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Billet de blog 8 décembre 2025

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Lettre ouverte à Madame la Ministre de l’Agriculture

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Madame la Ministre,
Il ne s’agit plus d’un malaise agricole : vous êtes en train de construire volontairement une révolte.
Car lorsque les paysans tombent, c’est le pays entier qui s’effondre.
Qui peut croire un seul instant qu’en sabotant notre travail, la stabilité d’un État puisse être assurée ? Abattre nos animaux alors que nous appliquons vos diktats pharmaceutiques, pour une maladie non transmissible à l’homme : cela relève de l’irrationnel ou du mépris. À vous de choisir ce qui est le plus grave.
Vous envoyez des compagnies de forces de l’ordre contre ceux qui nourrissent vos cantines et vos réceptions. 200 hommes armés face à des hommes et des femmes déjà exsangues. Nous aimerions voir la même énergie déployée contre le narco-trafic qui détruit notre jeunesse à ciel ouvert, pas contre ceux qui se lèvent à cinq heures pour produire du vivant.
Deux syndicats libres vous l’ont dit : si vous persistez, il y aura réponse. Vos LBD blessent, oui, c’est vrai. Mais vos camions bleus ne feront jamais le poids face aux tracteurs. La prochaine fois, enverrez-vous les tanks ?
Vous transformez l’État en fabrique de kamikazes. Vous vous attaquez à la profession qui bat tous les records de suicides, un métier qui porte une part sacrée : celle de nourrir. Et vous voudriez que ces hommes et ces femmes, déjà à genoux, posent la tête sur le billot au nom de décisions hors-sol ?
Faut-il vous rappeler, Madame, que ce sont les “pécore”, comme certains nous appellent, qui remplissent les stèles des guerres mondiales, pendant que leurs femmes faisaient tourner les fermes pour nourrir la France ? Qu’après la guerre, c’est encore nous qu’on a pressés pour reconstruire le pays ?
Et aujourd’hui, que reste-t-il ?
La paperasse à la place de la terre.
La matraque à la place du soutien.
L’indifférence à la place de la reconnaissance.
Nous ne vous demandons pas une faveur, encore moins une charité.
Nous demandons le respect dû à ceux qui nourrissent la Nation.
Nous demandons une agriculture vivante et viable, pas un cimetière de métiers sacrifiés sur l’autel des tableurs Excel.
Madame la Ministre, nous vous le disons clairement :
Vous jouez avec des allumettes dans une grange pleine de paille.
Gérard Boinon ancien paysan éleveur de 77 ans 
01990 St Trivier sur Moignans
06 77 25 22 10
gerard.boinon@gmail.com

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