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Billet de blog 14 novembre 2014

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Convoqué le 11 déc devant une « haute autorité » ? Le débat de congrés commence t il par des mesures disciplinaires ?

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Convoqué le 11 décembre devant une "haute autorité"

Peu de gens sauront vous expliquer ce qu'est la "Haute autorité" du Parti Socialiste. Elle n'a encore jamais été saisie à l’encontre d’un membre de notre parti. La composition de cette Haute autorité » est pourtant en contradiction avec deux principes de base du Parti socialiste. Ses membres ne sont pas élus à la proportionnelle issue des votes des Congrès puisque plusieurs d’entre eux ne sont pas membres du Parti socialiste. Selon la liste actuelle de ses membres, telle qu’elle m’a été communiquée, cette instance n’est pas paritaire puisqu’elle compte six hommes pour trois femmes. Une autre particularité de cette « Haute autorité » est qu’elle permet à des personnes « non membres du Parti socialiste » de décider de sanctionner des membres de ce parti. Les éventuelles sanctions prises par cette « Haute autorité » ne sont pas,  qui plus est, susceptibles d’appel !

La liste actuelle, qui m’a été communiquée est celle-là : « Jean-Pierre Mignard (Président) -Raphaëlle Parizot - Rémy Pautrat - Catherine Barbaroux - Roland Kessous -  Pascale Idoux - Thomas Clay - Jean-Pierre Deschamps - Christian Lestournelle. »

Son président, Jean-Pierre Mignard, se prononce pour une alliance du PS et de l'UMP : " Un État en faillite, on ne peut pas le redresser tout seul. Étant donné la gravité de la situation, il fallait une forme d'union nationale, comme après la guerre. François Hollande peut encore la réaliser, créer une large coalition, soumettre cela à référendum. Des gens comme François Bayrou, Bruno Le Maire, et même Alain Juppé auraient leur place avec nous. »  

Comment croire à la neutralité du président d’une « Haute autorité » qui n’hésite pas à prendre de telles distances avec le devoir de réserve qui devrait être le sien en exprimant dans les médias des convictions politiques aussi tranchées ?

Comment croire, après de telles déclarations, à l’objectivité d’un procès organisé à l’ouverture du débat de congrès du Parti socialiste, à l’encontre d’un des animateurs de la gauche socialiste. Quelqu’un qui, lui, refuse toute alliance avec la droite et défend une toute autre orientation, celle d’un gouvernement Rose-Rouge-Vert, appuyé sur la majorité de gauche à l’Assemblée nationale ?

Cette « Haute autorité » n’a jamais été « saisie » pour juger du respect de la « Charte d’éthique » du Parti socialiste pour Jérôme Cahuzac ou Jean-Noël Guérini. Pourtant, cette charte stipule « Aucun comportement pouvant être assimilé à un abus de pouvoir, à un conflit d’intérêt ou à l’utilisation à des fins personnelles des moyens du Parti, de l’Etat ou d’une collectivité publique quelle qu’elle soit, ne sera toléré ». Pourtant, cette charte affirme que « le respect de la Loi de la République s’impose à tous et à toutes ».

Qu’ai-je fait, moi, à côté de cela ? En quoi ce qui m’est reproché est-il contraire à la loi de la République ? En quoi ce dont on m’accuse est-il contraire à la Charte éthique du Parti socialiste dont aucun article n’est, heureusement, consacré à la « bienséance » ? Car ce qui m’est reproché n’est, en définitive, qu’un manquement à la « bienséance » envers un PDG alors que le gouvernement de Manuel Valls ne cesse de courtiser le patronat. Aucune fausse note, venue des rangs du Parti socialiste, ne devait donc venir fausser le concert de louanges adressées à celui qui fut l’un des membres les puissants de ce patronat.

