Cette radicalisation s'appuie sur une justification idéologique : le « Mérite ». Elle affecte tous ceux qui se prétendent ou se considèrent honnêtement parfois mais très cyniquement souvent, les seuls moteurs de nos sociétés. Ceux qui ont bien compris comment le système fonctionne, comment ils y trouvent leur place et surtout - et cette fois pas nécessairement très honnêtement - en tirent profit.
Ce sont ceux-la même qui se persuadent d'être les créateurs de richesse, ceux-la même qui "donnent" du travail, ceux qui "aiment" l'Entreprise, ceux qui pensent que le blocage ou les résistances sociales ou démocratiques sont le fruit d'une mauvaise communication ou d'un manque de pédagogie. Car, à leur évidence, ils sont les seuls capable d'en comprendre la nécessité , mais surtout d'en mesurer … les avantages. Cette insistance sur la "nécessaire pédagogie" associée à l'"urgence des réformes" montre le niveau de mépris atteint. En effet, parler de pédagogie c'est avouer en creux que ceux qui ne résistent aux « mesures qu'imposent » la mondialisation, la compétitivité ou la méritocratie n'ont rien compris. En conséquence un « besoin » de nécessaire pédagogie s'impose à tout ceux qui douteraient ou tenteraient de s'opposer à la « juste mesure » qu'on leur demande de subir . Quelle souffrance au fond de devoir faire face à une population de « sans dents » incapable de comprendre la haute vision des élites!
Le mérite, mériter, méritocratie : quand un même mot permet de faire passer des messages multiples.
Le concept de mérite est intéressant. Si sa compréhension semble évidente elle repose sur une imposture entre le verbe et le substantif. Dans cette logique, ceux qui ont bien travaillé à l'école, qui ont fait de brillantes études méritent une récompense « naturelle » : leur place en haut de la pyramide sociale et tous les avantages qui vont avec. C'est donc une évidence ils le MERITENT et le MERITE justifie leur position. Ainsi, personne ne s'étonne plus que quelqu'un de bien né, au bon endroit, ayant pu fréquenter les meilleures écoles, côtoyer des gens brillants, bénéficier d'un environnement culturel favorable, connaître les codes de reconnaissance de la caste dirigeante et bénéficier de réseaux solides ne puisse mériter sa position sociale et l'appropriation de ses avantages? Qu'il travaillera dans un environnement confortable aura des notes de frais pour se faire payer de bons repas ou des voyages aux frais de la collectivité ou bénéficiera parfois des ors de la République ? Un manœuvre, lui, n'a que ce qu'il mérite. Issu d'un milieu rarement favorisé, il n'aura pas eu la possibilité de s'inscrire dans le bon lycée, de profiter d'une émulation culturelle, de faire la bonne prépa et d'intégrer la bonne école de fréquenter les bons réseaux. Celui-là aura commencé à travailler très tôt, dans des conditions parfois à la limite de l'humanité. Mais il aura la délicatesse de mourir aussi plus tôt... Au final lui aussi n'aura QUE ce qu'il mérite ? (A noter ici l'usage intéressant du « QUE » pour en limiter encore le sens).
Cette notion de "mérite" dans la vision binaire d'un monde que l'on affirme binaire n'est qu'un moyen de justifier les situations injustifiable dès que l'on en gratte un peu la surface idéologique.
Quant à « Élites »... le mot là aussi est savamment et cyniquement choisi. Un peu comme les spéculateurs boursiers qui deviennent dans la bouche des commentateurs avertis des « investisseur » terme plus noble, laissant croire que leurs spéculations apporteraient des ressources aux entreprises à chaque achat d'action. C'est évidemment oublier que l'entreprise ne touche que lors de la première émission...
Les élites étymologiquement sont des élus, des choisis, non pas par élection ou onction divine mais, par eux-même et par la reconnaissance de leurs pairs. Non content de justifier leur position par l'emploi de ce nom même, ils ont besoin de justification. C'est ainsi que les Élites veillent à longueur de communication à nous convaincre qu'ils sont les seuls moteurs de la société. (Société qu'ils conduisent indifféremment et sans vergogne une mort certaine). Une société où toute forme de résistance même inconsciente est dénoncée comme frein à un monde « en marche » vers le bonheur, demain... en oubliant de préciser toutefois... « réservé à quelques uns ».
