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Billet de blog 3 novembre 2015

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Tout pour battre la droite, changer la gauche, unité !

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Rappelez vous, JC Cambadelis nous avait demandé le 16 octobre de voter en force pour l’unité de la gauche… dans le but de  l’imposer à nos partenaires. C’était pour se rassurer, car pour convaincre c’était la pire méthode. Surtout après avoir théorisé le « tripartisme » FN, UMP, PS, ça faisait drôle de (re)penser soudainement au reste de la gauche… Surtout en mettant l’accent sur la dissociation du FdG et des Verts, au point de scissionner ces derniers… Et après avoir reproché à l’UMP le « ni ni », afin d’accuser celle-ci de ne pas prendre ses responsabilités contre le FN dans un désistement républicain réciproque entre UMP et PS.

Ceux qui veulent comprendre, à partir de là, la stratégie de la direction du PS, du gouvernement et de la présidence, se confrontent à des opérations tortueuses.

Ni, ni or not ni ni ? 

Car J.C. Cambadelis s’est ensuite ravisé : il a affirmé que, vu les propos de Xavier Bertrand et Christian Estrosi contre les réfugiés, il n’était plus question de se désister pour eux et que le PS se maintiendrait, cette fois, quitte à laisser passer le FN, car c’était blanc bonnet et bonnet blanc. C’est donc lui qui reprenait le « ni ni » initialement reproché à la droite. Le "tripartisme" redevenait un "bipartisme."

Derrière cela, il y avait un problème moins noble : c’est qu’en cas de retrait PS pour la droite, par exemple dans le Nord-Pas-de-Calais, le FDG annoncé à plus de 10 % pouvait se maintenir et recueillir les seuls sièges de gauche dans la région. Il n’était plus question qu’il n’y ait pas d’élus PS – en pareil cas - dans le NPDC et dans PACA (Provence-Alpes-Côte d’Azur). Cela donnait deux régions – au moins – où le PS était totalement éliminé, et où il ne restait que droite, extrême droite et FDG.

A partir de là, tout part en vrille : l’idée s’impose de façon chaotique à la direction du PS, du gouvernement et de l’Elysée, que la bataille des élections n’est plus sur la « question sociale » mais sur celles « des valeurs ». Dans ce cas, la « valeur », c’est de faire barrage au FN et d’être second face à lui. Finalement, il faut contraindre la droite à « partager » lesdites valeurs  - mettant de côté tout enjeu économique et social.

Bataille politicienne qui n’enchante pas la tête de liste du PS dans le Nord : Pierre De Saintignon sait, lui, qu’il lui faut, pour gagner, parler social !  Seul un programme social peut attirer les voix des électeurs de gauche et les arracher à l’abstention. De ce fait, le candidat socialiste du Nord  choisit de se démarquer, et, par exemple, refuse explicitement toute présence de Macron, symbole anti social. De Saintignon est pour l’union, mais sans Macron.

Une affaire taraudante, loin d’être finie, puisque la droite UMP, dans les sondages en tout cas, semble décidée à ne pas lâcher la 2° place. Que faire dans cette hypothèse sérieuse si elle se généralise ?

Valls lâche alors Cambadélis début novembre : selon lui, l’ennemi est bien le FN, pas l’UMP. Donc au lieu de se désister pour cette dernière et de tout perdre dans un « ni ni », il propose de franchir le Rubicon… et de s’allier avec l’UMP dans des listes communes de deuxième tour.

Valls décide de grossir à nouveau et en priorité le danger du FN: cela lui vaut à son tour d’être repoussé très logiquement par Pierre de Saintignon, qui considère que « ce ne sont pas des choses qu’il faut dire quand on fait campagne et qu’on veut gagner » ! Parce que cela accrédite le FN, que ça prépare la défaite et qu’il ne restera plus alors qu’à laisser l’UMP rafler tout. De Saintignon a raison et fait le bon choix : il sait que, si FN et UMP montent, c’est surtout en pourcentage et pas en voix, car le cœur de l’électorat socialiste ne penche pas à droite, mais s’abstient, faute de social.

Résultat d’affichage : : Valls, qui a annoncé un tour de France de toutes les régions, ne va pas dans le Nord, c’est Cambadélis qui va à Lille.

Fusion des listes UMP – PS ?

Valls joue alors le deuxième tour avant le premier, et explore concrètement l’hypothèse de la fusion des listes anti FN. Son projet devient, mi-novembre, une fusion des listes UMP-PS. Il ne s’agit plus seulement d’un front républicain passif, mais d’un front républicain actif. Au risque d’accréditer l’UMPS tant décrié par Le Pen. Laquelle d’ailleurs se jette dessus, triomphante, « il n’y a qu’eux et moi, FN contre UMPS ».

Plus question alors d’aller donner le change dans une petite alliance avec les Verts recentrés : exit l’intérêt et la promotion des J.V. Placé, B. Pompili et F. de Rugy ! Valls confirme donc, sans état d’âme, l’aéroport Notre Dame des Landes !  Plus question d’unité à gauche, il confirme aussi l’attaque contre le code du travail, contre la fonction publique, pour le « compte personnel d’activité », Macron annonce la « loi Macron 2 » dite « NOE » (nouvelles opportunités économiques) (sic !). Il s’agit de la mise en œuvre du rapport Mettling, (du nom du DRH d’Orange), c’est-à-dire d’un choix de destruction, non plus des « droits » du salariat, mais du salariat lui-même : son « uberisation », sa « ryanisation », son « auto entrepreneurisation ». Seule « l’élite » resterait salariée, l’entreprise serait réduite aux plateformes numériques, et « étendue » par le biais d’une nébuleuse de tâcherons, sans droit ni loi, payés à la « mission », à la « tâche », au « chantier ».

