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Billet de blog 4 septembre 2014

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de la célébration du 10e anniversaire de l'assassinat de deux inspecteurs du travail

2 septembre : 10 ans après l’assassinat de deux inspecteurs du travail Sylvie Tremouille et Daniel Buffieres

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2 septembre : 10 ans après l’assassinat de deux inspecteurs du travail Sylvie Tremouille et Daniel Buffieres

sur France 3 aquitaine le 3 sept une défense de l’inspection du travail à propos des 10 ans du double meurtre de Saussignac, Gérard Filoche

http://pluzz.francetv.fr/videos/jt_1920_aquitaine_,109008929.html       de la 5° minute à la 12° minute

Paroles du patron André Daguin parlant à l’assemblée de patrons à l’université d’été de Jouy-en-Josas du Medef en août 2004 (2  jours avant l’assassinat des deux inspecteurs du travail Sylvie Trémouille et de Daniel Buffière par un patron employant des immigrés dans ses champs)

André Daguin, p 114 du livre « on achève bien l’inspection du travail)

« Vous devez être ceux qui menacent, pas ceux qui sont menacés. Vos dents doivent rayer le parquet. L’indulgence est comme la pitié, elle vous déshonore et elle déshonore aussi ceux qui en bénéficient. La société a besoin de durs, pas de mous. L’ennui, c’est qu’il y en a beaucoup, des mous, beaucoup trop. Il faut arrêter de reculer le moment de l’effort. Ne soyez pas indulgents avec vos salariés. Il y a tout plein de bac + 12 qui sont infoutus de travailler, ils ne sont même pas capable de trouver un balai pour faire le ménage. Quand on doit licencier quelqu’un, il ne faut pas cacher la vérité. Vous savez, c’est aussi difficile pour celui qui coupe que pour celui qui est coupé. Moi, je préfère les assassins aux escrocs: les escrocs, les gens les trouvent sympas. Les assassins, non, évidemment; mais pourtant, ils ont un grand mérite, celui de ne pas être hypocrites ».

Le 2 septembre 2004, à 16 h 30, à Saussignac, en Dordogne, deux inspecteurs du travail sont assassinés froidement, calmement, par un exploitant agricole. L’assassin, ancien militaire, ancien patron d’assurance, chasseur, a tiré en visant bien droit dans l’abdomen de Daniel Buffiére, 47 ans, qui mourra plusieurs heures plus tard, et bien droit dans le dos de la jeune femme de 40 ans, Sylvie Trémouille, qui tentait de s’enfuir et sera tuée sur le coup. L’assassin changera de fusil, tentera de se tirer une balle dans la mâchoire et se ratera.
C’est la première fois depuis 112 ans, dans l’histoire de France et de l’inspection du travail créée en 1892,  qu’un tel crime a lieu contre des agents de contrôle désarmés dont la mission est de protéger les faibles, de faire respecter le droit du travail et des salariés, selon les lois de la République. Daniel Buffière et Sylvie Trémouille opéraient un contrôle de routine au cours de cueillette de prunes et avant les vendanges… dans une exploitation où il y avait déjà eu, deux ans, plus tôt un procès-verbal et une condamnation à 600 euros pour « travail dissimulé ».
Pendant de nombreuses heures et de nombreux jours, un quasi-silence va accompagner ce double meurtre traité comme un « fait divers » par la majorité des médias. Le premier communiqué du Ministre de l’agriculture ne condamne pas le crime mais s’émeut sur toutes les victimes et toutes les familles. Les premières informations parlent de « coup de folie », de « tuerie en Dordogne » et s’apitoient d’abord et surtout sur la « désespérance paysanne », se refusant à enquêter sur la situation réelle du patron-exploitant, sur sa froide préméditation, sur l’idéologie qui l’a poussé au crime. Il faudra des jours et des jours de « bataille » pour convaincre peu à peu les médias, l’opinion, qu’il ne s‘agit pas d’un « fait divers », mais d’un « fait de société » qui ouvre la porte à une situation tragique durable pour le contrôle et le respect des droits des salariés (en l’occurrence, directement des 800 000 saisonniers agricoles, en majorité non déclarés, sous payés, surexploités, travaillant 56 h par semaine, logés comme des bêtes…)
Lors des obsèques des deux victimes, il y aura quelques dizaines de secondes à la télévision où l’on verra un ballet de quatre voitures de quatre ministres anonymes qui ne feront pas de déclaration, on ne saura rien des familles, de la vie des deux inspecteurs, de leurs missions.
Lorsque deux gendarmes sont tués, le ministre de l’intérieur est sur place en deux heures, le président de la République et le Premier ministre s’expriment aussitôt. Pareillement si deux journalistes sont enlevés. Là il faudra une lutte opiniâtre à contre-courant, des manifestations et des grèves isolées du petit corps (1500 inspecteurs et contrôleurs) de l’inspection du travail pour que le scandale éclate au grand jour : le 16 septembre 2004, après 14 jours de forcing pour faire entendre et comprendre la portée exceptionnelle et gravissime, pour la République toute entière de ce crime, les principaux médias finissent enfin par traiter le sujet.
Gérard Filoche est l’un de ces inspecteurs, qui avec tous ses collègues, a contribué à percer le mur du silence qui a bien failli étouffer l’affaire.
Pour autant, rien n’est réglé, la puissance publique n’en a pas tiré les conclusions, les droits des salariés sont plus que jamais menacés, l’inspection du travail, service public, ne dispose toujours ni de la reconnaissance, ni des moyens de ses missions d’intérêt général.
D’où ce livre pour continuer le combat. Pour un sursaut massif de l’opinion.
Pour déboucher sur des mesures concrètes afin que « plus jamais ça »