Dans le monde qu'ils nous racontent, car ils en contrôlent bien évidemment la parole, le travail coûte ! Pas le leur bien sûr, celui qu'ils doivent payer à ceux à qui ils ont choisit de « donner » du travail (sûrement par pure charité héritée de leurs Humanités) . Et pour montrer le poids de leurs sacrifices, non seulement ils « donnent » du travail mais doivent en « supporter » les « charges » qu'ils on transformé en concept un peu comme « galère » pour indiquer une grève des trasports. Ils vont même différencier des charges qui seraient « salariales » de charges « patronales », qui, comme chacun devrait le savoir, ne sont ne sont que le produit de la valeur crée par ceux qu'ils emploient. Ils « offrent » aussi le SMIC mais, évacuant la réciprocité salaire-travail, ils en dénoncent à longueur de temps le coût qui « pèse » sur la compétitivité de leurs Entreprises, celles qu'ils aiment tant. Car comment en serait-il autrement ? N'est-ce-pas le propre d'une charge, sa nature que de « peser ». Le choix du verbe est la aussi judicieux. On aurait pu dire « cotisations sociales » ou mieux, « salaire différé » ? Mais non la charge pesante est ainsi supportée par la seule entreprise donc l'employeur. L'Elite s'offre à bon compte le statut de victime d'un système dont il dénonce les freins et la « lourdeur » l'empêchent de croître.
M. Macron symbole des Élites triomphants :
La réplique de M. Macron à celui qui lui parlait de son costume (de ce qu'il est vraiment sous son costume ?) est parfaitement représentative de cette vision du monde : Il réagit immédiatement « j'ai un beau costume parce que je l'ai mérité ». Et le costume e M. Macron va bien au delà du vêtement qui le couvre. Son costume il est dans sa prestance, dans son assurance, dans sa suffisance et dans sa totale confiance dans le rapport social qu'il entretien avec les castes de pouvoir.
Il est évidemment « brillant », il sait parler, n'a pas peur ni de doute sur son rang. Il y en a même qui le disent mignon ! Tellement brillant qu'on lui confie des postes et des responsabilité politiques lui qui n'est même pas élu mais seulement oint par le Prince. Soudain il devient incontournable, on ne voit plus que lui, sorte de nouveau JFK ou en leur temps des JJSS ou des VGE, DSK et d'autres porteurs de rêves. Il a eut l'intelligence de doter le nom de son mouvement de ses initiales - (« E »t « M »ince , je n'y aurai pas pensé !) - compensant ainsi leur brièveté.
Ce nouveau Tintin de la Politique fait preuve de courage. Son courage aurait d'avoir renoncé aux rémunérations fastueuses de la banque pour celle beaucoup plus modeste de « serviteur » de l’État (on va même parfois – et sans rire – de parler de commis voire de Grands Commis de l’État ! À ne pas confondre avec un commis de cuisine par exemple).
C'est une bien Triste régression sociale à laquelle M. Macron et les Élites de pouvoir ont consenti pour le bien de tous. Se contentant des maigres rémunérations de ministres qui font hurler de rire les dirigeant du CAC... tant qu'on ne leur propose pas un maroquin auquel il ne sauraient résister. Car le pouvoir quelle ivresse : Les Jets, les limousines, les motards pour ouvrir la route au cortège de voiture du ministre et de sa suite, la résidence dans les ors de la république, se fournir au Mobilier de France, ne jamais avoir à payer un repas ni celui de ses invités, bénéficier d'une service de maison et même parfois d'un coiffeur privé... Alors oui il a eu ce courage bénéficiant néanmoins d'un support financier respectable. Mais qui veut viser haut !
M. Macron a le pouvoir magique de « mobiliser » ex-nihilo et de galvaniser une foule « En Marche » . C'est vrai qu'il bénéficie d'un support médiatique à faire pâlir nos vieilles gloires.