Est-ce vraiment moi qui ne respecte pas la déclaration de principes du Parti socialiste qui  affirme «  La redistribution permanente des ressources et des richesses est nécessaire pour donner une réalité à l’égalité des chances » ?  La « Haute autorité peut, selon les statuts du Parti socialiste, être saisie « de manière exceptionnelle lorsque la gravité des faits l’exige et au regard des conséquences pour la vie du parti ». La politique menée par Manuel Valls est en complète contradiction avec la déclaration de principes du Parti socialiste puisqu’elle pratique une redistribution des richesses à l’envers, du salariat vers les entreprises, avant tout vers les grands groupes. Cette politique est autrement grave pour la vie du parti que le « tweet » qui m’est, à tort, reproché, puisqu’elle divise profondément, jusqu’à l’Assemblée Nationale, le Parti socialiste. Pourquoi le premier Secrétaire du Parti socialiste ne juge-t-il pas opportun de saisir la Haute autorité à l’encontre de ceux qui mènent cette politique ?

La saisine de cette « Haute autorité » par le premier Secrétaire du Partis Socialiste fait  référence à la fois  à « la promotion de l’éthique du débat », à  « l’atteinte à la dignité des personnes », à la « violence verbale », à la « violence des mots » au « cadre acceptable du débat  démocratique ». Cette saisine est éminemment politique, étroitement liée, à la politique de soumission aux exigences du Medef  menée par le gouvernement de Manuel Valls, étroitement liée à la volonté de donner, une fois de plus, des gages au MEDEF. Cette saisine n’a aucun fondement statutaire. Elle ne s’appuie sur aucun article des statuts du Parti socialiste, sur aucun paragraphe de sa « Charte éthique » ou de sa « Déclaration de principes ». Elle ne cite, d’ailleurs, aucun d’entre eux.

Le Premier ministre, le premier Secrétaire du Parti socialiste veulent imposer une ambiance d’ordre moral et de délit de blasphème, de lèse-majesté.  Il s’agit de  faire savoir que le serf que je suis aurait manqué de respect au seigneur qui dirigeait Total. 

Alors je le redis, je conteste toute cette procédure et toutes les accusations portées contre moi. Je ne suis pas accusé, ni accusable, je ne me défends pas. Je n’ai tenu aucun propos qui soit justiciable. Je n’ai pas de leçons de morale ni de bienséance à recevoir. Il n’y a pas « d’affaire Filoche ». Et s’il y a une affaire, c’est une affaire Total !

Ce que j’ai écrit à l’occasion du décès tragique du PDG de Total, a été dit cent fois, et sous des formes bien plus incisives, ce jour là, par tous les médias. Pas seulement par les  « Guignols » et les journaux satyriques mais aussi dans des nécrologies publiées par Le Monde. Tout cela était souvent très féroces, beaucoup plus féroces que ne pouvait l’être un « tweet » de 140 signes.

Je ne me suis jamais « réjoui » du décès de M. de Margerie ni de quiconque. Je ne suis ni ministre, ni député, ni élu. Je ne connais pas ces gens-là, c’est vrai, on n’est pas du tout du même monde, et je n’ai pas de rôle ni aucune mission particulière pour formuler des condoléances officielles. J’ai pourtant manifesté ce jour là, et bien des micros et caméras en témoignent, mes respects aux quatre familles endeuillées. L’hôtesse de l’air était russe, le pilote et le copilote étaient français. Il a été révélé que le pilote Yann Pican était normand (de Cabourg - Calvados), il avait fait ses études à Caen, Il avait 45 ans, marié, père de trois filles. Il n’a guère été fait allusion dans les grands médias à ces morts-là.

Il a fallu beaucoup de temps pour que soient présentées des condoléances à la famille de Rémi Fraisse. Les dirigeants du Parti socialiste, les ministres ont  été bien plus rapides, plus mobilisés, plus éloquents pour le grand patron que pour le jeune militant. Pour des raisons éminemment politique dans les deux cas. Pour appuyer le politique d’allégeance au patronat dans le premier cas, pour soutenir la politique la politique de disproportionnée de « maintien de l’ordre » menée par Manuel Valls et Bernard Cazeneuve, dans le second.