Peu leur chaut que cela fasse encore perdre davantage de voix socialistes, puisque la stratégie n’est plus l’unité de la gauche, mais l’unité avec l’UMP. D’ailleurs NKM et Nicolas Beytout s’en réjouissent.

En gros, Valls propose à P. de Saintignon d’être élu sur une liste UMP, Cambadelis lui propose d’être élu sur une liste PS mais dans un CR Conseil régional ?? UMP-FN. Aucun des deux ne lui donnent les moyens de gagner, alors que P. de Saintignon est le seul à faire une campagne « sociale ».

À ce stade, ils ont fait deux fois le tour à 360° des ressources stratégiques possibles anti-FN  sur…  « les valeurs ». Ils ont lâché « le social », creusé leur tombe et tâtonné vers une « union nationale » anti-FN. Quitte à donner l’impression de paniquer et, dans le cas évidemment probable où l’UMP refuserait, se retrouver seuls, nus, sans « valeur », sans « social » et sans… liste. Cambadélis avait à peine temporisé : « Je n’ai pas l’habitude de mettre mon pantalon avant mon caleçon ». Cela voulait dire  : « Attendons le soir du 1er tour pour décider »

Avant le 13 novembre, il régnait déjà un climat de déroute. Car, pour affronter le Pen, en l’érigeant en ennemie principale dés le premier tour, il faut être assuré de participer au deuxième. Pour faire des listes communes avec la droite, il faut affronter la gauche naturellement hostile, et il faut que la droite veuille bien ou y soit contrainte.

Sinon, c’était l’échec sur toute la ligne, perte de voix faute de campagne sociale, division accrue de la gauche, élimination finale des régions, c’est bien de déroute qu’il s’agissait. Transposé à la présidentielle, tout cela envoyait un message cynique et catastrophique : avec une stratégie de ce type, le 2° tour était entre Le Pen et le candidat UMP. Et comme l’écrivaient certains commentateurs (très mal avisés), Valls se réservait sur les décombres de la gauche … pour 2022.

Puis arrive la tragédie du 13 novembre. 130 morts, 350 blessés, Paris attaqué, assassiné.

Le climat change de différentes manières : longue suspension de la campagne des régionales, priorité absolue à la lutte contre le terrorisme, appels renforcés à l’unité nationale, priorité à la « sécurité » contre le social, état d’urgence prolongé et choix de changements de la Constitution.

Tout cela « coince » la droite qui se démène comme un diable en refusant spectaculairement l’unité nationale à l’Assemblée nationale, sifflant même le premier ministre. Mais la convocation du « Congrès » oblige tous les députés et sénateurs à chanter en chœur La Marseillaise, à applaudir le Président. Lequel fait, pour cela, des concessions comme le « retrait de la nationalité » à des terroristes présumés ou potentiels. Si bien que 570 députés sur 577 votent la prolongation de l’état d’urgence. Seuls 7 députés de gauche résistent dont 4 socialistes.

Quel est l’impact de tout cela ?

Les Le Pen gagneront-elles des voix sur la base de la peur, de la haine et du racisme anti-musulman ? Pas si sûr !

L’UMP se trouvera-t-elle coincée au point d’être obligée d’accepter l’unité nationale qu’elle rejetait ? (Possible, d’autant que ce serait à son avantage, puisqu’elle y gagnerait la tête d’un nombre plus grand de régions).

Valls profitera-t-il des évènements du 13 novembre et de « l’état d’urgence » pour imposer la fusion des listes UMP et PS, gagnant ainsi contre la gauche qui n’en voulait pas hier ? C’est au soir du premier tour qu'il va tout faire pour.

Une partie de la droite s'y prépare en mettant ses conditions : Copé exige déjà que le budget social soit réduit au profit des crédits de guerre. Gattaz est pour l’union sacrée mais « il ne faut pas laisser partir à vau-l’eau les dépenses publiques après les attentats ». Juppé demande que les Imans renoncent aux prêches en arabe. Wauquiez veut expulser ou emprisonner tous les "fichés". Sarkozy joue les fiers-à-bras comme toujours  en pensant engranger la majorité des régions.

Nous, nous voulons garder coûte que coûte la ligne : battre la droite, changer la gauche.

C’est une question de principe : on s’allie à gauche contre la droite. Pas d’alliance avec elle ! Tenir bon ! L’unité nationale est un piège fatal. Les millions d’électeurs de la gauche n’ont renoncé à rien et n’ont pas disparu. L’urgence sociale est toujours là. Nous voulons travailler coûte que coûte à l’unité de toute la gauche. Gauche contre droite. Pour les droits démocratiques et des budgets sociaux. Pour cela il  faut renverser le cours tragique de la déroute. Résister aux vents mauvais, aux réactions venues des crimes barbares. Défendre une République exemplaire et sociale. Unifier la gauche sur une plateforme de gouvernement rose-rouge-verte. Aux régionales voter pour la gauche, la mieux placée pour battre la droite.

Au delà des régionales, pour la présidentielle. Plutôt que d’avoir un candidat battu d’avance, résigné et brouillé dès le départ avec tout ou partie de la gauche, et tentant de passer par contrainte au deuxième, il faut un candidat unique, enthousiasmant, unifiant la gauche dés les premier tour. Pour cela, il faut des primaires, c’est le seul moyen. Nous proposons, pour battre la droite et le Pen, une plateforme et un seul candidat désigné par des primaires de toute la gauche.

Gérard Filoche, le 23 novembre 2015

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