M. Macron, LE JFK à la française (il est vrai que VGE a bien vieilli et n'est pas Jackie qui veut ) Il serait celui qui met ENFIN la France « En Marche » comme si elle était immobile (tout ceux qui y travaillent et subissent le quotidien apprécieront) et pourrait à lui seul rajeunir une classe politique essoufflée mais prête au besoin à se rallier ? Même des anciens de parti dit « socialiste » s’entraînent à marcher !
Allons la ficelle est un peu grosse !
Ou comment la radicalisation des élites tend à conduire à un fascisme méritocratique.
Pour cette caste technocratique décomplexée rien n'est plus interdit. Reste alors pour elle à se poser la limite de Démocratie qu'elle acceptera encore de respecter. En effet pour les Élites, la Démocratie, celle qui autorise encore une possible résistance, ne va plus de soi... Elle était utile tant qu'elle correspondait aux attentes de la caste . Est-il besoin de rappeler l'épisode référendaire de 2005 pour s'en convaincre?
Aujourd'hui il semble que la "masse", c'est à dire ce qui en démocratie devrait constituer la classe dirigeant car la plus nombreuse, ne veuille plus vraiment jouer à ce jeu. Une bonne part s'en irait vers ce que les media nomment populisme, l'autre, ce qui est bien pire pour ce système laborieusement mis en place, vers l’indifférence. Les chiens de gardes médiatiques hurlent au loup, dénoncent la violence, pointent du doigt le populisme comme une maladie honteuse et dénoncent toute forme de résistance systématiquement criminalisée ou injustifiable. Ces laquais serviles chargés, à longueur d'"info continue" ou de leur rituelles "messes" télévisuelles, sont mobilisés pour tenter à tout pris, y compris de mensonges les plus énormes de persuader ou convaincre. Ils ne ménagent pas leurs efforts pour orienter, influencer, manipuler, tromper au besoin la masse sous le couvert de ce qu'ils nomment partout à longueur de colonne; décryptage. Il s'agit de mentir, mentir encore, mentir toujours pour qu'au final mensonge et vérité n'aient plus aucun sens. Pire il s'agit maintenant d'obtenir en prime la contrition, de la repentance. « Regrettez-vous les violence », «Dénoncez-vous les violences », « Vous repentez-vous des violences » ? A ceux là il convient d'ajouter la caste des "spécialistologues" auto diplômés, Cette geste de cons-sultants qui finissent par nous renvoyer à notre méprisable médiocrité humaine juste bons à produire, se taire et mourir vite !
Enfin, là où la pédagogie et le contrition ne suffisent plus ils envoient leur troupe et imaginent de nouvelles formes de contention !
Alors oui, cette caste des Élites est séduite, sans encore oser le proclamer, par une idéologie d'un pouvoir totalement et sans réserve fait pour une caste supérieure. Une nouvelle forme de fascisme qui ne dit pas son nom se met en place. Celle d'une élite aussi pure de raison que d'autres par le passé ont pu être de race ou de religion, prête à tout pour garantir ses résultats économique, comme d'autres ont pu l'être dans leurs pratiques politiques ou militaires ou dans l'organisation scientifique de crimes de masses. Le seul sens restant étant celui du Pouvoir à tout prix.Les Elites osent tout pour être reconnues.
Le rêve Macron pour qui ?
Évidemment pour toutes ceux qui partagent cette nouvelle forme de justification de l'ordre « En Marche », les libéraux qui y voient un guide séduisant, mais aussi pour les déçus de la sociale démocratie, les cocus d'un rêve militant, les pressés de l'urgence à faire « bouger les lignes », Ah que j'aime cette expression, les. Pour ceux qui rêve d'une marche (que certains ont pu aimer Grande par le passé), qui ne possèdent au fond qu'une seule véritable ambition : Mettre en marche leur conquête de plus de pouvoir pour « libérer » demain ce qu'ils aiment par dessus tout ; le pouvoir et le profit en rognant jour après jour ce qui faisant de ce pays une exception forte voire un modèle : Une société solidaire.