emploi, va conduire à fournir, en quelques mois, la formation nécessaire pour occuper ces emplois. À partir de là tout refus de plus de 2 offres emploi dans ces métiers sera synonyme de radiation. Certes, aujourd'hui, un sidérurgiste qui refuse un emploi de livreur de courses à domicile pour 12 heures par semaine peut mettre en avant son incompétence dans ce métier. Lorsqu'il aura suivi une formation avec validation par une attestation de compétences (peut-être créera-t-on même un CAP ou un BEP !), il n'aura aucune excuse à refuser l'extraordinaire chance que l'État lui tend avec tant de générosité !

La sécurisation de son parcours professionnel, récompense de sa courageuse flexibilité, lui permettra même de bénéficier d'un accompagnement personnalisé ! 2 entretiens de plus avec un agent de l'ANPE ! Peut-être même trois en période de solde ! De quoi se plaint-on ?

Seuls des esprits chagrins continuent à penser que les reconversions professionnelles ne sont pas uniquement affaire de formation. Autour d'un métier, d'un emploi, il y a une vie, il y a un environnement familial, amical. Il y a une image de soi, il y a un projet de vie, bref on ne reconvertit par une personne comme on adapte une machine. Il n'y a guère que les personnes qui n'envisagent pas qu'un jour cela puisse leur être appliqué, crânes d'oeufs issus de l'ENA, "experts" en tout genre - journalistes ou consultants - qui l'imaginent.

Hors de l'aspect humain, il y a aussi à s'interroger sur les conséquences économiques de la substitution d'emploi tertiaires, sous -qualifiés, faiblement payés, à des emplois secondaires à forte productivité et correctement rémunérés.

Le 31 mars 2008.

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