GERBEAU

Abonné·e de Mediapart

10 Billets

0 Édition

Billet de blog 3 février 2017

GERBEAU

Abonné·e de Mediapart

En Démocratie, est-il légal de taper dans la caisse ?

Dur pour nos élus, de tous bords, ceux qui sont bien nés, au bon endroit, ceux qui ont fréquenté les meilleures écoles, côtoyé des gens brillants, bénéficié d'un environnement favorable, ceux qui connaissent tous les codes et bénéficient de réseaux solides, d'admettre la réprobations publique à l'étalage de certaines de leurs pratiques financières.

GERBEAU

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C'est encore plus vrai pour l'« élite des élites », celle qui a fait l'ENA- la Grande École de la République. Celle qui forme avec l'argent public ceux qui disposeront demain du « droit » d'exercer le pouvoir et d'en tirer les bénéfices. Ils ne doutent pas un seul instant de leur bon droit à profiter « naturellement » des avantages que procure leur position en haut de la pyramide sociale ?
Pour eux c'est une évidence : Le « mérite » de leur parcours justifie leur position et leurs avantages. Il suffit de voir les réactions outragées de ces Messieurs et Dames dès lors que la plèbe ose questionner leurss pratiques . Leurs réactions ne sont pas des postures, elles démontrent un étonnement des plus honnête , une incompréhension la plus totale voire pour certain, un sentiment d'injustice absolu! Bénéficier des avantages est non seulement naturel mais surtout bien évidemment légal.

 Un travail égal, un travail légal ?

 Oui il est légal d'employer un membre de sa famille. C'est bien le cas dans l'entreprise se justifient certains, ce serait de la discrimination que de l'interdire s'insurgent d'autres, de la Misogynie que de ne pas employer son épouse ou sa fille ! Les élus disposant d'une « enveloppe » pour employer à leur convenance un assistant, pourquoi ne pas donner leur chance aux siens. Puisque la encore rien d'illégal.
En outre, comment affirmer qu'un emploi est fictif, qui peut en vérifier le « contenu » réel ? Soutenir l'élu, lui faire son café des photocopies ? Rédiger éventuellement une note, une question copiée collée lors des questions au gouvernement ou simplement lui donner son sentiment sont autant de travaux que l'on peut attendre d'un « attaché ». Qui peut juger de la valeur du travail réalisé si ce n'est l'employeur lui même car c'est bien lui seul qui sait ce qu'il en attend. Et dans le cas l'employeur c'est qui ?
ais enfin, la Morale ? Enfin que dit la loi ? Rien sur ce point car la notion d'emploi fictif laisse la place à tellement d’interprétations. La seule règle en ce domaine semble bien que ce qui n'est pas interdit reste autorisé... Mais qui fait la loi ?

 La « Valeur travail » :

 La notion de travail et le sens de sa « valeur » ne reposent pas à l'évidence sur les mêmes concepts selon que l'on soit élu ou que l'on a une pelle entre les mains . Le premier peut dire ce qu'est la « valeur travail », il en a inventé le concept et en fait son fond de commerce politique surtout en parlant du travail... des autres. Le second lui en subit les véritables effets sans en tirer le moindre espoir de bénéfice. Pire son travail est aujourd'hui non plus défini une source de richesse mais... comme un coût !
Le temps passé, la densité du travail, la profondeur ou la créativité ? Comment s'en sortir sauf à définir une seule valeur commune ? Oserais-je suggérer le temps ?

 Les fonds publics

 A en croire l'opinion, s'agissant de fonds publics, son bon usage devrait intégrer une dimension morale? Pourtant et encore une fois le versement de l'argent public est fait pour aider les élus à exercer pleinement et au mieux leur activité et reste à leur discrétion. Alors où est la part morale dans leur emploi ?
On dénonce l'usage très personnels de tous ces fonds inutilisés que l'élu peut légalement utiliser comme il l'entend ou donner à son parti qui lui même peut (c'est encore légal) le lui reverser pour son activité. La encore c'est légal ? Certes on peut s'en offusquer mais est-ce un délit même moral d'utiliser au mieux la connaissance parfaites des rouages et des bornes de l'interdit ? Ce « flou » juridique dans lequel le seul risque sera d'avoir à subir des inquisitions qui d'Appels en Cassations finiront le plus souvent pas une relaxe ou une dispense de peine !
Au besoin, un petit ajustement juridique, justement et rapidement voté par ces mêmes élus permettra de lisser les imperfections ou d'ouvrir de nouvelles possibilité qui leur permettront de tirer le meilleurs parti de leurs positions.

 Frontière entre mission publique et intérêts privés

 Certains ministres sont pointés du doigt sur leur utilisation de l'argent ou des services publics à des fins privés – Ce dont ils se défendent, bien sûr. D'autres sont soupçonnés d'utiliser les moyens liés à leur fonction au sein de l'appareil d’État pour leur usage personnel ou leur ambition politiques.
La encore l'incompréhension est totale. Pour se justifier, les ministres sauront bien mettre en avant leurs énormes responsabilités, du don qu'ils font de leur personne à la collectivité et la fin de leur vie privée. Ils pensent, là encore en toute bonne foi ou en toute ingénuité, que les accusations sont parfaitement injustes, qu'elles relèvent du populisme, de la diffamation ? Pire que l'attaque contre leur humble personne relève d'un Coup d'Etat Institutionnel !!!
S'ils doivent utiliser un Jet Privé pour le Week-end, c'est qu'il sont conscients de la haute valeur de leur temps ? S'ils se déplacent en cortège avec motards et gyrophare c'est pour ne pas faire perdre à la collectivité une minute de leurs immenses compétences. S'ils vivent dans les palais de la République dans le Mobilier National, disposant d'un personnel de maison et des caves de leurs ministères (A l’Élysée, Mme Sarkozy adorait déjeuner au Petrus parait-il – Et comme je la comprends...), c'est bien la juste récompense de leur immense talent… Y compris à le faire croire aux autres.

 Alors, s’arrête la morale, où commence la prédation??

 La frontière entre emploi de ministre et homme politique est ténue. Ainsi personne ne s'étonne plus qu'un ministre de l'économie qui consacre 200 % (sic) de son temps au bien public, deviennent, du jour au lendemain, le favori des sondages et de la presse ? Comment peut-il disposer d'un Réseau National, d'un local de campagne, de fonds, faire la « Une » de tous les journaux, étaler sa vie privée sans avoir rien préparé du temps où il était ministre qui peut le croire. Comment croire qu'il n'ai pas préparé tout ceci lors de sa mission publique, tout en continuant à percevoir ses rémunérations indemnités et services publics liés à sa fonction ? Dans une entreprise celas'appel l'abus de bien social, il conviendrait enfin d'inscrire dans la loi l'abus de biens publics !
En France, plus personne ne songe plus à s'étonner qu'un élu ou qu'un ministre continue à profiter de son poste pour se déplacer au frais du contribuable lors de sa campagne électorale... En résumé, Il y a ceux qui s'étonnent de voire mettre en cause leurs pratiques et ceux qui ne s'étonnent même plus des pratiques des élites. Car là est la magie de la démocratie ! Puisqu'au final les électeurs continuent à voter... pour les élites. Ces prédateurs qui continueront à taper au mieux et très légalement.. dans la caisse !! Tout est « normal » puisque la prédation est devenue la règle.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.