annexe :

CGT TRAVAIL  AFFAIRES  SOCIALES

POUR NE PAS OUBLIER

Il y a 10 ans, le 2 septembre 2004, Sylvie Trémouille, contrôleuse du travail, et Daniel Buffière, contrôleur de la MSA, étaient assassinés par un exploitant agricole à Saussignac (Dordogne).

Bien que le meurtrier ait été condamné à 30 ans de réclusion criminelle en 2007, la sanction n’a pas eu l’effet dissuasif que les agents attendaient. En 10 ans, alors que les gouvernements successifs ont poursuivi leurs efforts de délégitimation des contrôles en entreprise et d’affaiblissement de l’inspection du travail, les obstacles, outrages et autres agressions ont été multipliés par 4 !

2300 inspecteurs et contrôleurs du travail tentent quotidiennement de faire appliquer la règlementation du travail dans 1,8 millions d’entreprises couvrant 18 millions de salariés du secteur privé. L’inspection du travail, chargée d’une mission de protection des travailleurs à travers la mise en œuvre d’un code du travail encore – un peu – protecteur des salariés est aujourd’hui menacée d’extinction.

Dans un pays qui considère, encore plus en temps de crise, qu’un patron et un délinquant sont deux notions antinomiques, le droit pénal du travail est piétiné de toute part. Les taux de suite judiciaires données aux procès-verbaux relevés par les inspecteurs et contrôleurs du travail sont en chute libre. Mais plutôt que de défendre une véritable réponse pénale face à la délinquance patronale, le gouvernement opte pour des mesures palliatives visant à dépénaliser, à terme, le droit du travail.

Pourquoi un tel acharnement ? Parce que l’inspection du travail est, pour le MEDEF qui trouve des relais idéologiques dans la classe politique dirigeante et dans la haute fonction publique, une contrainte insupportable (droit d’entrée de jour comme de nuit, contrôle inopiné, pouvoir d’enquête et d’audition, etc.) ; qu’elle a un lien direct avec les travailleurs et leurs syndicats ; qu’elle bénéficie d’une indépendance d’action garantie par une convention internationale ; et qu’elle ne peut en cela être formellement supprimée.

Pour en finir avec l’inspection du travail, il faut donc la réorganiser pour la contraindre à devenir un service accompagnant la restructuration des entreprises et oeuvrant à leur compétitivité, obéissant à des « priorités nationales » fumeuses, coupée de la demande sociale, brisée dans son indépendance d’action.

C’est le sens de la réforme de l’inspection du travail que le gouvernement met actuellement en œuvre. Elle détruit encore un peu plus son caractère territorial (un territoire géographique, un agent de contrôle) et généraliste (une compétence sur l’ensemble du Code du travail), et se traduit sur le terrain par une suppression de 10% des postes de contrôle et le renforcement de l’encadrement intermédiaire chargé de mettre au pas les contrôleurs et inspecteurs du travail.

Depuis plusieurs années les agents de l’inspection et du ministère du travail se mobilisent sans relâche pour résister à ces attaques. 10 ans après les meurtres de Saussignac, les agents et les missions de l’inspection du travail restent toujours à défendre parce que les attaques contre l’inspection du travail sont par nature des attaques contre les droits des travailleurs.

Le 2 septembre, rendons hommage à Sylvie TREMOUILLE et à Daniel BUFFIERE.

Ensemble, mobilisons nous pour réaffirmer la légitimité de notre service public, organiser la défense de nos conditions de travail et envisager les mobilisations à venir

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