gerard filoche (avatar)

gerard filoche

Inspecteur du Travail en retraite - Porte-parole de la Gauche democratique & sociale gds-ds.org - CGT - ATTAC - Copernic -

Abonné·e de Mediapart

267 Billets

0 Édition

Billet de blog 3 octobre 2014

gerard filoche (avatar)

gerard filoche

Inspecteur du Travail en retraite - Porte-parole de la Gauche democratique & sociale gds-ds.org - CGT - ATTAC - Copernic -

Abonné·e de Mediapart

On ne peut pas accepter… qu’un Président de gauche puisse se comporter de façon putschiste contre sa majorité de gauche

gerard filoche (avatar)

gerard filoche

Inspecteur du Travail en retraite - Porte-parole de la Gauche democratique & sociale gds-ds.org - CGT - ATTAC - Copernic -

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nous sommes les héritiers du livre de François Mitterrand « le coup d’état permanent ». Nous sommes sociaux démocrates, c’est à dire contre le « pouvoir personnel ». En tant que socialistes, si nous sommes confrontés à un conflit entre un homme et une assemblée nous sommes pour le pouvoir à l’Assemblée, pas pour le bonapartisme. Entre un président, même élu au suffrage universel (ce qui est contestable) et une assemblée parlementaire élue au suffrage universel, nous donnons préférence et priorité à l’assemblée.  

Là, nous sommes dans une situation politique ou le Président de gauche élu, a changé de politique par rapport à son programme électoral, par rapport a celui du parti qui l’a désigné et élu, par rapport à ce qu’il défendait lors des primaires, et par rapport à ses engagements de gauche dans son ensemble (rappelons qu’en avril et mai 2012, François Hollande proposait à Jean Luc Mélenchon de participer au gouvernement).

Ce fossé est tellement spectaculaire, que le président à nommé un Premier ministre qui ne représentait que 5 % des voix aux primaires, et que celui-ci n’a pu rassembler aucun autre secteur de la gauche, aucun autre secteur socialiste. Pire, le premier ministre de façon putschiste, le 25 aout dernier,  a insisté pour chasser deux ministres qui risquaient d’apparaître « dissidents » en dépit du fait que ceux-ci avaient voté toutes les mesures droitières de ce gouvernement.

Il est donc prévisible, naturel que surgisse une opposition parlementaire de gauche qui se réclame  des projets initiaux, programmes initiaux, discours initiaux du parti, de la gauche, du président…

Que cette opposition obtienne assez de force pour contrer la politique droitière du Président et du gouvernement, pour laquelle elle n’a pas votée, pour laquelle elle n’a pas été élue… est légitime. Or on en est pas loin, puisque la majorité est de 289 voix, et qu’il y a 290 députes socialistes. Au total il y a 340 députés de gauche rose rouge vert. Plus de 100 députés socialistes ont déclaré s’opposer à la politique d’austérité conduite par le Président en dépit du fait le Président nie qu’il s’agisse d’une politique d’austérité. Le conflit est là.

Que doit faire un président, démocrate, s’il est confronté à la mise en minorité d’un des gouvernement qu’il a désigné, par SA majorité de gauche ? Ce qui a guetté et guette encore à tout moment le gouvernement Valls, vu que le reste de la gauche ne vote pas pour lui et qu’une partie substantielle des socialistes s’opposent à lui 

Nous noterons que la réponse de François Hollande, a d’abord été claire : ni démission, ni dissolution. Il avait évidemment raison de plaider en défense de son mandat contre le harcèlement de la droite. Il avait aussi raison de ne pas vouloir d’élections anticipées sous prétexte des difficultés rencontrées et exploitées par la droite.

Un « chantage à la dissolution » pour faire rentrer les députés socialistes opposants dans le rang, n’a aucun sens dans ce cas : puisque toute dissolution revient à la victoire de la droite et … donc à une démission

Chacun sait en effet qu’une démission du Président ou qu’une dissolution, par lui, de l’Assemblée, dans le contexte actuel donnerait immédiatement une majorité probablement très massive à la droite.

Mais après, le vote de confiance arraché de justesse par le gouvernement Valls, le Président Hollande a déclaré que si ce vote n’avait pas eu lieu, il aurait dissous.

Notons qu’il a déclaré cela.. après. Mais notons aussi qu’une telle déclaration est inacceptable. Qu’est ce que signifie pareille menace sinon un « coup d’état permanent » ?

Cela ne signifie t il pas : « je préfère la droite plutôt qu’une autre politique de gauche dictée par une autre majorité de gauche » ?

Ou encore « - Si vous ne faites pas ce que je dis, je dissous et je donne le pouvoir à la droite ».

Ou encore il ne peut y avoir qu’une seule politique de gauche,… la mienne. Or François Hollande l’a redit « il n’y a jamais une seule politique possible ». Bien sur, il existe une autre politique de gauche possible.

Ou encore ca veut dire « le pouvoir du parlement est nul, soit il enregistre la volonté présidentielle, soit il est dissous ».

Mettre ainsi un couteau sur la nuque du Parlement est une des interprétations possibles de la Ve République : ce que fit Chirac en avril 1997.

Mais nous autres socialistes avons toujours été opposés au pouvoir personnel, à ce genre de coup de force (qui ne réussissent pas souvent… comme en 1997) et avons toujours préféré la démocratie. Au point que nous défendons une Vie République parlementaire et avons voté contre l’élection du Président au suffrage universel direct.

Il y a donc quelque chose d’intolérable et on ne doit pas s’y résigner, aux propos du Président.  Cette menace est d’une extraordinaire violence contre la démocratie, contre les socialistes, contre la gauche.

Propos hardis, car si par malheur, il mettait son chantage à exécution, il en paierait cher le prix :  non seulement il perdrait la majorité de gauche à l’assemblée, mais il serait réduit à une cohabitation dans les pires conditions, avec 13 % d’opinions favorables dans les sondages, la droite victorieuse demanderait chaque jour son départ, ca finirait en catastrophe totale. Un Président de gauche qui dissoudrait sa majorité de gauche dans de telles conditions serait profondément discrédité.

On doit plaider au contraire pour, dans un pareil cas, redonner davantage de pouvoir au parlement… de gauche. L’échec d’un gouvernement minoritaire nommé aux forceps contre sa propre majorité, contre sa propre politique initialement soumise au vote et adoptée, par un Président, c’est l’occasion de jouer le jeu de la démocratie, de valoriser le parlement.

Il est naturel en pareil cas que ce soit le parlement qui fasse une proposition de gouvernement et de réorientation au président.

C’est le Parlement qui doit l’emporter sur le Président en cas de conflit, pas l’inverse. 

C’est pourquoi une majorité rose rouge verte doit s’imposer si le gouvernement minoritaire Valls échoue. C’est aux députés de jouer ! C’est aux groupes parlementaires de se réunir et de mettre au point une plateforme commune, un programme d’action immédiate. Nos partenaires de gauche sont prêts à cela.

Mais dira t on, le président « cohabitera » avec ce gouvernement rose rouge vert ? Ne vaut il pas mieux cohabiter avec une majorité de gauche qui défend ce que vous aviez défendu (même si vous l’aviez abandonné en route) que de cohabiter avec une majorité de droite.. qui vous combat politiquement et veut vous chasser personnellement ?

Il ne faut pas accepter le chantage  exercé par François Hollande, il faut défendre la démocratie, il faut introduire de la Vie république, en pratique et non pas durcir la Ve République dans ses plus mauvais travers.

Soyons sociaux et democrates. Pas comme les libéraux qui sont si durs et si peu democrates pour imposer une politique impopulaire.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.