Je ne me réjouis jamais de la mort des gens.  La mort est désespoir pour toutes et tous, toujours. Mais, à l’annonce de la mort de Christophe de Mergerie, il est vrai que mes pensées sont d’abord allées aux victimes de la dictature militaire birmane qui ne devait sa survie qu’à la perfusion financière que lui faisait Total ou aux familles endeuillées des victimes d’AZF.

Quand Margaret Thatcher est morte, 2 millions de britanniques ont sablé le champagne a-t-on dit : moi je garde le champagne pour la vie.

Quand on a appris la mort d’Augusto Pinochet, j’étais en direct à la télévision, en débat, en face de Sarkozy, à la télévision, « Ripostes », décembre 2007, avec Serge Moatti. Ce dernier, prévenu par son oreillette, nous fait signe « Pinochet est mort » : puis il demande à Sarkozy une réaction. Celui-ci hésite plusieurs secondes et répond « pas de réaction », moi, je dis que « Pinochet ayant commis de nombreux crimes contre le peuple chilien je regrette qu’il n’ait pas été jugé, que justice n’ait pas été faite ». Ca passera abondamment au zapping. Le lendemain Sarkozy, fera paraître mais trop tard un communiqué rectificatif.

Lorsque Hugo Chavez est décédé de son cancer, le communiqué d’un élu socialiste au Parlement européen, Pierre Schapira a été plus choquant, envoyant « ses pensées très amicales pour les vénézuéliens enfin libérés ». Curieusement, aucun dirigeant du Parti socialiste n’a trouvé bon de saisir la « Haute autorité ».

Rappelons que la cabale à propos de mon tweet bien plus mesuré, a été initiée et orchestrée par Eric Ciotti député de l’ l’UMP qui a demandé « mon exclusion du PS » ! Comme s’il y avait matière et si c’était à lui de demander cela… Et c’est en réponse et en accord avec un autre député UMP, que Manuel Valls a osé approuver Eric Ciotti  et se permettre de dire devant la représentation nationale que je ne « méritais » pas d’être membre du PS.  J’avais pourtant fait savoir que des centaines de tweets avaient été diligentés contre moi, ce matin là, par les mêmes sources UMP d’Eric Ciotti, et que ceux-là, par contre dépassaient toutes les limites acceptables de la violence verbale, de l’appel au lynchage, à la violence et au meurtre, contre moi et ma famille. J’ai publié une partie de ces horribles messages dignes de « Gringoire », de « Je suis partout » ou de « Minute », sur le forum de mon blog, pour que l’on se rende compte de ce qui se passait, et je n’ai reçu aucune solidarité de ceux qui me font procès, à commencer par le silence du Premier secrétaire actuel du Parti socialiste.

C’est une faute indigne d’un régime démocratique d’Assemblée et de Parti, qu’un Premier ministre ose publiquement, directement, décider de qui « mérite » ou pas d’être membre de « son » parti, en même temps, vive coïncidence, qu’il demande à ce que « son » parti change de nom et au moment où le congrès de celui-ci s’ouvre !

Enfin nul ne fera faire silence ni à d’autres, ni à moi, sur ce qu’est, ce que représente un PDG de Total dans la société française. Nous sommes là au cœur de l’oligarchie dominante.

N’ya-t-il pas de quoi s’étonner, quand on entend les ministres de l’Économie et des Finances dénoncer les grandes entreprises qui parviennent à échapper à l’impôt, grâce aux lois internationales et ce qu’on appelle avec pudeur "l’optimisation fiscale", et qui encensent leurs dirigeants (voyez Michel Sapin ou Pierre Moscovici) quand ils disparaissent.

Comment peut-on reprocher à Total de contribuer largement à polluer la planète, notamment lors des opérations de raffinage et écouter sans réagir les éloges funèbres qui n’en disent pas un mot ?

