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Billet de blog 25 février 2014

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Intermède, court billet sur le stalinisme, Beria, la IIIe et la IIe internationale, la démocratie, la Ve République et sa Cour

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Intermède, juste des notes jetées sur le stalinisme, Beria, la IIIe Internationale, la IIe internationale, la démocratie, la Ve république…

Juste un intermède, car un participant au forum permanent sur mon blog www.filoche.net diminue le rôle du stalinisme au XXe siècle, en fait il ne le comprend pas, il n’est hélas pas le seul.  Je sais, je n'ai pas beaucoup de temps, je cours et n'arrive pas à faire tout ce qu'il faut faire dans la situation, mais au passage, quelques mots, des "notes jetées", rapides et forcément concises (j'invite à lire un livre époustouflant de Jean-Jacques Marie "Beria" aux Editions Fayard) (si vous avez plus de temps, lisez la biographie de Trotski par Pierre Broué, puis le Staline de JJ Marie, puis, le Khrouchtchev de JJ Marie, puis le Beria...vous aurez compris le XXe siècle court 1914-1991)

Question donc : Mais, que vient faire le stalinisme dans notre débat ? Les horreurs de Staline sont dénoncées par une énorme majorité de français, le mur de Berlin est tombé, remplacé par celui construit par Israël, pour le bien du peuple, comme de bien entendu, l’URSS a été démantelé. »

La question est celle des origines du socialisme, de Marx à Jaurès, de Bebel à Lénine, et après la Commune et 1905,  de la révolution en 1917 puis et de la contre révolution en URSS en 1927-33 puis dans le monde : Staline et sa bureaucratie ont écrasé le socialisme balbutiant et liquidé le bolchevisme, il n'y a jamais eu de communisme. Comme une pandémie, cette contre révolution bureaucratique stalinienne, a contaminé pendant près de 70 ans, au coeur du XXe siècle « court », des dizaines de pays, des centaines de partis, des dizaines de millions de cerveaux militants (et ce n’est pas fini visiblement). Car elle a affecté comme une peste durable la notion même de socialisme : cette histoire ne doit pas, ne peut pas être jeté aux « poubelles de l’histoire » ni évitée, ni relativisée. C'est une contre revolution, pas un accident, pas une déviation, mais un renversement violent, féroce, de tous les idéaux socialistes, communistes, bolcheviks. Staline et les staliniens ont tout écrasé tout trahi. Il a liquide physiquement le bolchevisme, assassine des centaines de milliers de "trotskistes". Staline fut à Octobre 1917 (un siècle déjà) ce que l'empereur Napoléon couronné par lui même, écrasant et pillant l'Europe, fut aux sans-culottes de 1789. C’est une question THEORIQUE ET PRATIQUE sur la nature de ces régimes bureaucratiques contre révolutionnaires qui se sont imposés en usurpant le nom du socialisme et du communisme. Comment ont-ils été possibles, entre impérialisme/capitalisme et prolétariat/salariat ? Comment la classe dominée, notre classe, a t elle pu être vaincue, et pire, écrasée, humiliée, trahie à ce point ? Les conséquences nous frappent toujours de plein fouet et l'avenir dépend des leçons durables qui en sont tirées.

« Le colonialisme a eu beaucoup plus de conséquences pour nos compatriotes, que le stalinisme, si on laisse de côté, sa participation indiscutable a l’écrasement du nazisme. »

Le colonialisme et le nazisme aussi, le capitalisme, l’impérialisme c’est l’horreur de toutes les sociétés qu’on combat inlassablement - pas celle que nos tentatives de les renverser ont subi. Le socialisme est en permanence  et toujours une idée neuve anticapitaliste. Il part du ventre, il renaitra sans cesse du soulèvement des exploites. Pas le « socialisme » dont les contre-révolutionnaires staliniens ont pu affubler, corrompre, pourrir NOS combats. Le stalinisme c’est le produit de la contre révolution qui nous a soumis à une pandémie. Hitler a été élu grâce à la division de la gauche, contre une majorité de sociaux democrates et de staliniens qui se faisaient une guerre impitoyable, alors qu'ils étaient majoritaires ensemble. Staline s'est félicité (CEI de mars 1933) de la victoire d'Hitler, y a vu le signe de l'approche de la revolution puisque l'essentiel était que le "social fascisme" était battu... Staline fut "l’étoile jumelle de Hitler". Ils ont gravité dans deux monde parallèles, opposés mais liés au coeur du XXe siècle "court".

Ce n’est pas le stalinisme, contrairement à ce que tu dis, qui a vaincu le nazisme mais le peuple russe MALGRE le stalinisme. (Lire toujours "Vie de destin" de Vassili Grosman) Trahi par Staline de façon tragique jusqu’en 1941, (Staline après son « Pacte » avec Hitler, nie jusqu’au bout la guerre qui vient) vaincu par les troupes nazies balayant une Armée rouge décapitée, paralysée par son chef, le peuple a trouvé les forces du sursaut, et l’a emporté dans la plus grande bataille du siècle qui porte comme marqué au fer rouge, le nom… de Stalingrad. (voir même le film de JJ Annaud avec lequel je suis indulgent).

