Il y a deux classes sociales fondamentales.
L’actionnariat et le salariat. Ceux qui produisent les richesses et ceux qui se les accaparent. Ceux qui vendent le mieux possible leur force de travail et ceux qui l’exploitent au maximum. Ceux qui soutiennent la finance qui pille et ceux qui s’en défendent pour vivre. Il y a d’un coté, le salariat qui produit les richesses et n’en reçoit pas la part qu’il mérite, et de l’autre les 1 % de l’oligarchie qui se goinfrent des milliards arrachés au travail.
Il n’y a pas, en face de cela, trois camps. Il n’y en a que deux. La droite et la gauche.
L’UMP, UDI et le FN sont le camp des soutiens aux banquiers. Les partis de gauche dépendent des votes de la grande majorité des salariés.
Il est insensé, ou fort malintentionné de classer le FN dans un « troisième camp ».
Il n’existe pas de « centre » qui puisse échapper au combat entre les salaires et les dividendes.
D’ailleurs jamais le FN ne s’en prend à l’oligarchie, aux détenteurs de capitaux, aux fraudeurs fiscaux, au Medef, aux financiers. Le Pen a exigé, exactement comme Angela Merkel et Christine Lagarde que le nouveau gouvernement du peuple Grec paie la « dette » qui lui est attribuée par les banques ! Elle ne conteste pas la « dette » indigne, elle ne remet pas en cause le tribut qui est exigé chaque jour au peuple par les banques : au contraire elle se sert de ce prétexte pour exiger que ce soit les immigrés ou les autres peuples qui le paient, les chômeurs, ou les minima sociaux mais pas les riches ni l’oligarchie. Elle est totalement contre les services publics et les droits du travail. Le Pen est toujours courtoise avec « ceux du château » mais pas avec ceux qui ne peuvent vivre de leur travail. Elle est dans le camp classique de la droite extrémisée, mais pas du tout entre deux camps ou dans un "autre" camp.
Et l’UMP n’est pas du tout plus proche de la gauche que de Le Pen.
Elle est poreuse au FN au point qu’elle fait la course à l’échalote avec les thèmes les plus éculés de la vulgate d’extrême droite lepéniste. Les deux électorats sont mêlés non seulement dans les idées mais dans les urnes. L’UMP fait même au pouvoir une partie du sale boulot au pouvoir que le FN ne peut faire lui même.
On ne voit donc pas quel serait l’intérêt d’inventer cette curieuse et inédite notion de « tripartisme ». Quel est le but pervers ? De dédouaner le FN d’être en fait au service de l’oligarchie ? Ou dédouaner l’UMP de ses complicités avec le FN ? D’envisager une fumeuse alliance interclassiste avec l’UMP par delà les intérêts antagonistes entre actionnariat et patronat ? De rendre confuse l’opposition entre droite et gauche ?
Qui a intérêt à ne pas délimiter le camp de la gauche contre celui de la droite et de l’extrême-droite ?
Alors que le FN multiplie les démagogies, se prétend ni de gauche ni de droite, emprunte des mots de gauche tout en les vidant de leur contenu, qui a le moindre intérêt à ne pas le ranger dans le camp de la droite ? Alors que le FN utilise de façon surabondante cette sale expression « UMPS » faut il lui faciliter la tâche en inventant un « troisième » camp ?
Un « tripartisme » pour deux classes, qu’est ce que c’est ?
Il n’y a pas de classe moyenne en France. Le salariat a gagné largement. Il représente 93 % des actifs. Et 98 % des ces 93 % gagnent moins de 3200 euros nets. Entre le bas et le haut du salariat les intérêts fondamentaux sont proches : les mêmes menaces existent contre le droit à l’emploi et le niveau du salaire.
A moins qu’il n’y ait plus de classes, ou encore que les partis n’aient pas de nature de classe ? Un parti peut il ainsi échapper à sa genèse, à son histoire, à sa continuité organisationnelle, à sa base sociale, à son électorat, à sa place dans les luttes sociales ?
Avancer cette idée que trois partis pourraient ainsi « muer », est une idée bien dangereuse, dont le premier effet est de dédouaner le FN de ses racines et de sa direction fascisante. Et le fascisme c’est le stade horrible du capitalisme, quand ses grandes multinationales et ses banques ne peuvent plus assurer l’ordre en vigueur et ont absolument besoin de hordes armées supplétives pour défendre leurs pouvoirs et richesses.
Il faut au contraire impliquer le FN dans son rôle actuel : aiguillonner, pousser la droite et se préparer à suppléer en dernier ressort aux partis de droites traditionnels si ceux viennent à faiblir dans la défense de l’oligarchie.
Il faut au contraire rassembler, distinguer, unifier le camp de la gauche, s’appuyer sur la puissance du salariat majoritaire contre la droite et l’extrême droite, et non pas isoler, distinguer, inventer des « camps » aux contours trompeurs.