J’ai toujours, toute ma vie, défendu les salariés face aux grands patrons qui pillaient leurs salaires. Un PDG qui se paie 300 fois le Smic en une année, extorque forcément cet argent à ceux qui travaillent sous ses ordres, dans sa société. Aucun humain ne peut gagner 300 smic par son travail. Aucun. Pour gagner 300 smic, il faut  exploiter violemment le travail des autres.  Cela ne peut se faire honnêtement, ni moralement, ni légalement, cela ne peut se faire que par un terrifiant abus, une écrasante surexploitation qui frappe l’humanité entière et que tout socialiste se doit de dénoncer.

87 hommes possèdent 50 % des richesses de la planète. 3 hommes possèdent plus que 48 pays les plus pauvres.  En France, pays si bien pourvu en milliardaires et millionnaires, 1 % de la population possède 25% des richesses. Mme Bettencourt, et M. Arnaud à eux deux, possèdent plus que 20 millions de français. Comment peut-on être socialiste et accepter un tel siphonage des richesses aux dépens de ceux qui les produisent.

M. Gérard Mestrallet (EDF-Suez) s’attribue 21 millions d’euros de retraite chapeau soit 78 000 euros, 70 smic  par mois. La privatisation d’EDF a servi à cela… Le PDG de Sanofi supprime 1 800 emplois alors que son entreprise gagne des milliards et que, lui-même, reçoit  5,8 millions d’euros de prime de départ. La liste est longue.

Je m’interrogeais dans le « tweet » qui m’est aujourd’hui reprochés sur ce que ces féodaux allaient faire après la mort du PDG de Total : la réponse n’a pas tardé. Comme avant, la société allait continuer à ne pas payer d’impôts en France. Rappelons, pourtant, que François Hollande fut ovationné quand, dans son discours du Bourget, il s’écriait à destination de la « délinquance financière » : « la République vous rattrapera ! »

Le scandale Juncker vient d’éclater : c’est un scandale Cahuzac à la puissance 10 000.  A l’échelle européenne, le chef de la Commission européenne, depuis trente ans, à Luxembourg, organisait la captation des fonds pour les blanchir vis à vis du fisc des différents états européens. Et en même temps « les yeux dans les yeux », il se faisait le chantre des rigueurs budgétaires,  des traités d’orthodoxie monétaires !

Tout cela vient d’être projeté au grand jour : 340 multinationales trafiquaient avec le Luxembourg, pour faire disparaître suffisamment de fonds pour ne pas payer d’impôts dans leur pays respectif. 3 800 fonds  sont domiciliés au Luxembourg et abritent plus de 2 400 milliards d’euros. 58 grandes banques et entreprises françaises sont concernées par ces détournements sous couvert « d’optimisation fiscale ». Doit-on souligner que Total est le 1er employeur du secteur pétrolier et le seul à être présent dans tous les métiers de ce secteur d’activité au Grand duché ?

Derrière « l’optimisation fiscale » dont se réclamait le PDG de Total pour ne pas payer d’impôts en France, c’est la pratique de toutes ces multinationales qui commence, maintenant, à apparaître au grand jour.

Et on nous impose l’austérité ? Et on distribue 41 milliards à ces siphonneurs d’argent qui ne créent pas d’emplois et jouent contre les impôts de leur propre pays ? 50 % de nos retraites ont moins de 1 000 euros par mois pour vivre, le salaire médian baisse à 1 650 euros ? Et ceux qui organisent cela se paient des 300 Smic ?

Voilà l’indignation qu’il y avait ce matin-là dans mon « tweet », et j’en suis fier, je n’en retirerais rien, et j’exprime ma colère qu’on ose m’en faire grief.  Tous les socialistes, moralement, déontologiquement, éthiquement, politiquement, devraient partager cette indignation 

Gérard Filoche, le vendredi 14 novembre 2014

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