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Billet de blog 29 mai 2014

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Intervention au BN du mardi 28 mai 2014 : halte au pouvoir personnel, président normal, parlement normal, démocratie

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Je n’aime décidément qu’on dise que le 25 mai est une « alerte ». Quand on fait un exercice d’alerte incendie dans une entreprise, beaucoup de salariés n’y croient pas, à tort, et restent à leur poste. Mais là, y’a le feu. Ca brûle.

Ce n’est pas du tout comme le 21 avril 2002. C’est bien pire. Le 21 avril 2002, la gauche était majoritaire en voix exprimées, en chiffre absolu. Il n’a manqué que 192 400 voix à Lionel Jospin pour être au second tour et il aurait gagné ! Le 21 avril, Chirac était devant Le Pen.

Rien de semblable aujourd’hui, la gauche toute entière n’a que 33 %. Le FN est devant l’UMP et la droite fait 45 % des voix exprimées.

L’abstention est majoritaire et elle est surtout de gauche. Par exemple, 73 % des jeunes, 74 % des ouvriers ne votent pas. Combien d’abstentions purement de notre propre camp ? 25 % ? Des millions de NOS électeurs nous en veulent, ils ont un sentiment de déception, de colère, de trahison violente. Ils vomissent notre parti socialiste parce que le gouvernement ne fait pas ce qu’il avait promis. Cette coupure, cette violence contre nous est sans précédent. Ce n’était pas le cas en 2002, à ce moment là, bien des voix du premier tour plutôt à gauche, voulaient nous donner des « leçons », mais auraient voté pour nous au 2° tour. Là, il y a un dangereux rejet.

Lorsque Manuel Valls explique que c’est le même vote à 8 semaines d’intervalle, le 30 mars et le 25 mai, et ajoute qu’il y a « pas une minute à perdre » c’est un aveu qu’il a déjà perdu 8 semaines en imposant de poursuivre la même politique contre la volonté explicite de notre électorat…

Lorsque le Président déclare « On ne doit pas changer de ligne politique selon les circonstances », c’est surréaliste. Nos électeurs sont abasourdis d’une telle fin de non recevoir. Cela revient à mépriser leur vote, à déclarer qu’il ne sert à rien. Pourtant un Président procède du peuple, ce n’est pas l’inverse. Un Président qui s’obstine à dire aux gens, deux fois de suite, après deux déroutes électorales graves, « je ne vous écoute pas », perd crédit. Il faut imaginer comment c’est perçu. Une catastrophe, le FN est en tête, il fait le double du PS, et le Président répond « pas question de changer de ligne » Mais où on va ?

Jean-Christophe a bien dit que « le parti ne procède pas de l’exécutif ». Alors il faut sauver le parti de cet autisme de l’exécutif. Il faut aussi sauver le Parlement. Sauve tout ce qu’on peut ! Parce qu’à continuer ainsi, la croissance est zéro, le chômage monte, les inégalités se creusent, c’est terrible.

Il faut hausser les salaires tout de suite, réduire la durée du travail tout de suite, faire des impôts sur le revenu, contre les 1 % de l’oligarchie, tout de suite. Redistribuer les richesses tout de suite. L’Europe ne nous empêche ni de hausser les salaires, ni de réduire la durée du travail, ni de faire un impôt direct et progressif exceptionnel.

Les 3 % de déficit, nous ne les atteindrons pas et tant mieux, car c’est un objectif meurtrier. En 2013 on a eu 4,3 % de déficit au lieu des 3,9 % fixés : proposer 0,5 % pour 2017 est irresponsable, aberrant. La dette augmente et passe de 85,9 à 94,3 du PIB. Comme en Grèce (et partout), où à force d’austérité stupide, elle est passé de 100 % du PIB à 200 % du Pib. Chez nous, en 2013, y a eu 15 milliards de rentrées fiscales en moins dus à la récession.Pourquoi n’entend-on pas ça là-haut ? Pourquoi ?

Réduire la durée du travail, contre le chômage de masse, est une nécessité encore plus avec le boom démographique que nous connaissons. On a 850 000 naissances par an depuis 15 ans ! (On va être nombreux,… il n’y a que 525 000 morts par an) Soit 12,5 millions de jeunes qui commencent arriver sur le marché du travail en 2018… c’est 32 h, 30 h et le partage des richesses qui va avec qui sont incontournables ! Les objectifs du Medef qui veut faire travailler plus et gagner moins sont complètement stupides, faut travailler mieux, moins, tous pour gagner plus et éviter l’explosion l’implosion sociale.

La résistance c’est au Parlement, le parti ne doit pas s’opposer aux élus qui posent les bonnes questions, à ce qu’on dit, ils ne sont plus 41 mais 100 et peut être 150. Ils ont un mandat de leurs électeurs, et ce n’est pas de cautionner l’actuelle politique de l’exécutif, mais de la faire changer. D’ailleurs s’ils ne se battent pas, s’ils ne s’opposent pas, s’ils votent de façon suiviste, ils seront balayés, ils ne seront pas réélus, il restera à peine 50 députés sur 290.

L’exécutif doit s’adapter à la volonté majoritaire des parlementaires et pas l’inverse. A ce niveau là, il faut de la VIe République tout de suite contre le corset de la Ve République. Un homme seul ne doit pas tout décider. Halte au pouvoir personnel ! Président normal ! Parlement normal ! Démocratie parlementaire ! Et ce ne sont pas les banquiers Jouyet et Macron qui dirigent la France mais les élus socialistes !

Il existe au Parlement, comme dans le pays, une majorité de gauche rouge rose verte, c’est au parti comme à ses parlementaires de la faire vivre et revivre. De prendre les initiatives, que tous les députés de gauche se rencontrent et réfléchissent à un programme d’action immédiat qui se substitue au programme désastreux qui échoue chaque jour. Ils ont la majorité à l’AN, qu’ils s’en servent ! Ni crise, ni dissolution, démocratie, il y a une majorité qui n’est pas derrière l’impasse du gouvernement Valls. Il faut rassembler tous les socialistes d’abord, ils ne le sont pas, il faut rassembler la gauche, elle ne l’est pas. Il faut un gouvernement rouge rose vert : la ligne élaborée par un gouvernement de gauche unie, c’est réaliste et ça ne peut être que meilleure que celle qu’on subit.

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