« Ce n’est pas le débat sur le stalinisme que je fuis, il est indispensable à la connaissance de notre monde, d’hier et d’aujourd’hui, même si cela fait mal au militant viscéralement de gauche que je suis resté; c’est l’utilisation que tu en fais. »

Tout militant viscéralement de gauche, tout salarié, ne doit pas « souffrir » du stalinisme : ça ne fait pas « mal » ça fait du bien de savoir, d’expliquer, de lutter contre le stalinisme et séquelles, ça doit, on doit s’inscrire dans la continuité de ceux qui l’ont combattu au prix de leur vie : l’opposition de gauche russe et le militant sans doute le plus conscient, le plus courageux, le plus cultivé, le plus célèbre du siècle dernier, que Staline a fait assassiner à cause de cela, Léon Trotski. Et Trotski a fait une THEORIE de la « révolution trahie », de la « révolution permanente », de la « bureaucratie stalinienne », de la « dégénérescence des états ouvriers », du « front unique ouvrier », de la « transition » sans laquelle on ne peut extirper ce qui reste dans des millions d’esprits (et encore quelques forces politiques existantes non négligeables) des scories vénéneuses du stalinisme.

O combien c'est important quand en Europe, il existe une majorité en Allemgange pour un gouvernement de gauche SPD, Grunen, Die Linke, et que c'est merkel, battue le 22 septembe en sieges et en vois, qui dirige encore. O combien, c'est important en France, pays ou rien n'a été gagné sans unité PS-PCF, rien n'a été conquis sans unité, et ou seule l'unité a été dynamique, assez forte pour dépasser ces DEUX appareils.


« Obligé de fouiller dans les poubelles de l’histoire, dans le seul but de masquer les cruelles réalités de son parti. »

Oh non, la IIe internationale, bien que lui ayant survécu, (et encore capable fin XXe siècle de gagner le parti des travailleurs brésilien, ou les sandinistes…) a été soumise, corrompue dans sa propre existence, par rejet et par miroir à l’histoire du XXe siècle dominée par le stalinisme et sa IIIe Internationale. Elle a ses héros d’Adelen 31 à Largo Caballero, même quand "il était minuit dans le siècle". Ses nombreux crimes à elle, lui sont propres de 1914 (le vote des crédits de guerre) jusqu’à Ebert et Noske, disons, le milieu des années 20 ensuite, ou plus tard Jules Moch en 1947, elle a été rejetée (par anti soviétisme) dans le camp de l’impérialisme, de la guerre contre l’Algérie, et combat mais dans la matrice de celui-ci, d’où l’énumération que tu fais et que je fais, qui va, en effet, de la défense du colonialisme à celle du social libéralisme. De la rigueur en 1983 à l’austérité de 2014. Mais là encore, il faut une THEORIE et une PRATIQUE de la bureaucratie syndicale et sociale démocrate qu’on combat tous les jours de toutes nos forces pour survivre et la dépasser. Il faut mesurer leur degré d’installation en profondeur et ses effets dans la Ve République dont Mitterrand disait qu’elle était un « coup d’état permanent ».

Il n’y a pas une seule politique possible, pas seulement Blair et Schröder, d’ailleurs il y a eu Jospin et les 35 h, et il pourrait y avoir un autre Hollande, qui ne propose pas de « redistribuer après ». Si on parvient à contrecarrer, renverser la politique de collaboration de classes de cette gauche actuelle, et à recréer une dynamique unitaire avec toutes les forces politiques choquées, frappées mais issues de cette longue tragédie de la gauche, si on réussit à unifier le salariat dans les luttes, et à l’emporter, UNE question resurgira immédiatement, dans tout nouvel état social, c’est celle de la révolution permanente, de l’extension du socialisme démocratique au delà d’un ou de quelques pays, du front unique, de l'enracinement de la « démocratie » : sans démocratie pas de socialisme… Régler son compte à la mémoire de la contre révolution stalinienne reste et sera vital à pareil moment… il ne faut pas que « ça fasse mal » mais que ça fasse du bien, que ce soit assumé à temps collectivement, consciemment et… utilement…

Par exemple, la question de la démocratie est vitale, incontournable, elle est la sève, la force, le devenir, la sureté, la raison du socialisme. Elle est la condition de la mobilisation du salariat, elle est l'énergie, l'échange, la clairvoyance, le partage, la condition de l'émancipation collective (cf. « Mai 68 histoire sans fin » Ed. Gawsewitch). Le PS fort heureusement pour lui  est pluraliste, sinon, il n'existerait plus, il fonctionne grâce à la proportionnelle. Mais pour autant, il existe en son sein des caricatures qui, parfois n'ont, sur le plan formel rien à envier aux pires heures de la gauche : bien sûr, on n'y fusille plus personne, on peut même y parler fort, mais les votes sont encore truqués, ou étouffés (même s'il y a eu des progrès depuis le congrès de Reims). Il suffit de raconter en détail (voir les articles ce blog de avril à juin 2013) comment lors de la convention sur l'Europe de juin 2013, tout a été mis fait pour que la volonté des militants ne s'exprime pas spectaculairement dans les votes (elle s'est exprimée quand même de façon déformée, mais les méthodes mises en oeuvre contre elle méritent de rentrer dans les anthologies). Il existe des formes de culte de la personnalité dans le PS qui feraient sourire dans le PCF (et pourtant... n'est ce pas ?)... La Ve République est un système de dictature personnalisée, odieux, caricatural, même un président qui voudrait être "normal" dans ce système ne le peut pas. A cause de cette personnalisation de la politique due à cette absurde élection "individuelle" au suffrage universel, le pouvoir est confisqué par des conseillers personnels occultes, sélectionnés par le système bancaire et actionnarial, par la médiocrité conformiste et l'absence d'horizon, de vision, d'espoir. On y retrouve une atmosphère de Cour et de courtisans, à la Beria, mais l'assassinat en moins. On peut y survivre et on a une chance de gagner.

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