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préfet honoraire, ancien responsable de groupes industriels , auteur et enseignant de sciences politiques

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Billet de blog 1 juin 2015

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Cameron gagnera contre Hollande : un bon exemple de savoir faire pour une mauvaise cause de changement

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Chacun sait que si Hollande avait posé un ultimatum à l'Europe allemande, il eut certainement fait bouger, fait changer celle-ci  : inconcevable sans une France - indispensable et fondatrice - qui eut menacé d'un  Francexit, l'UE aurait bien été obligée de  revenir à la préférence communautaire, de placer la BCE sous contrôle politique et d'avancer en matière d'harmonisation sociale en fortifiant donc les possibilités de  solidarité  .

La menace du Britexit  va obtenir  exactement le contraire : encore plus de libre échange au bénéfice ( notamment par le traité transatlantique ) du monde anglo saxon, la liberté monétaire au service du quantitative easing  britannique parallèlement  au maintien de l'asphyxie  monétaire des Etats de la zone euro interdits de financements publics, l'exonération des pays  les plus conservateurs ( dont la Grande Bretagne est aujourd'hui le très réactionnaire modèle) de toute amélioration de leurs situations  sociales intérieures  et leur dispense d'efforts de solidarités intra-européennes.


Car n'en doutons pas, l'alliance des coeurs est déjà faite entre Cameron et Merkel et les demandes anglaises seront entendues sur le fond, parce que ces leaders politiques partagent le même fanatisme libéral ainsi que  le même goût pour les inégalités sociales ; et grâce aussi à la méthode choisie par Cameron : savoir s'appuyer sur  son opinion nationale pour faire changer les choses  dans le sens où il le souhaite. Ce dont nos dirigeants se sont révélés - à l'encontre du  "non" au référendum de 2005 qu'ils ont trahi de toutes les manières possibles -   totalement incapables. Ils préfèrent ainsi passer pour être, eux,  des gentlemen ne pratiquant pas le chantage ou même pour des velléitaires  n'ayant  pas ....ce qu'il faut pour passer à l'acte.

Mais pourquoi donc ?  Parce que leur choix réel et profond, depuis François  Mitterrand, depuis Jacques Delors - comme l'explicitent enfin des chroniqueurs d'aujourd'hui (cf. http://www.observatoiredeleurope.com/Comment-la-gauche-francaise-a-permis-au-capital-de-jouir-sans-entrave_a2192.html ) -  c'est bien l'Europe telle qu'elle existe, celle que les socialismes allemand puis français ayant renoncé à l'économie mixte (même la SNCF va être bradée),  le capitalisme international servi par Jean Monnet et la doctrine ordo libérale assaisonnée de naïve mystique supra nationale se sont unis pour fabriquer  selon un modèle illusoire croyant pouvoir dissoudre  des nations ne partageant pourtant pas la même langue et donc ni les mêmes facultés, ni les mêmes intérêts.

Le nôtre aujourd'hui, comme au jour de l'entrée de la Grande Bretagne dans le marché commun ( et dans la même grande inconscience d'un peuple français, qui n'alla pas voter au référendum pompidolien de l'époque) , est,  une fois de plus,  battu en brèche  par l'alliance des libéraux allemands et anglais  et grâce  à l'inertie de nos pouvoirs incapables d'allumer, comme l'insolence stratégique d'un Cameron sait le faire, les feux qui seraient nécessaires... mais  pour faire évoluer les choses dans un sens contraire au sien.

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